Mercredi 5 avril 2023, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso avait conduit une délégation de son gouvernement devant la chambre haute du parlement, pour une séance de questions orales. Plusieurs questions ont été posées à une dizaine de ministres. Le panier de la ménagère face aux prix des denrées alimentaires a été l’une des préoccupations soulevées par les députés. Après l’éclairage du ministre d’Etat Alphonse Claude N’Silou, ministre du commerce, des approvisionnements et de la consommation, tout comme les réponses données par d’autres ministres, et la réplique des députés, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a conclu, en relevant deux préoccupations: la production et la communication. Nous reproduisons ci-après ses propos à ce sujet.

«Au terme de nos échanges, le Premier ministre se présente de nouveau devant vous, pour vous dire merci; merci de cette convergence de vues; merci pour cette communauté d’actions; merci pour cette communauté de préoccupations. Parce que, honorable président, au fond, pourquoi sommes-nous rassemblés dans ce temple de lois ? Juste pour permettre à l’exécutif de venir vous présenter les modestes actions qu’il entreprend en faveur des Congolais; juste pour qu’ensemble nous puissions nous convaincre de ce que l’exécutif est à la manœuvre. Et je crois que c’est ce qui ressort des réactions des députés, à la suite des réponses que nous avons données. Oui, vous avez pu vous rendre compte que l’exécutif est à la manœuvre, pour apporter des solutions aux problèmes des Congolais, les problèmes liés à leur quotidien, à la vie chère. Cela a été dit ici, le panier de la ménagère. Nous avons, tous, reconnu les efforts du gouvernement.
La comparaison des coûts des denrées alimentaires qui a été faite par le ministre d’Etat en charge du commerce, en prenant l’intervalle d’une année, entre mars 2022 et aujourd’hui, fin mars ou début avril 2023. On peut bien se rendre compte qu’un effort important a été accompli. Lorsque nous constatons ce qu’a été le prix du poulet poids 12 en 2022 et ce qu’est le prix du poulet aujourd’hui; ce qu’était le prix du bidon d’huile de palme et ce qu’est le prix du bidon d’huile aujourd’hui. Sans doute que les marges sont encore minimes. Bien sûr que beaucoup d’efforts méritent encore d’être faits, pour que ces réductions de prix soient beaucoup plus importantes que celle qui nous a été annoncée. Il y a deux choses qu’il faut retenir à ce sujet, honorable président: la production et la communication.
La production, parce que nous devons produire. Le Président de la République le dit: «Un peuple qui ne produit pas ce qu’il consomme n’est pas un peuple libre». Oui, nous ne sommes pas libres, parce que nous dépendons de l’étranger. Nous importons tout ce que nous consommons. Et si nous importons tout ce que nous consommons, nous sommes donc dépendants des pays producteurs. Ici, comme l’a dit le ministre d’Etat (en charge du commerce et de la consommation), même dans ces pays producteurs, il y a des problèmes, à fortiori nous qui dépendons de ces pays. Il faut donc produire davantage et c’est l’effort que fait le gouvernement, au travers de la grande révolution agricole qui est entreprise, quoique timide encore aujourd’hui, mais dont on essaie de percevoir quand même l’effort, avec les zones agricoles protégées.
Il nous faut produire beaucoup d’aliments de bétail, pour nos éleveurs; il nous faut produire du manioc, de l’igname. Nous devons, tous, nous mettre à l’ouvrage. Le Président nous avait tous interpellés: que les cadres montrent l’exemple; que les parlementaires montrent l’exemple. Nous devons, ensemble, répondre à cette préoccupation. Soit vrai que cela, c’est parce que nous allons produire qui va certainement apporter la solution magique, non! Mais, c’est le devoir d’exemplarité. Le peuple se mire au travers de nos initiatives, au travers de nos actions. Si, lorsque le Président nous a tous invités à des expériences de production, nous répondions par le silence, les mêmes populations pourront dire: mais si eux qui ont été instruits par le Président ne bougent pas, pourquoi nous on doit faire des efforts? Donc, nous avons, nous aussi, cette obligation de nous auto-interpeller sur la question de la production.

Une autre chose, la communication, honorable président!

