Qui n’a pas été choqué par les images de prise en charge des accidentés dans notre pays, diffusées dans les réseaux sociaux? Et pourtant, il y a des gestes simples à connaître et à pratiquer, pour sauver des vies. Il s’agit de ce que l’on appelle «les gestes de premiers secours», un ensemble de techniques utilisées par une personne, quel que soit son niveau de formation, afin de stabiliser ou maintenir l’état d’une autre personne, victime d’un accident, d’un traumatisme, d’une perte de connaissance ou atteinte d’un trouble ou d’une crise, pouvant provoquer sa mort. Au regard des images diffusées dans les réseaux sociaux sur la prise en charge des accidentés par exemple, l’on constate que les gestes de premier secours sont malheureusement ignorés par la grande partie de la population.
Pour en finir avec des gestes plutôt scandaleux en termes de premiers secours, il est temps que les bons gestes de premiers secours soient vulgarisés. Car, l’on peut aggraver l’état d’un blessé et parfois même le condamner à mort, en faisant de mauvais gestes, quand bien même on est animé par la volonté de le sauver. Un blessé ou quelqu’un en arrêt cardiaque n’est pas forcement condamné à mourir, si l’on connaît les gestes de réanimation cardio-pulmonaire, pour lui sauver la vie.
Les étapes de l’action de secours
Il y a d’abord la protection: se mettre en sécurité avant d’intervenir; mettre les tiers et la victime en sécurité; éviter le suraccident. Ensuite, on passe aux gestes d’urgence: faire un bilan; exécuter les gestes adéquats; intervenir rapidement. Il s’agit de faire l’alerte, donc prévenir les secours. Ensuite faire la surveillance: détecter une éventuelle aggravation de la victime; rester à côté.
Les signes de malaise grave interviennent dans les cas suivants:
– l’accident vasculaire cérébral (A.v.c): paralysie brutale du visage; faiblesse brutale d’un bras ou d’une jambe; troubles soudains de la parole;
– l’infarctus: souffle court; douleur dans la poitrine; nausées ou vomissements; anxiété; sueurs; étourdissements;
– l’obstruction grave des voies aériennes par un corps étranger:
– adulte ou grand enfant: victime debout ou assise; se placer sur le côté et légèrement en arrière de la victime; soutenir le thorax avec une main; pencher la victime vers l’avant;
– victime qui tient sur la cuisse du sauveteur: s’assoir; basculer la victime sur sa cuisse; la face vers le bas.
Réaliser: une à cinq claques vigoureuses entre les omoplates avec le talon de main.
Victime qui tient sur l’avant-bras du sauveteur: coucher la victime à califourchon sur l’avant-bras, la face vers le sol; maintenir sa tête avec les doigts, de part et d’autre, au niveau de l’angle de la mâchoire inférieure, sans appuyer sur la gorge; incliner la victime, afin que la tête soit plus basse que le thorax.
Réaliser une à cinq claques dans le dos avec le talon de la main. Si cela ne suffit pas: se placer debout ou à genoux (si enfant) derrière la victime, contre son dos. Réaliser une à cinq compressions abdominales. Si impossibilité d’encercler l’abdomen: réaliser des compressions thoraciques (poing au niveau du sternum).
Les hémorragies externes
Il faut demander à la victime d’appuyer sur l’endroit qui saigne ou appuyer sur la plaie. La compression doit être suffisante, pour arrêter le saignement. La compression doit rester permanente.
Allonger la victime: attention, prendre des précautions et se protéger la main à défaut de gant avec un plastique, pour limiter le risque de transmission de maladies infectieuses par le sang. Puis, alerter les secours.
Si la compression manuelle est inefficace ou impossible: si le saignement est au niveau d’un membre, mettre en place un garrot tourniquet improvisé à quelques centimètres au-dessus de la plaie, jamais sur une articulation (lien solide, non élastique, utilisation d’une cravate; écharpe; ceinture; chemise).
