La mutinerie de 24 heures menée par Ivgueni Prigojine, le chef de la milice privée Wagner en Russie, du vendredi au samedi 24 juin dernier est l’événement phare qui, ces derniers temps, a détourné les projecteurs de l’actualité de la guerre en Ukraine, pour les braquer sur la Russie. Depuis que le Président russe, Vladimir Poutine, a lancé son opération militaire spéciale sur son voisin, l’Ukraine, le 24 février 2022, il s’est lui-même retrouvé au cœur de la tempête. Son pouvoir était menacé de renversement. On a parlé de coup d’Etat.
Engagé au mépris du droit international, cette fameuse opération militaire spéciale, qui consistait à vouloir faire rentrer de force l’Ukraine dans le giron des Etats vassalisés de la Russie, constitue aujourd’hui une menace pour la stabilité de la Russie elle-même. En cherchant à «démilitariser et dénazifier» l’Ukraine, par l’occupation de son territoire et le renversement de son régime démocratiquement établi, Vladimir Poutine a en effet semé le vent qui, en retour, atteint son propre pays. Evgueni Prigojine, son mercenaire attitré, a failli porter la guerre en terre russe, révolté qu’il est contre le ministre de la défense, le général Sergueï Choïgou, et le chef d’Etat-major général de l’armée fédérale russe, le général Valeri V. Guerrassimov.
Même si le patron de Wagner s’est ravisé, pour ne pas porter la responsabilité de verser le sang des Russes par des Russes, cette bravade armée en terre russe a porté un coup dur à l’image du Kremlin. La guerre civile a été évitée à Moscou grâce à la médiation du Président bélarusse, Alexandre Lukachenko, un protégé de Vladimir Poutine. Mais, le bilan de cette «marche de la justice», comme Prigojine l’appelle, est tout de même saisissant: trois hélicoptères et un avion abattus, en plus d’une dizaine de morts.
Qui sème le vent récolte la tempête,dit l’adage. La guerre d’agression contre l’Ukraine va beaucoup peser sur la situation interne de la Russie. Si Poutine subit, aujourd’hui, un tel contre-coup, c’est que derrière l’Ukraine, il y a les Etats-Unis et leurs alliés européens, regroupés au sein de l’Otan. D’un côté, de sévères sanctions économiques contre la Russie, et de l’autre, une aide militaire massive mais bien mesurée à l’Ukraine, le régime de Poutine aura de plus en plus de mal à tenir. Excepté l’armement nucléaire, en conventionnel, l’armée russe perd de plus en plus de sa superbe, après ce qu’on voit de son aventure en Ukraine.
Le revers de Vladimir Poutine n’est pas militaire. Il est politique et diplomatique. Dans ce monde du 21ème siècle, les relations internationales obéissent de plus en plus au droit et au sens de justice sociale. Agir par la seule force militaire, c’est se condamner soi-même. Il faudrait au Président russe repartir sur le terrain diplomatique international, s’il veut sortir du bourbier ukrainien.
L’HORIZON AFRICAIN