R.p.d.h (Rencontre pour la paix et les droits de l’homme)
Réfléchir aux options alternatives au pétrole, une urgence pour le Congo
Qu’adviendrait-il de l’économie congolaise, après épuisement ou abandon du pétrole dont elle est fortement dépendante? Plus qu’une simple interrogation, c’est plutôt une invite à de profondes réflexions et à des actions concrètes que la R.p.d.h (Rencontre pour la paix et les droits de l’homme) adresse aux parties prenantes du secteur de l’extraction des ressources naturelles (hydrocarbures, mines et bois), sans distinction aucune. L’O.n.g est déjà vent debout sur le terrain de la sensibilisation, sur la nécessité de préparer l’après-pétrole.
Banga-Cayo, Tchiminzi, Tchitanzi, Bondi, Pointe-Indienne, Tchicanou… Une délégation de la R.p.d.h a sillonné, entre fin avril et début mai, ces villages du littoral congolais, dans le Département du Kouilou, dans le cadre du Projet intitulé, «Préparer l’après pétrole au Congo» (Papco). Objectif principal: «Promouvoir une transition énergétique juste et équitable au Congo, en réduisant la dépendance au pétrole et en favorisant le développement des secteurs économiques alternatifs respectueux de l’environnement». La première descente avait eu lieu du 18 au 21 mars dernier. Accompagnés d’Éric Bisil, consultant venu du Cameroun pour réaliser une étude sur la transition énergétique au Congo, Franck Loufoua-Bessi et Cyril Ndembi Traoré de la R.p.d.h partagent et expliquent aux interlocuteurs rencontrés pendant la campagne de sensibilisation et de mobilisation, les tenants et aboutissants de ce projet.

Depuis la mise en exploitation, à la fin des années 60, des premiers gisements à la Pointe-Indienne, dans l’actuel District de Loango, à quelque 15 kilomètres de Pointe-Noire, le pétrole a pris le dessus sur le bois, comme source de revenus et s’est imposé comme moteur de l’économie congolaise, avec une contribution au budget national estimée à plus de 80%. Cette forte dépendance au pétrole explique qu’à la moindre baisse des cours de l’or noir sur le marché mondial, l’économie congolaise vacille, dégringole et plonge dans une terrible crise aux conséquences socio-économiques et politiques désastreuses.
Des booms aux crises
Salaires impayés (cas des personnels des collectivités locales), arriérés de pensions, services publics à l’arrêt (cas de la société des transports publics en commun), chantiers publics arrêtés (cas des travaux de construction des hôpitaux généraux)… Un état de fait symptomatique d’une économie congolaise malade depuis la chute des cours du pétrole en 2014. Malgré la remontée des prix du baril, consécutive à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, la situation économique nationale demeure préoccupante.
Ce cas de figure n’est pas le premier du genre au Congo. Dans le mitan des années 80, le pays, après un boom pétrolier marqué par la construction de plusieurs infrastructures de grande envergure à travers le Plan quinquennal, connaîtra l’une des pires dépressions économiques de son histoire, du fait de la baisse des prix des matières premières sur le marché international.

Pire encore, l’exploitation pétrolière n’a eu qu’un très faible impact positif sur les communautés, au point d’enterrer l’espoir de lendemains meilleurs promis dès le début des opérations pétrolières. «Je suis né en 1950 et j’ai vu toutes les sociétés qui se sont implantées ici, de l’exploration à l’exploitation et jusqu’aujourd’hui. Mais, nous à Loango, nous n’avons fait que broyer du noir durant ces cinquante dernières années: pollution, chômage… L’activité pétrolière ne nous jamais aidé à améliorer nos conditions de vie», déplore par exemple Taty-Pemba du village Pointe-Indienne, dans le District de Loango.
Pourtant, bien auparavant, des alertes étaient émises autant par les gouvernants que d’autres acteurs. C’est le cas du musicien Mangoungou Clay qui, bien qu’ayant mis son talent au service du parti unique de l’époque, n’hésita pas à dire haut et fort ce que bien d’experts redoutaient déjà tout bas, dans sa chanson «To kanissa après pétrole» (réfléchissons à l’après pétrole, en lingala).
Alertes presque ignorées par tout le monde, enivré par l’argent facile du pétrole, tout aussi présenté comme la manne pétrolière avec toutes ses illusions. Au point qu’aujourd’hui, les mêmes causes ont fini par engendrer les mêmes effets. Et si l’heure n’est plus aux récriminations ni à la répartition des torts, il est grand temps de revenir aux fondamentaux des années 60, quand les autorités de l’époque faisaient feu de tout bois pour diversifier l’économie nationale.
Par la mise en place d’institutions telles que la Direction générale de la diversification de l’économie et en adhérant à des mécanismes internationaux comme l’Accord de Paris visant à maintenir la température à moins de deux degrés, l’État congolais tient aujourd’hui à réduire, de manière significative, l’enclavement de son économie dans le secteur extractif en général et pétrolier en particulier.
Ne pas exclure les parties prenantes








