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Sénégal : Le pays sous tension, après la condamnation de l’opposant Ousmane Sanko

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Le Président Macky Sall.

16 morts en deux jours d’affrontements entre émeutiers et force de l’ordre, vendredi 2 et samedi 3 juin, après la condamnation, jeudi 1er juin 2023, du très populaire maire de Ziguinchor, l’opposant Ousmane Sanko (48 ans), à deux ans de prison ferme et 600 mille francs Cfa d’amende pour «incitation à la débauche» de la jeunesse et 20 millions de francs Cfa de dommages et intérêts à verser à Mlle Adji Sarr, la plaignante qui l’avait poursuivi pour viols. Samedi 3 juin, le ministre de l’intérieur a annoncé quelques 500 arrestations. On a compté aussi 357 manifestants blessés, dont 78 grièvement et 36 blessés dans les rangs des forces de défense et de sécurité, qui sont accusées d’avoir fait usage de balles réelles, pour réprimer les manifestations.

L’opposant sénégalais Ousmane Sanko.
L’opposant sénégalais Ousmane Sanko.

Simple fonctionnaire des impôts en 2001, Ousmane Sanko, qui est actuellement placé en «résidence surveillée» à Dakar, après sa caravane de la liberté, est devenu syndicaliste quatre ans plus tard, en créant un syndicat. Il est radié injustement de la Fonction publique, pour violation du droit de réserve. Il se lance alors en politique, en créant, en janvier 2014, un parti, le Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité). Soutenu par des jeunes cadres, le succès est au rendez-vous au sein de la jeunesse sénégalaise qui voit en lui une étoile montante. En 2017, il est élu député à l’Assemblée nationale et en 2022, il décroche la mairie de Ziguinchor, une agglomération de 280 mille habitants, située au Sud-Ouest de Dakar, au bord du Fleuve Casamance.
Candidat, pour la première fois, à l’élection présidentielle de février 2019, il sort troisième avec 15% des voix, derrière l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, qui était candidat pour la troisième fois, et Macky Sall qui est réélu pour un second mandat, mais de cinq ans au lieu de sept, car, entre temps, la Constitution avait été réformée. Sa popularité allant crescendo au sein de la jeunesse sénégalaise, Ousmane Sanko, né à Thiès, est vu comme le successeur du Président Macky Sall à la tête du pays. Mais, ce dernier entretient un mystère sur l’éventualité de briguer un nouveau mandat en février 2024, car ses proches considèrent qu’après la réforme de la Constitution, les compteurs sont remis à zéro. L’opinion le presse à se prononcer, mais lui reste silencieux sur cette question. L’opposition le soupçonne alors de vouloir se représenter pour un troisième mandat, alors que la Constitution limite les mandats présidentiels à deux.
Pour briser le rêve de l’opposant le plus en vue, le pouvoir exerce sur lui une grande pression judiciaire. En plus de la plainte pour viols de Mlle Adji Sarr, déposée depuis 2021 et qui sera un long feuilleton politico-judiciaire pour agacer l’opposant, la ministre sénégalaise du tourisme, Mame Mbaye Niang, le poursuit aussi en justice pour diffamation. Le célèbre opposant est condamné, le 31 mars 2023, à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de francs Cfa d’amende, de dommages et intérêts. Pas de quoi satisfaire le pouvoir qui vise à tout prix à écarter cet adversaire impétueux de la course présidentielle, pour laisser la voie sûre à la réélection du Président en place. Mais, la plainte pour viols ne semble pas non plus faire l’affaire, par défaut de preuves. D’autant plus que la propriétaire du salon où travaillait la plaignante, a fini par faire un témoignage à décharge. Devant traiter sa commande politique d’écarter le futur candidat de la course présidentielle de 2024, le Tribunal de Dakar a reprofilé, contre toute attente, un nouveau grief, pour condamner l’opposant à deux ans de prison ferme, un jugement qui l’écarte de la course à la présidentielle. La colère de ses jeunes partisans ne s’est fait attendre. Durant deux jours, c’était le chaos et la désolation au Sénégal. Même l’Internet était coupé. La tension est retombée et la vie a commencé à reprendre son cours normal depuis le début de cette semaine. Mais, les dégâts de pillage, de destruction, d’incendie de véhicules, etc, sont impressionnants, particulièrement dans la capitale, Dakar. Jusqu’au prochain scrutin présidentiel, on peut dire que l’épée de Damoclès est suspendue sur ce pays.

Jean-Clotaire DIATOU

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