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RD Congo : La Monusco dans la tourmente, après un incident sanglant à Kasindi

La Monusco (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo) se retrouve dans la tourmente, après un incident sanglant, au poste-frontière de Kasindi, situé à la frontière avec l’Ouganda. En effet, dimanche 31 juillet 2022, des militaires de la Brigade d’intervention de la Monusco, de retour de congés, ont forcé le passage au poste-frontière, dans le territoire de Beni, en tirant en direction des personnes présentes sur les lieux, faisant trois morts et 15 autres blessés.

Le grave incident sanglant est intervenu une semaine après des manifestations meurtrières faites par des Congolais dans plusieurs villes de l’Est du pays, pour réclamer le départ des soldats des Nations unies accusés d’inefficacité dans la lutte contre les groupes armés. Au total, 22 personnes, dont trois casques bleus, ont été tuées et plusieurs manifestants blessés.

Les populations, principales des groupes armés à l’Est de la RDC.
Les populations, principales des groupes armés à l’Est de la RDC.

Dans un contexte de vive tension, la tuerie du poste-frontière de Kasindi, par des soldats de maintien de la paix, est inqualifiable et incompréhensible. C’est un acte gratuit qui ternit outrageusement l’image de la Monusco, dont les Congolais des provinces de l’Est en proie aux attaques des groupes armés, souhaitent de plus en plus le départ.
La cheffe de la Monusco, la Guinéenne Bintou Keita, s’est dite «profondément choquée et consternée par ce grave incident», selon un communiqué publié par la mission, après cet incident. «Face à ce comportement inqualifiable et irresponsable, les auteurs de la fusillade ont été identifiés et mis aux arrêts, en attendant les conclusions de l’enquête qui a d’ores et déjà commencé, en collaboration avec les autorités congolaises», précise le communiqué de la Monusco. «Des contacts ont été établis avec le pays d’origine de ces militaires, pour qu’une procédure judiciaire soit initiée urgemment afin que des sanctions exemplaires soient prises dans les meilleurs délais», poursuit le texte.
Toujours selon le communiqué de presse, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies a, quant à lui, souligné «avec la plus grande fermeté», la nécessité d’établir la responsabilité sur ces événements, en approuvant «la mise en détention du personnel militaire mis en cause dans cet incident et l’ouverture immédiate d’une enquête».
Cet incident malheureux a fragilisé de plus bel l’image de la Monusco en RD Congo. Dans les localités de Beni (Ituri), Goma et Butembo (Nord-Kivu), deux provinces en état de siège depuis le 6 mai 2021, l’hostilité contre la Monusco est grandissante et les populations réclament le départ de la force onusienne. Créée depuis 1999 et devenue Monusco le 1er juillet 2010, la mission des Nations unies en RD Congo a atteint les 23 mille personnes en 2012, pour un budget annuel de 1,5 milliard de dollars américains. Le 18 mai 2022, le porte-parole de la Monusco, Mathias Gillmann, résumait, sur la voix de l’Allemagne, la situation de la mission onusienne en ces termes: «En vingt ans, nous avons progressivement retiré toutes nos troupes et notre présence de la plus grande partie du pays. Notre présence est maintenant limitée sur les trois provinces où effectivement, il y a encore du travail à faire, où le conflit est le plus complexe, où les problèmes sont à la fois tribaux, liés à l’implication des groupes étrangers, des Maï Maï et à des problèmes de restauration de l’autorité de l’Etat. Nous avons encore beaucoup de travail à faire au Nord-Kivu, Sud-Kivu et en Ituri. Mais nous avons progressivement ramené la stabilité dans la totalité du pays. Ce n’est pas notre réussite, c’est la réussite des Congolais avec notre soutien».
Aujourd’hui, les soldats de la paix sont de plus en plus contestés. Le 20 décembre 2021, le Conseil de sécurité a prolongé à l’unanimité, à l’initiative de la France, le mandat de la Monusco pour un an, avec 14.000 militaires et 2.000 policiers, concentrés dans les trois provinces citées. Dans les conditions actuelles, on ne voit pas comment cette force de maintien de la paix pourra encore voir son mandat être renouvelé. Il faut passer à autre chose, pour ramener la paix à l’Est de la RD Congo.

Jean-Clotaire DIATOU

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