Le manque d’efficacité de la politique de santé publique au Congo ne fait qu’aggraver le phénomène de l’alcoolisme, dont les méfaits sont souvent ignorés. «Deux bières achetées… une bière offerte», voilà une publicité qu’on croise dans les établissements de vente de boissons dans notre pays. Il faut savoir que même à petite dose, l’alcool affecte rapidement les réflexes, la vigilance et la capacité de jugement. Le phénomène de l’alcoolisme favorise la survenue d’accidents de la route, de comportements violents ou à risque. Une bonne politique de santé publique intègre la prévention de l’alcoolisme.

L’impact de l’alcool sur le corps humain

L’alcool a un effet direct sur le cerveau. C’est un produit dit psychoactif avec diverses conséquences selon la quantité ingérée, même s’il existe une grande variabilité d’une personne à une autre, dû à une enzyme dans le foie qui détruit l’alcool présent dans le sang. Le niveau d’activité de cette enzyme (alcool-déshydrogénase) n’est pas le même chez tous les êtres humains. D’où les effets immédiats qui diffèrent, pour une même quantité d’alcool ingérée, d’une personne à une autre.
A faible dose, l’alcool procure une sensation de détente et d’euphorie, voire d’excitation. Il a un effet désinhibant: libération de la parole; lâcher prise; facilité à exécuter les tâches… Il aide à se franchir d’une éventuelle timidité. Cependant, les erreurs dans l’exécution des tâches sont plus nombreuses.
Par temps froid, l’alcool donne une impression de chaleur qui est due à une dilatation des vaisseaux sanguins de la peau. Mais, cette impression est trompeuse, car elle s’accompagne en réalité d’une perte de chaleur et d’un risque de refroidissement. A forte dose, l’alcool provoque l’ivresse, qui se traduit par:
– une mauvaise coordination des mouvements;
– des troubles de l’équilibre et des chutes;
– une diminution nette des réflexes et de la vigilance;
– des troubles de la vue;
– des difficultés pour parler;
– des troubles de la mémoire;
– une confusion…
Si l’alcool est mélangé à d’autres produits psychoactifs, comme le «cannabis, drogues, médicaments», d’autres effets apparaissent: nausées; vomissements; maux de tête; troubles de la perception, de la parole, de la mémoire, perte d’équilibre, etc. La consommation très importante d’alcool peut entrainer une somnolence, voir une perte de connaissance: c’est le coma éthylique. Dans ce cas la tension artérielle et la température corporelle diminuent. Cet état est plus fréquent en cas de consommation d’alcool massive en peu de temps (ou binge drinking) nécessitant une prise en charge urgente: par faute de soins, il peut être fatal.

Les conséquences sur la santé à long terme

L’alcool augmente le risque de certains cancers. Ce risque apparaît dès la prise d’un verre d’alcool par jour. Il est le même, quelle que soit la boisson alcoolisée consommée: vin; bière; apéritif ou alcool fort (spiritueux). C’est la molécule d’alcool (l’éthanol) qui est cancérigène. Sept cancers ont un lien avéré avec une consommation d’alcool dès un verre par jour: cancer de la bouche et de la gorge (larynx, pharynx); cancer de l’œsophage; cancer du foie; cancer du côlon et du rectum, cancer du sein…
La consommation associée d’alcool et de tabac augmente encore plus les risques de cancers comme par exemple, ceux de la bouche et de la gorge.
L’alcool augmente le risque de maladies cardiovasculaires. En effet, la consommation régulière d’alcool élève la pression artérielle et augmente le risque d’hypertension. Elle favorise les risques d’hémorragie cérébrale et peut entrainer des troubles du rythme cardiaque: un trouble du rythme cardiaque augmente le risque de mort subite.
Le risque de cirrhose est la principale cause des cirrhoses du foie autant pour les personnes alcoolodépendantes que pour celles qui ont une consommation régulière et excessive. Il s’agit d’une maladie chronique et irréversible, car c’est une destruction progressive des cellules qui sont remplacées par du tissu fibreux. Le foie devient dur et bosselé, il peut changer de taille mais surtout il ne fonctionne plus correctement. A plus ou moins long terme, la cirrhose peut se transformer en cancer du foie.
Les effets à long terme de l’alcool sur le cerveau sont responsables de troubles cognitifs, l’altération de la mémoire, des capacités de planification, d’attention et de prise de décisions. Ces troubles s’observent notamment chez les personnes souffrant de carences nutritionnelles.
Le syndrome de Korsakoff est une forme sévère de troubles cognitifs: cette maladie du cerveau qui se caractérise par une détérioration de la mémoire, une tendance à la fabulation pour compenser les pertes de mémoire, des troubles de l’humeur et une désorientation spatio-temporelle. Plus la consommation d’alcool commence à un âge précoce, plus la détérioration du cerveau est importante.
Il faut aussi relever le lien entre l’alcool et la santé mentale. Une consommation excessive d’alcool est souvent associée à des troubles psychiques: anxiété; dépression. Si l’alcool aide à s’endormir, il nuit à la qualité du sommeil et peut provoquer des insomnies. L’éthylisme nuit gravement à la stabilité familiale et professionnelle.
Au regarde de tout ceci, est-ce qu’aujourd’hui, notre système de santé peut correctement prendre en charge les conséquences de cet éthylisme qui sévit au sein de la population congolaise, avec des périodes de pic comme les fêtes de fin d’année? Il est de la responsabilité des pouvoirs politiques de donner les moyens pour combattre le fléau de l’alcoolisme.

Dr Diaz Patrice
BADILA KOUENDOLO

Spécialiste des maladies
dégénératives;
Expert en gestion et politiques
de santé;
Chef de pôle et du Service
de Gériatrie de l’Hôtel Dieu,
Groupe SOS Le Creusot, France.

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