Avec le temps qui passe, il n’est plus question, aujourd’hui, d’appeler nos aînés, «vieux». Car, on ne vieillit plus de la même manière. Il y a un mot plus «sympa» pour appeler les soixantenaires et les septuagénaires. C’est le mot sénior. Il est à la fois positif et rassurant. Car, nos aînés se considèrent, parfois, dans leur tête, comme des jeunes, tant leur âge physiologique les maintient dans une certaine fraîcheur physique.
Hier, on classait les âges en trois catégories principalement: l’enfance, la jeunesse et la vieillesse qui commençait à partir de 55 ans. C’était l’âge du départ à la retraite. On rentrait dans le troisième âge et donc, prêt à être considéré comme vieux. Il est vrai que l’âge physiologique s’y prêtait, car on commençait à avoir des rides au visage et pour les hommes, la calvitie et les cheveux blanc sonnaient à la porte.
Mais, en ce début du 21ème siècle, les choses ont bien évolué, grâce à l’espérance de vie plus longue. La classification arbitraire de l’époque ne correspond plus à la réalité, à cause de la reconnaissance de l’adolescence qui s’est intercalée entre l’enfance et la jeunesse. L’adolescence, comprise entre 10 et 19 ans, est devenue une catégorie d’âge qu’il faut prendre spécifiquement et qu’il n’est pas à confondre avec la jeunesse. C’est une phase de la vie bien identifiable et qui a ses exigences singulières. Elle voit l’apparition d’une puberté physiologiquement normale et sa fin peut parfois déborder au-delà des 19 ans.
Survient la jeunesse après l’adolescence, quoique parfois les deux catégories d’âge se confondent. «La jeunesse est l’aspect social de l’adolescence, elle se définit par opposition à la génération parvenue à la pleine maturité, elle est le moment du développement où l’être, mis en possession de tous ses moyens, presse ses devanciers de son élan enthousiaste et impatient, pour se faire une place au soleil», comme l’écrit Maurice Debesse, dans son ouvrage «Adolescence», paru aux Presses universitaire de France, en janvier 1943.
Chez nous, la jeunesse court de 18 à 35 ans. Mais, on va parfois jusqu’à 45 ans et l’on parlera de jeunes adultes. En principe, de 36 ans à 59 ans, on a affaire à des adultes. De plus en plus, ceux-ci se considèrent encore parfois comme des jeunes et donc des jeunes adultes.
L’apparition des séniors, la classe d’âge entre 55 et 64 ans, est le fait du marché de l’emploi. Dans l’entreprise, le senior est l’employé plus âgé et expérimenté, en opposition au junior qui désigne une personne fraîchement recrutée et n’ayant pas encore d’expérience professionnelle prouvée. La classification dépend aussi des domaines professionnels. Dans le domaine du sport, les séniors sont ceux qui sont plus âgés que les juniors, généralement entre 24 et 36 ans.
Bref, le terme sénior est venu nous délivrer de l’emploi des expressions qui suscitaient un certain pessimisme comme «personne âgée», «troisième âge», «grand âge», «vieux, vieille». Or, l’emploi de sénior signifie que la personne est âgée mais encore active. Avoir 60 ans, c’est l’âge du dynamisme. Ça ne fait plus vieux. En effet, entre 60 et 70 ans, beaucoup de gens sont encore actifs. Même quand la retraite a sonné, on se convertit à une autre activité ou on poursuit son activité professionnelle, mais à titre personnel ou dans un cadre privé.
Les sociologues considèrent qu’être senior dépend aussi de son entourage. Lorsqu’on reste parmi les personnes de même génération, on ne sera pas désigné comme sénior. Mais, un adolescent de 15 ans par exemple va appeler sénior un adulte de 42 ans. C’est autant dire qu’être senior dépend de son propre ressenti et du milieu social dans lequel on est souvent. En fonction de sa situation professionnelle, de son mode de vie, de son état d’esprit, de son état de santé, de son dynamisme et de sa sensibilité, une personne de plus de 60 ans peut s’identifier ou non à la catégorie des seniors.
Urbain NZABANI