Nous consommons tout de l’extérieur, y compris même l’information. Pour que partout dans ces pays-là, on parle de la vie chère, panier de la ménagère, augmentation des prix des denrées; nous nous posons la question si nous faisons même attention à nous-mêmes pour constater qu’il y a une différence. Nous reprenons le discours; nous reprenons le narratif, au point où il nous est difficile de nous rendre compte qu’entre temps, le prix de la farine par exemple a diminué. Et personne ne le dit. Et bien le prix de las farine a baissé. Si nous, nous ne le disons pas, nous ouvrons la porte aux spéculateurs, parce qu’il y a comme un effet de contagion. Il nous faut connaître d’abord nos propres efforts et communiquer sur nos efforts, pour dissuader les spéculateurs. Si nous continuons à dire que le pain coûte cher, que la farine coûte cher, et bien, le vendeur d’huile suivra l’exemple, il augmentera le prix de l’huile, parce qu’il a dans sa tête que la farine coûte cher. Le vendeur de manioc gardera un prix élevé, parce que dans sa tête, les autres denrées sont chères. Nous avons donc cet effort à faire, ensemble, avec vous qui êtes en contact avec les populations, plus en contact que nous, avec vos mandants. Et nous, pour notre part, nous intensifierons le combat, comme cela a été demandé.

Honorable président, oui, nous nous sommes préoccupés de la sécurité de nos citoyens, à Ngabé, à Igné, à l’Île Mbamou. Nous continuons à travailler, pour que ces malentendus soient résolus et que nos citoyens puissent continuer à vaquer librement à leurs occupations.
Je voudrais terminer sur deux préoccupations, à mon humble avis, importantes: nous avons été interpellés, ici, par l’honorable Mbossa et il a raison, sur l’occupation anarchique du domaine public. Le lotissement anarchique qui oblige l’autorité étatique à recourir au déguerpissement. Il dit: nous n’avons pas intérêt à faire le médecin après la mort. Il nous faut le faire peut-être en amont, oui!
Nous avons grandi avec l’idée que chaque fois que quelqu’un, et on a vécu ça, commençait à monter une case, à peine même qu’il a creusé les fondations, que l’agent de l’Etat, de l’urbanisme, de la construction venait tout de suite l’interrompre, le convoquer pour lui dire: ici on ne construit pas. C’est vrai, parce qu’à l’époque, on n’était discipliné. On n’était pas récalcitrant.
Aujourd’hui, même si l’agent de l’urbanisme et de l’habitat peut aller dire à un citoyen: là, ce n’est pas permis de construire. Il faut se poser la question si on va le laisser regagner son service en toute sécurité. Mais, c’est là que nous avons besoin davantage de nos élus. Lorsque dans notre quartier, dans notre circonscription, on constate que quelqu’un se permet d’occuper le domaine public ou de construire là où il ne doit pas construire, nous avons l’obligation morale de faire arrêter ça, en communiquant avec nos électeurs.
Lorsque je suis dans une circonscription dont je connais les limites, mais je vois ma circonscription en train de s’étendre d’une manière désordonnée, parce qu’il y a un propriétaire terrien qui se permet de lotir avant que l’Etat ne lui ait donné les autorisations et que je ne mobilise pas les populations pour dire non, mais l’Etat viendra simplement constater l’abus et agira d’autorité. Donc, au sujet du déguerpissement, nous pensons aussi que nous avons des efforts à conjuguer.
Je vais terminer par le recensement. Le plaidoyer a été tellement bien fait ici que je n’aurais même pas eu envie d’en dire un mot. Mais si, je le dis, pour que, justement, nous retenions la dernière préoccupation que j’aurais évoquée. C’est la pratique d’un instituteur. Sinon, avec l’abondance des informations que nous avons eues, nous risquons d’oublier les autres. Il faut terminer par celle dont le contenu doit être portée au tableau en mettant: «Retenons». Retenons que nous avons le recensement et nous devons réussir ce recensement. Il y va de l’intérêt de tous. Mais, il y va aussi, surtout, de l’intérêt des politiques.
Toutes les fois que nous nous sommes retrouvés: on nous parle de la biométrie. Et nous disions souvent que la biométrie est conditionnée par ce recensement général de la population, entre autres. Gagnons au moins déjà ce pari. Ce qui nous permettra de savoir combien sommes-nous, combien travaillent, combien d’emplois nous avons de disponibles. L’honorable Ngayama nous a demandé les statistiques sur ces questions. Et bien sûr, tout cela passe par le recensement de la population et de l’habitation; quelles sont les infrastructures que nous avons, où est-ce qu’il manque un dispensaire. Tout cela passe par le recensement général de la population et de l’habitation. Et quand j’ai dit ça, je suis rassuré que les députés, juste après leur session, vont rencontrer leurs électeurs pour leur dire que dans deux semaines, commence le recensement général de la population et de l’habitation».

Propos retranscrits
par Jean-Clotaire DIATOU

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