Vœux de nouvel an: tradition démocratique respectée! On a même innové, en y donnant du contenu, à travers deux messages sous forme de dialogue. Cette fois, ce n’est plus la poignée de main au Président de la République, mais un message de vœux sur fond bilantiel. A l’exemple du réveillon d’armes, chez nos amis de la Force publique. Occasion donc à la fois de présenter les vœux au couple présidentiel et de faire un bilan succinct de la vie institutionnelle et démocratique au cours de l’année qui s’est écoulée. A ce propos, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso s’est voulu optimiste, confiant et déterminé, quitte à renvoyer dans les cordes, les détracteurs de l’action gouvernementale. Même l’opposition extraparlementaire, dont on connaît la virulence des critiques au vitriol de la politique présidentielle, a été bien servie, au nom de la démocratie pluraliste.
Mais, son élan est tout de même atténué par la réponse du Chef de l’Etat qui, après l’avoir remercié pour ses vœux et les mots très touchants à son endroit et à l’endroit des siens, l’a invité sagement à être dans l’action. Il faut bien analyser les deux messages pour s’en convaincre. Si le Premier ministre met en avant sa satisfaction de l’action menée, le Président de la République pense que discourir ne suffit pas. Deux exemples très significatifs de son message!
Il y a d’abord cette métaphore du chasseur. «Ainsi, la sagesse de chez nous enseigne que lorsque le pêcheur ou le chasseur ne visite pas régulièrement les nasses ou les pièges posés, les prises courent le risque de décomposition ou d’être dévorées par les prédateurs. En ce moment-là, les efforts de l’un ou de l’autre auront été vains. C’est à l’heure du bilan que le peuple nous attend, car seule la bonne performance permet d’aller à la conquête de la confiance du peuple», dixit le Président de la République.
Il y a, ensuite, cette vérité que Denis Sassou-Nguesso a assenée à la classe politique dirigeante: «Le bon sens ne se sépare pas de la raison. Le bon sens permet de ne pas se perdre dans les nuages, même s’il ne les dissipe pas. Il est nécessaire de penser et de dire. Encore faut-il faire. Enfin, il faut évaluer au fur et à mesure puis à la fin. C’est là la clé de toute réussite».
Notre modeste compréhension nous amène à dire qu’en matière de gestion publique, quelle que soit la beauté des discours qu’on tient, si l’action ne suit pas, on n’aura pas la clé de la réussite.
Face aux envolées oratoires, le Président de la République a fait le choix de l’action et du résultat. Tant mieux s’il est compris par ceux en qui il a placé sa confiance pour mettre en œuvre son projet de société au cours du mandat. Car, comment comprendre que dans un pays d’abondance d’eau (pluviométrie, rivières, fleuve, nappes phréatiques), comparé par exemple aux pays sahéliens, l’eau courante en vient souvent à manquer aux populations, même dans les centres de nos villes et ceci depuis des décennies?
Tiens, visitant le Barrage hydroélectrique d’Imboulou, dernièrement (voir page…), le ministre de l’énergie et de l’hydraulique, Emile Ouosso, en est sorti avec une conclusion cinglante qui prouve la pertinence de ce que le Chef de l’Etat recommande. Il a constaté que les pannes qu’on y enregistre et qui sont parfois source de privation d’électricité pour les populations, sont le résultat des négligences. Si le pêcheur ou le chasseur… On a construit un barrage pour avoir de l’électricité, s’il n’est pas entretenu suivant les prescriptions du constructeur, on est un jour privé d’électricité. C’est ce qui nous arrive et on peut multiplier les exemples avec les routes, les hôpitaux, les bâtiments administratifs construits dont les carreaux se décapent, la peinture se décrépit et les ascenseurs ne fonctionnent plus, etc, alors qu’on fait de grandes fêtes pour leur inauguration. Nos efforts de développement vont-ils être multipliés par zéro, à cause de la culture de négligence qui affecte si souvent la gestion publique? Souhaitons qu’avec ce message du Chef de l’Etat, le temps du ressaisissement a, sans doute, plus que jamais, sonné.
L’HORIZON AFRICAIN