«Rescue me, take me in your arms» (Sauve-moi, prend-moi dans tes bras). C’est la complainte d’une femme. Mais, ça pourrait être la complainte d’une Nation rongée par l’abandon de ses élites qui, pourtant, ont la charge de la chérir, de la cajoler, de la rendre heureuse; elle et sa population, qui souffrent de paupérisation.
On ne sauve une Nation qu’en changeant de perspective. Et, changer de perspective, lorsque la Nation est en faillite, c’est par exemple, lui restituer, d’une manière ou d’une autre, ce qu’on lui a pris illégitimement. On ne peut oublier la Nation qui a bercé son enfance, en restant sourd à ses difficultés, alors que l’on sait consciemment que l’on en porte une part de responsabilité.
Changer de perspective, c’est avoir des remords, c’est-à-dire, dans le cas qui nous préoccupe, demander pardon au peuple pour les contreperformances économiques et sociales, pour les prédations sur la richesse nationale, pour la captation de l’Etat.
Changer de perspective, c’est surtout revoir la conscience morale dans la gestion de la chose publique; c’est changer notre rapport à l’argent mal acquis, c’est changer notre manière de vivre en communauté nationale, c’est être moralement capable de restituer ce qui a été indûment soustrait à la communauté. Dans les moments difficiles, il faut moralement admettre que des actions doivent être volontairement engagées pour discriminer entre le bien et le mal.
Lorsque le peuple dit aux gouvernants, «Sauve-moi», ceux-ci doivent comprendre, au fond de leur conscience, qu’ils ont enfreint une loi naturelle, celle de faire le bien et d’éviter le mal. Pour sauver la Nation aujourd’hui, il faut être capable de valoriser la conscience morale dans la gestion des affaires publiques.
Prométhée