La démence est un terme général désignant un déclin assez grave des aptitudes mentales, pour interférer avec la vie quotidienne. Les pertes de mémoire en sont un exemple. La maladie d’Alzheimer est la forme la plus connue de démence. Aujourd’hui, on parle de la maladie d’Alzheimer et démences apparentées. La maladie de la mémoire se manifeste par des troubles de la mémoire, de l’exécution des gestes simples, de l’orientation dans le temps et l’espace ainsi que des fonctions cognitives. Elle est due à la dégénérescence des neurones du cerveau. Elle apparaît, le plus souvent, après 65 ans. Mais, il existe des débuts précoces dans certaines familles, à partir de l’âge de 50 ans.
Parmi les symptômes de la maladie de la mémoire, on retrouve les suivants:
– perte de mémoire qui perturbe la vie quotidienne;
– difficulté à planifier ou à résoudre des problèmes;
– difficulté à exécuter les tâches familières à la maison, au travail;
– confusion avec le temps ou le lieu;
– difficulté à comprendre les images et les relations spatiales;
– difficulté à suivre ou à se joindre à une conversation…
Les personnes atteintes de la maladie peuvent ranger des objets dans des endroits insolites, oubliées l’endroit où elles ont mis les objets. Elles peuvent éprouver des changements dans leur jugement ou leur prise de décision et commencer à se retirer de certaines activités sociales, sportives, de loisir ou certains projets de travail. L’état d’esprit et la personnalité peuvent changer. Les personnes atteintes peuvent devenir confuses, soupçonneuses, déprimées, craintive ou anxieuses…
Les causes de l’Alzheimer
Les causes de cette maladie sont inconnues. Probablement, c’est une maladie qui est due à un endommagement des cellules du cerveau qui les empêche de communiquer entre elles, entraînant des répercussions sur les mécanismes de la pensée, le comportement et les sentiments. Le cerveau compte de nombreuses régions distinctes aux fonctions différentes, par exemple la mémoire, le jugement et le mouvement. Lorsque les cellules sont endommagées dans une région spécifique, cette dernière ne peut plus assumer ses fonctions normalement.
Mais, les facteurs génétiques jouent un rôle. Environ 5 à 15% des cas se passent dans les familles. Plusieurs anomalies peuvent être héritées, lorsqu’un seul parent a le gène anormal. Dans la maladie d’Alzheimer, la présence d’un niveau élevé de certaines protéines à l’intérieur et à l’extérieur des cellules cérébrales empêche les cellules de rester saines et de communiquer entre elles. L’hippocampe, le centre de l’apprentissage et de la mémoire dans le cerveau, voit ses cellules être endommagées en premier. D’où le fait que les troubles de la mémoire figurent souvent parmi les premiers symptômes de la maladie.
Les différents stades de développement de la maladie
Il y a plusieurs stades de développement de la maladie d’Alzheimer. Les experts ont défini des «stades» pour décrire l’évolution des capacités d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, jusqu’à un stade avancé. Voici les sept stades de cette maladie:
– stade 1: aucune déficience;
– stade 2: déficit cognitif très léger;
– stade 3: déficit cognitif léger;
– stade 4: déficit cognitif modéré;
– stade 5: déficit cognitif modérément sévère;
– stade 6: déficit cognitif sévère;
– stade 7: déficit cognitif très sévère.
La prise en charge des patients
Sur le plan médicamenteux, il existe aucun traitement curatif contre la maladie d’Alzheimer. Ce qui en fait un fardeau sanitaire et sociétal pour les pays dont la population vieillit. Les molécules qu’on trouve actuellement sur le marché n’ont pas prouver leur efficacité scientifique. Une molécule, le lecanemab, est en cours d’évaluation et elle est très attendue.
La prise en charge non-médicamenteuse concerne les techniques de ressuscitation de la mémoire, basée sur des épreuves ludiques. Ces techniques ont pour but de ralentir la maladie le plus longtemps possible. Ces activités se déroulent en accueil du jour thérapeutique, une séance par semaine. Nous disposons d’un recul suffisamment important pour plébisciter ces techniques. Les patients sont pris dans des groupes de niveaux différents, selon le stade de la maladie.
En conclusion, on peut dire qu’ignorée ou sous-estimée en Afrique, considérée comme une maladie des seuls pays industrialisés, la maladie d’Alzheimer affecte de plus en plus des personnes sur le continent. Le développement du niveau de vie en Afrique, même contesté, a amélioré l’espérance de vie, peut-être moins sensible dans les couches populaires, plus perceptible dans les classes moyennes et supérieures de nos pays. Mais en réalité, cette maladie n’épargne personne. Tous les niveaux sociaux sont atteints de la même façon. Un dépistage précoce reste le moyen efficace de la prise en charge globale des patients. L’apparition et l’installation progressive d’un tableau de manque d’élan, d’un tableau compatible avec une dépression, une perte de poids, doivent attirer l’attention de l’entourage. La déconfiture de l’organisation sociale familiale des communautés africaines risque d’être un accélérateur négatif dans cette prise en charge ou l’aidant reste un maillon capital.
Dr Diaz Patrice
BADILA KOUENDOLO
Gériatre qualifié, chef de pôle et de service de gériatrie;
Responsable de la consultation mémoire HDJ;
Expert en Gestion et Politique de santé (sciences Po);
Hôtel Dieu Le Creusot, Groupe SOS France.