Le Président de la RD Congo, Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo, avait prévu de réunir à Kinshasa, le vendredi 25 août 2023, ses homologues brésilien, Lula Da Silva, et indonésien, Joko Widodo, pour le premier sommet des pays des trois principaux bassins forestiers tropicaux du monde, à savoir l’Amazonie, le Congo et le Bornéo-Mékong. Ce sommet devrait faire suite à «l’alliance trilatérale pour la coopération sur les forêts tropicales et l’action climatique», créée en novembre 2022, en marge de la Cop-27 tenue à Charm el-Cheikh, en Egypte. Il a été finalement annulé, en raison des calendriers trop chargés des Chefs d’Etat du Brésil et de l’Indonésie.
Les trois Chefs d’Etat ont prévu finalement de se rencontrer à d’autres occasions, notamment à Brazzaville, en octobre prochain, lors du sommet sur les trois bassins forestiers tropicaux du monde et de la Cop 28 qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre 2023, à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis.
Il est clair que l’annulation du sommet trilatéral de Kinshasa a donné plus de chance de réussite au rendez-vous de Brazzaville, étant donné le rapprochement des agendas. Il n’était pas évident de voir les Présidents brésilien et indonésien venir en Afrique centrale à deux reprises en moins de deux mois.
Prévu du jeudi 26 au samedi 28 octobre 2023, à Brazzaville, le sommet des trois plus grands bassins forestiers tropicaux du monde se tiendra pratiquement un mois avant la Cop 28 de Dubaï. Ce qui en fait un rendez-vous stratégique pour les pays concernés, qui ont là l’occasion de peaufiner la stratégie à déployer à la Cop 28.
Pour le Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, Président de la Commission climat du Bassin du Congo, le principal objectif du sommet de Brazzaville est de «créer une organisation solide et crédible des trois bassins forestiers tropicaux». «Une organisation pérenne qui jouera un rôle déterminant dans la préparation des grandes échéances internationales sur le climat. Elle nous permettra de mieux défendre les intérêts de nos trois bassins et de valoriser leur potentiel». C’est ce qu’il a affirmé début août dernier à Belém, au Brésil, où il était invité au sommet de l’Amazonie tenu du 8 au 9 août dernier.
Selon l’A.t.i.b.t (Association technique internationale des bois tropicaux), «ce sommet pour la préservation et la restauration des trois poumons verts de la planète repose sur les trois objectifs suivants:
– promouvoir la coopération scientifique et technique, renforcer les capacités et accroître l’influence dans les forums multilatéraux en faveur de la défense de l’environnement;
– établir une gouvernance mondiale efficace pour gérer les défis environnementaux et climatiques à l’échelle planétaire;
– élaborer une stratégie commune visant à stimuler les projets d’investissement pour lutter contre le changement climatique et préserver la biodiversité.
Il s’organisera autour de trois sessions: une session technique, le 26 octobre; une session ministérielle, le 27 octobre, et une session de haut-niveau le 28 octobre. La question de la gouvernance régionale et mondiale, les plans d’investissement intégrés, les mécanismes financiers, le marché du carbone et la coopération scientifique constitueront les principaux axes de réflexion».
Enfin, ce sommet est le deuxième que Brazzaville va abriter. Le premier eut lieu du 31 mai au 3 juin 2011 et avait abouti à ce qui est appelé la «déclaration de Brazzaville» sur 13 points, dans laquelle les pays «conviennent de poursuivre les consultations étroites et de mettre en avant leur intérêt commun dans le cadre de différents forums multilatéraux», «d’adopter des mesures concrètes pour promouvoir le dialogue et la coopération entre leurs pays» et «reconnaissent la nécessité de mettre en place une plate-forme de promotion de la coopération entre les pays des trois bassins forestiers». Malheureusement, la déclaration de Brazzaville tombera dans les oubliettes sans indigner ses auteurs. Avec le prochain sommet, c’est la deuxième chance pour concrétiser le combat sur la préservation des poumons forestiers tropicaux de la planète, en cherchant à obtenir les contre-parties que le monde leur promet.
Jean-Clotaire DIATOU