Dans son ouvrage publié en 1670, le philosophe Baruch Spinoza soutenait comme prémisses de ses théories que la liberté des individus formait la base de la constitution des Etats. Et à l’avenant, l’Etat devait avoir pour objectif de sauvegarder la liberté de ses sujets, car, en l’aliénant, il se détruit lui-même. Le témoignage de ce philosophe néerlandais dénote que l’on accepte, de façon générale, dans tous les milieux politiques, économiques et sociaux, les principes et les valeurs qui doivent contribuer tout particulièrement à la réorganisation de la société.

Dès sa libération, Nelson Mandela a fait passer un message on ne peut plus important: «Ma plus grande tâche, en tant que premier Président d’Afrique du Sud démocratiquement élu, est d’être un père pour mon peuple, de réunir en une seule et même Nation un pays hétérogène meurtri par les conflits…». Pour analyser la libération de l’Afrique du Sud, Mandela s’est appuyé sur son séjour à la prison de Robben Island. Le compromis, au sens le plus large du terme, s’est défini comme le fait de reconnaître, à chacun, le droit à la liberté. Choisir la vie que l’on veut, c’est la marque du citoyen. Selon Barack Obama, la vie de Mandela nous enseigne que l’impossible peut se réaliser.
Dans les années 1958-1960, sous les auspices des pères fondateurs, le territoire du Moyen-Congo venait d’acquérir la seconde civilisation: la République et l’indépendance. Les mouvements paysans en direction de Brazzaville illustrèrent cet élan nationaliste qui se rattache au changement. Le colonialisme a élargi plutôt que restreint la vision que le Congolais nouveau avait d’autrui. De même, il a ouvert les yeux et l’esprit. La réforme était donc devenue socialement tolérante: lucidité et responsabilité étaient alors les mots d’ordre. La plupart des hommes donnaient un sens à leur existence. C’est justement cette existence qui provoque quelquefois la concertation, la raillerie.
En 1958, les pères fondateurs se sont bien emmitouflés dans la redingote des nouvelles mœurs et lois. La solitude du pouvoir, la liberté et la responsabilité envisagées, telles semblaient être les positions fondamentales de la politique qui, entre 1958 et 1963, fit de Fulbert Youlou, de Jacques Opangault et Félix Tchicaya des leaders charismatiques. «Ces trois figures furent donc ce qu’il est convenu d’appeler les premiers leaders politiques congolais à se lancer dans la politique, dans cette bataille que Jérôme Ollandet assimilait si bien à une partie de chasse aux fauves que seuls quelques braves gens entrainés par un idéal indéfini osaient entreprendre» (J.M Melphon Kamba).
Après les trois ans de pouvoirs de Fulbert Youlou; les cinq ans de Massamba-Débat; les neuf ans de Ngouabi; les deux ans de Joachim Yhombi Opangault; les cinq ans de Lissouba; les trente-huit ans de Denis Sassou-Nguesso, la valeur de la vie congolaise est devenue un effort discontinu. Cet effort, les acteurs politiques le rendent difficilement visible. On est passé du signal lumineux au signal ténébreux, difficile à comprendre. Trop d’affaires ténébreuses, difficiles à déverrouiller.
En 1991, le peuple avait refusé moralement sa classe politique qui avait voulu l’enfermer dans le mythe marxiste. La fin du XXème siècle s’était caractérisée par le fait que les idéologies toutes faites cessèrent d’expliquer et de diriger les lignes maîtresses de la politique: l’homme est libre et responsable. Les grandes doctrines du progrès qui portaient dans leur mouvement un Karl Marx ou un Victor Hugo ont perdu leur efficacité. Et pourtant, dans sa responsabilité, Victor Hugo, en plein siècle des Lumières, répond aux questions qui constituaient le brûlot de l’époque. Démontant un à un les rouages du discours esclavagiste, Condorcet a amorcé le combat pour l’abolition de l’esclavage.
La politique, qui est un moyen pour organiser la vie collective, est une affaire trop sérieuse pour la laisser entre les mains de ceux qui ne portent le costume des mœurs, de la morale et de la responsabilité. En effet, que ça soit dans la culture traditionnelle ou dans la politique moderne, le commandement politique se fait par le respect de la loi, des principes et des valeurs. Ainsi privé du secours de la lucidité, on devient ce héros vieilli de Gide qui, à force de se dégager des morales et des mœurs, il s’est trouvé sans aliment pour vivre.
C’est là le vide qui guette la génération future. C’est pourquoi la pensée politique est vouée à la recherche permanente d’une conciliation entre autorité et liberté. Le vivre-ensemble ne peut être né que sous l’invocation des idées conciliatrices. Marx affirme la nature sociale de l’homme, même si cette sociabilité est vouée à des contradictions qui se dénouent dans des résolutions et produisent de nouvelles formations sociales. En tant qu’être social, l’homme vit en société et donc il est promoteur d’ensembles plus ou moins hiérarchisés.
Pour des millions de Congolais, cette organisation signifie l’école, la santé, le chômage, la sécurité sociale. Les incantations des démagogues créent la précarité ou même de l’invisibilité dans le pays. S’il faut repenser aujourd’hui la pensée politique, c’est parce que l’économie est en crise, mais aussi parce que, comme on le voit, les institutions politiques, colonnes de la démocratie, sont en crise. Il faut redonner des réponses humanisées. Les dirigeants ne pouvant plus s’appuyer sur ses réponses font une erreur de l’esprit. Les régimes qui font le choix politique de l’homme fort à la place des institutions fortes font du pays le contre-sens de la vie. Selon Jean-Paul Sartre, «le propre de l’existence humaine est de créer le sens de la vie…».
Cette vie, elle doit se renouveler et être assumée. Ensemble, il faut imprimer en douceur, un mouvement de bascule à faire du bien. Cette harmonie peut augurer de l’avenir de la démocratie. Cette méthode, partout où elle a été pratiquée, a toujours été bénéfique dans l’intérêt des peuples. Elle fait preuve de lucidité qui aide à l’émancipation des citoyens.

Joseph BADILA

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