Brazzaville, ville de 2,5 millions d’habitants située à 4 degrés au Sud de l’équateur, à 320 mètres d’altitude (ce qui facilite en principe l’évacuation des eaux de pluie), connaît un climat subtropical, avec une saison sèche allant de juin à septembre et une saison des pluies d’octobre à mai, qui se distingue par deux périodes pluvieuses en novembre-décembre et en mars-avril. Actuellement, on est dans la période pluvieuse de novembre-décembre. Ainsi, les pluies de ces derniers temps provoquent des inondations dans plusieurs quartiers de différents arrondissements. Rues et avenues tout comme des habitations sont parfois transformées en étangs, ruisseaux, lacs ou rivières et les érosions avancent à grands pas.

Les citadins de plusieurs quartiers de la capitale, Brazzaville et de Pointe-Noire ont souvent les pieds dans l’eau, après la pluie. A l’heure des smartphones, beaucoup d’entre eux s’amusent à filmer leurs drames (rues ou maisons inondées) et à partager les images et les vidéos sur les réseaux sociaux.
Il est vrai que le phénomène des inondations n’est pas propre au Congo ni à l’Afrique. Partout, dans le monde, les catastrophes naturelles se manifestent (pluies abondantes, cyclones, tremblement de terre, inondations, glissement ou éboulement de terrain, érosions, sécheresse, fonte des glaces, etc). Elles sont de plus en plus expliquées par les changements climatiques. Si ailleurs, les populations victimes de ces catastrophes naturelles sont assistées, au Congo et dans la plupart des pays africains, elles sont souvent abandonnées à leur triste sort.
Dernièrement, lors d’une séance de questions orales au gouvernement, le Premier ministre chef du gouvernement, Anatole Collinet Makosso, a promis le soutien financier de l’Etat pour y faire face. «La ville de Brazzaville compte plusieurs érosions dont certaines, plus spectaculaires, ont fait l’objet de traitements. A ce jour, elles se trouvent encore être déstabilisées. Parallèlement, d’autres sont en travaux ou en attente de l’être. La loi des finances avait prévu, pour l’exercice 2023, un milliard huit cent millions de francs Cfa, pour le traitement des érosions et glissements de terrain et prévoit au titre du budget 2024, une inscription budgétaire de deux milliards cinq cents millions de francs Cfa, soit une augmentation de sept cents millions de francs Cfa», a-t-il promis.
Brazzaville est une agglomération urbaine construite dans une zone pluvieuse, avec un taux d’humidité moyen de 81% d’hygrométrie. Les précipitations y atteignent 1.345 millimètres par an, un niveau qui signifie qu’elles sont très abondantes. Rien qu’au mois de novembre, elles se situent à 225 millimètres (la hauteur de la quantité d’eau tombée sur une surface d’un mètre-carré). Une agglomération dans une telle zone pluvieuse intègre systématiquement la canalisation et le drainage des eaux de pluie.
Or, de manière générale, les villes congolaises souffrent d’une expansion géographique anarchique et l’urbanisation suit très faiblement. Il est difficile d’exécuter les plans directeurs de développement urbain. Ainsi, la voirie de Brazzaville souffre d’un grand déficit de canalisation des eaux de pluie. Et même quand les canalisations sont construites, elles ne sont pas au niveau de capacité à supporter les périodes de grandes pluies. Les eaux débordent vite et s’accumulent pour provoquer des inondations. Le phénomène est cyclique, chaque année et ne diffère que suivant le niveau de gravité. L’Etat essaie de réaliser quelques chantiers, comme l’aménagement des collecteurs naturels des ruisseaux Madoukou et Mfoa. Autant dire que les collecteurs naturels que sont les ruisseaux et les rivières sont aménagés et entretenus. Il reste tout de même l’aménagement de la Rivière Tsiémé. Les avenues goudronnées disposent de petites canalisations. Mais, pour l’essentiel, c’est à la débrouillardise des citadins. Ce qui explique l’état de la ville à travers les images prises en saison de pluies.
En principe, chaque année, l’Etat ne doit pas se lasser à financer des projets d’urbanisation et doter les municipalités de capacités techniques et financières d’entretenir et de réparer les ouvrages urbains. Mais, quand on voit même le système de ramassage des ordures, il y a de quoi se dire que le salut n’est pas pour demain. Les villes congolaises s’agrandissent, mais leur gestion ne suit pas efficacement. Dans ces conditions, les phénomènes comme les inondations et les érosions ont encore de beaux lendemains, au grand dam des populations.

Jean-Clotaire DIATOU

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