Denis Sassou-Nguesso «exige des résultats plus éloquents» au niveau de la justice
Placée sous le très haut patronage du Président de la République, Président du C.s.m (Conseil supérieur de la magistrature), la deuxième audience solennelle marquant la rentrée judiciaire de la Cour suprême pour l’année 2025 s’est tenue le vendredi 28 février 2025, au Palais des congrès de Brazzaville. A cette occasion, le premier président de la plus haute juridiction du Congo, Henri Bouka, a affirmé que «la justice congolaise se porte mieux et elle est sur le bon chemin». Mais, ne se contentant pas de cet optimisme, le Chef de l’Etat, Denis Sassou-Nguesso, fidèle à la grande valeur qu’il attache à la justice congolaise, exige «des résultats plus éloquents» dans les cours et tribunaux. C’est clair, les magistrats sont invités à traduire dans le concret, les engagements annoncés pendant les cérémonies de rentrée judiciaire.
Comme l’année dernière, la rentrée judiciaire de la Cour suprême a été marquée, cette année, par la présence du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, en sa qualité de Président du C.s.m. Histoire pour lui de montrer le chemin qu’il juge honorable à l’évolution de la justice de son pays.
Une vue de la cérémonie de rentrée judiciaire de la Cour suprême
Ouvrant l’audience solennelle de rentrée judiciaire, la deuxième du genre après 63 ans d’existence de la Cour suprême, devant le Président de la République et l’ensemble du corps judiciaire national, venus des quatre coins du Congo, Henri Bouka a exprimé sa gratitude et sa reconnaissance aux personnalités présentes à cette cérémonie dont le Premier ministre chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, le garde des sceaux ministre de la justice, Aimé Wilfried Bininga, les représentants des institutions constitutionnelles, les parlementaires notamment les présidents des deux chambres du parlement, Pierre Ngolo, président du sénat, et Isidore Mvouba, président de l’assemblée nationale, le chef de file de l’opposition politique, Pascal Tsaty Mbiala.
Il s’agit, pour lui, d’un acte qui témoigne de l’expression de la démocratie, «une expression sans cesse renouvelée», a-t-il dit, en remerciant le Président de la République pour son «attachement au fonctionnement adéquat des cours et tribunaux»du pays et en soulignant les efforts du ministre de la justice dans la mise en œuvre des reformes, pour une justice plus efficace. Il a appelé les magistrats «à exercer de manière idoine leurs fonctions», pour que la justice soit «un vecteur de paix, de tranquillité et de sécurité juridique, qu’elle rassure, convainque et protège».
Le Président Sassou-Nguesso, s’adressant à l’audience de la rentrée judiciaire de la Cour suprêmeDes magistrats de la Cour suprême
Henri Bouka est rassuré de voir que «la justice congolaise, sur divers et multiples aspects, se porte mieux, elle est sur le bon chemin. Ce qui sous-entend, naturellement, qu’elle doit continuer à travailler, pour convaincre et rassurer et ainsi être lavée de toutes les épithètes dont-on l’accable souvent». Aussi, affirme-t-il, que «les délais de jugement s’améliorent de manière significative». Pour preuves, durant l’année 2024, les cours d’appel ont rendu au total 1.340 arrêts, les tribunaux de grande instance, notamment ceux de Brazzaville et Pointe-Noire, 3.159 jugements; les tribunaux de travail de Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie ont quant eux rendu 484 jugements, etc. Pour cela, le premier président de la Cour suprême a exhorté le corps judiciaire à «un travail acharné, lequel constitue une directive permanente». Il a, par ailleurs, sollicité la construction de nouvelles salles d’audience et des lieux d’enfermement à Pointe-Noire comme à Brazzaville.
Le premier président de la Cour suprême, Henri Bouka
Pour 2025, Henri Bouka s’est engagé à relever un défi, celui de «juger dans les délais raisonnables». Et ce pari vaut pour toutes les cours et tribunaux de la République. Il s’agit aussi de «maximiser le nombre total des affaires jugées, d’une année à une autre».
Dans sa plaidoirie, le bâtonnier de l’Ordre national des avocats, maître Eric Locko, s’est appesanti entre autres, sur la mise en exergue d’une justice impartiale et rigoureuse, qui contribuera à l’amélioration du climat des affaires. «Renforcer la sécurité juridique, c’est ouvrir les portes de la prospérité», a-t-il souligné. Et d’ajouter: «La stabilité de notre société et la confiance des investisseurs, piliers essentiels de tout climat des affaires prospère, dépendent étroitement de la qualité et de la prévisibilité de notre justice», a-t-il dit.
Tout en appelant ses collègues à veiller «à ce que la justice et le droit soient au service de tous», Eric Locko a par ailleurs, exhorté les avocats à participer activement à la reforme législative et à embrasser pleinement les outils du numérique «pour plus de transparence, de rapidité et d’efficacité». De son côté, le procureur général près la Cour suprême, Théophile Mbitsi, a rassuré que «la nouvelle gouvernance judiciaire poursuit sa marche historique et glorieuse» au Congo».
Le procureur général Théophile Mbitsi
A cette audience, la parole tant attendue était celle du Président de la République. L’aréopage des magistrats et les personnalités invitées avaient toute oreille dressée pour suivre le numéro un congolais. Son discours de l’année dernière avait tellement frappé les esprits. Qu’allait-t-il dire cette fois-ci sur la justice? Dans son message dit d’orientation, Denis Sassou-Nguesso a tout d’abord salué la tenue de cette nouvelle audience solennelle qui, dit-il, est l’expression d’une «volonté partagée de promouvoir une justice plus juste, plus équitable plus respectueuse de nos lois». Et cela, permet de construire «la confiance entre la justice et le justiciable». Aussi a-t-il loué les efforts consentis et les avancées réalisées, dans le cadre de la mise en œuvre des «orientations cardinales» édictées lors de la première rentrée judiciaire, le 15 janvier 2024. Pour lui, «toute reforme engagée vise la recherche de l’efficacité». Et d’ajouter que «le juge ne doit pas jouer à l’araignée qui tisse sa toile pour arrêter les autres insectes en s’épargnant elle-même. Le magistrat doit se sentir concerné ou inquiété, lorsqu’il fait un faux pas ou se retrouve en conflit avec la loi».
Ensuite, le Chef de l’Etat a exigé à l’ensemble des cours et tribunaux «des résultats plus éloquents», avant de leur souhaiter «plein succès» dans l’accomplissement de leurs missions en 2025, «afin que le bilan global de votre action donne la pleine mesure de ce que les efforts consentis cette année aboutissent aux résultats espérés et attendus».
Les orientations du Président du C.s.m sont tombées sur des oreilles attentives. «Je déclare avoir pris bonne note de vos orientations», c’est par ces mots que Henri Bouka a clos la deuxième audience solennelle de la rentrée judiciaire de la plus haute juridiction du Congo.
Comme quoi le Congo bouge, à son rythme, mais c’est sûr qu’avec le Président Denis Sassou-Nguesso, le Congo n’entend pas être le paradis des antivaleurs. Raison pour laquelle il pointe si fortement sur la justice appelée à se transformer.
Hervé EKIRONO Journaliste reporter à L’Horizon Africain