Lors d’une cérémonie organisée mercredi 31 août 2022, à l’Esplanade du Stade Alphonse Massamba-Débat, à Brazzaville, par la police et la gendarmerie, un échantillon de présumés bandits «bébés noirs» a été présenté au public, sur un total de 600 éléments arrêtés depuis l’opération de sécurité publique lancée un semaine avant la célébration de la fête de l’indépendance et qui se poursuit jusqu’à présent. Parmi ces malfrats, il y a des policiers et des anciens gendarmes. Certains ont été interpellés dans le cadre d’une enquête réalisée par la police, la semaine dernière, à la suite d’un vol à main armée, le 14 août dernier, au domicile d’une dame d’affaires répondant au nom de mère Alice, à Brazzaville. Cette dame avait été agressée et blessée à l’arme blanche, pour lui voler de l’argent et ce braquage a suscité une grande indignation au sein de l’opinion, d’autant plus qu’un commissaire de police, l’adjudant-chef Alain Kanga, célèbre sous son sobriquet d’Alino, chef du poste de police appelé Contre-rail à Poto-Poto, y est impliqué et est présentement incarcéré.
Le banditisme par des groupes de jeunes et d’adolescents appelés «bébés noirs» qui agressent les paisibles citoyens à l’aide d’armes blanches dans les quartiers, les braquages et les vols à main armée suivis d’agression et même d’assassinats, voilà les actes qui mettent à mal la sécurité publique principalement à Brazzaville et à Pointe-Noire, depuis ces dernières années. Des phénomènes de criminalité que les forces de sécurité publique, notamment la gendarmerie et la police, n’arrivent pas à éradiquer.
Dans l’opinion, l’idée répandue est que ces groupes de bandits «Bébés noirs» et autres voleurs à main armée sont entretenus par quelques officiers de police. Une idée balayée du revers de la main par les responsables qui promettent toujours d’éradiquer ces groupes de bébés noirs et autres braqueurs qui sèment la désolation dans les quartiers.
Le vol à main armée perpétré mi-août chez une dame d’affaires, tenancière d’un restaurant huppé au centre-ville de Brazzaville, a constitué le pot aux roses pour ceux qui étaient convaincus de la connexion entre ce phénomène de banditisme armé et des agents de police. L’indignation générale suscitée par cette affaire à la suite de l’agression à l’arme blanche dont cette femme d’affaires a été victime et les réactions diffusées dans les réseaux sociaux ont conduit le commandement des forces de police à diligenter une enquête sur cette affaire.
Cité abondamment dans les réseaux sociaux, dans cette affaire, le capitaine Romuald Manounou, commandant du G.r.b (Groupe de répression du banditisme), célèbre sous son surnom de Morgane, est suspendu de ses fonctions, par note de service du commandant de forces de police, en date du 25 août 2022. Pourtant, l’enquête sur cette affaire l’a mis hors de cause. Mais, rien à faire, les rumeurs persistent sur lui, car dans l’opinion, on est convaincu de sa connexion avec la criminalité. Sa suspension a renforcé les suspicions, tandis que sa proximité avec le commandant des forces de police est vue comme un moyen lui permettant d’être protégé. Les éléments de l’enquête s’étant retrouvés dans les réseaux sociaux, beaucoup en sont convaincus. Dans l’opinion, on ne veut pas être dupe de ce qu’on a toujours présenté des bandits arrêtés, sans que le phénomène de bébés noirs et des braquages ne s’arrêtent, en raison de cette connexion entre des agents de police et des milieux criminels.
Par ailleurs, dans un communiqué diffusé la semaine dernière sur Télé-Congo, le Ministère de la sécurité et de l’ordre public a reconnu que parmi les bandits interpellés, «figurent quelques agents de la force publique présumés auteurs et/ou complices des faits décriés. L’enquête étant encore en cours, ces derniers comme tous les autres subiront les sanctions prévues par la loi au cas où leur culpabilité serait établie». Quoiqu’il en soit, la police a sans doute besoin d’un coup de balai en son sein, pour la débarrasser des officiers et sous-officiers ripoux, afin de mieux s’attaquer aux phénomènes de criminalité armée qui endeuillent les familles ou les plongent dans la désolation.
Urbain NZABANI