Une fois le garrot réalisé, le laisser toujours visible (ne pas le recouvrir), ne pas le desserrer, car il pourrait aggraver l’état de la victime.
Saignement du nez
Assoir la victime, tête penchée en avant; lui demander de se moucher vigoureusement; lui demander d’appuyer sur ses narines pendant dix minutes, sans lâcher. Si le saignement ne s’arrête pas: demander un avis médical, de même si le saignement survient après une chute ou un coup et si la victime prend des médicaments qui augmentent les saignements.
Vomissements ou crachats de sang
Installer la victime dans la position où elle se sent le mieux. Donner l’alerte.
Autres hémorragies
Perte de sang inhabituelle par un orifice naturel (sauf le nez): allonger la victime et donner l’alerte.
Perte de connaissance
Vérifier la perte de connaissance en disant: (vous m’entendez?); prendre la main en disant: «Serrez-moi la main! Ouvrez les yeux»; appeler à l’aide; allonger la victime sur le dos et libérer les voies aériennes en basculant doucement la tête en arrière et en élevant le menton.
Vérifier la respiration (pas plus de dix secondes); mettre la victime en position latérale de sécurité, ce qui permet de limiter au maximum les mouvements de la colonne vertébrale, d’aboutir à une position stable la plus latérale possible, de contrôler la respiration. L’écoulement des liquides vers l’extérieur (bouche ouverte).
Arrêt cardiaque
Vérifier l’état de conscience: «Vous m’entendez?»; appeler à l’aide; allonger la victime sur le dos; libérer les voies aériennes en basculant la tête en arrière et en élevant le menton; vérifier la respiration; pratiquer une réanimation cardio-pulmonaire.
Réanimation cardio pulmonaire
Elle consiste, chez l’adulte, à la réalisation de trente compressions thoraciques, avec les deux mains entrecroisées sur le sternum; suivies de deux insufflations lentes et progressives en cinq secondes maximum.
Les compressions thoraciques doivent comprimer fortement le sternum, avoir une fréquence comprise entre 100 et 120 par minute. Si les insufflations ne peuvent pas être effectuées ou si le sauveteur ne se sent pas capable, il doit réaliser uniquement les compressions thoraciques en continu. Il s’agit là d’une chaîne de survie susceptible d’augmenter de 4 à 40% le taux de survie.
Evaluation d’une brulure
Arroser la brûlure à l’eau froide; évaluer la gravité de la brulure:
– brûlure simple: rougeur de la peau; cloque(s) de petite taille: poursuivre l’arrosage jusqu’à l’arrêt de la douleur; protéger la brûlure avec un pansement stérile, sans percer la cloque; surveiller comme une plaie simple;
– brûlure grave: cloque unique ou multiples, de grande taille, destruction plus profonde de la peau (aspect noirâtre) associée à des cloques; rougeur de la peau étendue chez l’enfant; localisation: visage mains, proche des articulation ou orifices naturels; origine électrique ou radiologique. Poursuivre l’arrosage mais un avis médical s’impose; vérifier la validité du vaccin antitétanique.
Voilà les premiers gestes de secours qui sauvent. Ils peuvent être appris auprès de la Croix-Rouge ou de la Sécurité civile (sapeurs-pompiers). Nous avons intérêt à les apprendre, car on peut se retrouver dans l’entourage d’une personne qui se porte apparemment bien, mais qui peut s’effondrer subitement. Il faut vite savoir de quoi elle est victime, faire les gestes de premier secours qui correspondent et donner l’alerte ou conduire la victime à l’hôpital dans de bonnes conditions.
Les prises en charge brutales des accidentés sur la route, telles qu’on les voit dans les réseaux sociaux, réduisent leurs chances de survie. Alors soyons utiles, en apprenant les gestes de premiers secours, qui sont utiles même en famille.
Dr Diaz Patrice
BADILA KOUENDOLO
Chef de pôle, chef de service de Gériatrie;
Hôtel Dieu groupe SOS Le Creusot France;
Spécialiste des maladies dégénératives;
Expert en gestion et politiques de santé.