Le rendez-vous traditionnel du réveillon d’armes de la Force publique s’est déroulé le 31 décembre 2023, au siège du Ministère de la défense nationale, à Brazzaville, sous le signe du ressaisissement, après le drame du Stade Michel-d’ornano. Dans ses directives pour l’année 2024, le Président de la République, chef suprême des armées, Denis Sassou-Nguesso, accompagné de son épouse, Mme Antoinette, a exigé à la force publique davantage de discipline à tous les niveaux.
Comme à l’accoutumée, l’arrivée du Président de la République, chef suprême des armées, a été suivie par l’exécution de l’hymne national et le passage en revue des troupes de la garnison de Brazzaville, bien rangées dans leurs belles parures. C’était en présence du Premier ministre chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, du ministre de la défense nationale, Charles Richard Mondjo, du chef d’Etat-major général des F.a.c (Forces armées congolaises), le général de division Guy-Blanchard Okoï, accompagnés aussi de leurs épouses.
Les officiers généraux et supérieurs des hauts-commandements des différents corps de la Force publique, les attachés de défense près les ambassadeurs accrédités au Congo, les présidents des commissions défenses et sécurité de l’assemblée nationale et du sénat, etc, étaient de l’assistance.
Le chef suprême des armées a d’abord suivi le compte-rendu des missions qu’il avait assignées à la Force publique pour l’année 2023. Après avoir rendu hommage aux victimes du drame du Stade Michel-d’Onano, le général Okoï s’est appesanti sur le bien-fondé du réveillon d’armes qui est, selon lui, «un moment de communion entre le Président de la République, Chef suprême des armées, et les cadres et agents de la Force publique. Il est aussi un rituel important qui clôture une année d’engagement des personnels de la Force publique et d’effort du gouvernement au service de la Nation et de sa population».
Il a, ensuite, rendu hommage aux anciens de la Force publique, dont le général d’armée Denis Sassou-Nguesso qu’il a qualifié d’«acteur complet et incontesté qui a vu naître la Force publique au lendemain de l’indépendance du Congo». «Cette force publique que vous avez servie au contact des hommes au niveau tactique, opératif et stratégique et vous continuez à le faire comme chef suprême des armées pour lui permettre de garantir l’intégrité du territoire, la souveraineté de la Nation et la quiétude de la population», a-t-il déclaré.
Rappelant les directives réalisées en 2023, il a indiqué que celles-ci étaient consacrées essentiellement au renforcement du processus d’implantation des unités dans les nouvelles casernes, l’éradication du grand banditisme dans les grandes villes. Des missions accomplies! «Au sujet de l’occupation des nouvelles casernes de Ndouo, Case Barnier, la cité de Mont-Mambou, les unités de la 40ème brigade de la zone de défense n°9 y sont désormais installées. Cette phase de sédentarisation est appelée à se consolider avec la prise en compte, par le gouvernement, des travaux d’urgence et de court terme», a-t-il expliqué. Il a évoqué l’implication active de la Force publique dans la campagne de conscientisation des jeunes délinquants, organisée par les autorités administratives. La délinquance en bande est en passe d’être maîtrisée, à Pointe-Noire et Brazzaville, a-t-il fait savoir. Il a bouclé son intervention en présentant les vœux de nouvel an, «au nom de la Force publique et à son nom propre», au Chef suprême des armées, à son épouse, sa famille ainsi qu’à toutes les personnes qui lui sont chères. «Que l’Eternel des armées vous protège et guide votre action», lui a-t-il dit. Il lui a offert un tableau de l’artiste peintre congolais disparu, Marcel Gotène, «pour nous rappeler que cet artiste fécond a contribué au rayonnement culturel du Congo», a-t-il déclaré, avant d’expliquer le sens du tableau qui porte sur l’espoir.
Le moment solennel attendu est l’adresse du Chef suprême des armées à la troupe, pour les nouvelles instructions. Avant cela, Denis Sassou-Nguesso a promis, entre autres, pour 2024, l’opérationnalisation de la Direction centrale du génie civil et de ses bataillons, la mise en œuvre du décret relatif à la répartition des compétences territoriales entre la gendarmerie nationale et les forces de police et le suivi de l’exécution du projet de construction de l’unité de confection textile. Il a rappelé le devoir de loyauté et de fidélité de la Force publique aux institutions de la République et au service de la Nation.
En termes d’instructions, pour la nouvelle année 2024, le Président de la République a exigé, aux cadres et agents de la Force publique, en dehors des missions permanentes, la discipline, rien que la discipline. Car, a-t-il martelé, «la discipline est la force principale des armées». Les malheureux évènements survenus récemment au Stade Michel-d’Ornano de Brazzaville, «ont mis en évidence quelques défaillances qui sont liées à la discipline générale, au manque de rigueur dans l’exécution des directives données par la hiérarchie et même au non-respect de la hiérarchie», a-t-il déploré.
S’agissant de la lutte contre la délinquance juvénile qui met à mal la quiétude des populations dans les grandes villes, Denis Sassou-Nguesso a réaffirmé que «cette mission demeure entière». Il a, pour cela, demandé à la Force publique de poursuivre son travail «avec fermeté et faire en sorte que les jeunes délinquants soient identifiés et que leur formation se fasse dans les centres de rééducation construits par le gouvernement, dans les Départements de la Cuvette et de la Bouenza».
Le Chef de l’Etat n’a pas manqué de fustiger les déviances comportementales de certains agents de la Force publique. «Il a été aussi observé certains comportements déviants de la Force publique, dans le cadre de l’accomplissement des missions de contrôle sur les routes et mêmes dans rues et avenues des grandes villes. Ces comportements déviants sont d’ailleurs décriés par le peuple. La Force publique ne peut pas établir une relation de confiance avec le peuple, si les comportements déviants de certains agents ne sont pas définitivement éradiqués. Le recrutement doit se faire dans l’extrême rigueur. Ne vous laissez pas prendre par tous les comportements de la société, à travers les passe-droits, il n’y a pas de passe-droits», a-t-il déclaré.
Courant 2024, le Président de la République a promis un recrutement «rigoureux» des volontaires dans l’armée. Et que les jeunes qui seront déclarés admis aux concours de la police seront formés selon les règles de l’art, tout en respectant les fondamentaux de la Force publique dans les centres d’instruction. Car, a-t-il poursuivi, «un jeune qui rentre dans un centre d’instruction doit sentir la césure entre la vie qu’il menait en société et celle qu’il s’engage à mener dans un centre d’instruction». Après avoir souhaité bonne et heureuse année 2024 à l’ensemble des agents de la Force publique, le couple présidentiel a serré la main aux cadres et agents présents à la cérémonie, dans une ambiance conviviale.
Hervé EKIRONO