Après plus de douze mois d’instruction, la Cour d’appel de Brazzaville, en session criminelle depuis le 31 août 2023, a condamné, le 6 septembre, cinq policiers à des peines d’emprisonnement, pour «association de malfaiteurs, arrestations arbitraires, extorsion, recel et abus de fonction». Parmi les policiers jugés figure le capitaine de police Manounou Romuald dit Morgan, ex-patron du G.r.b (Groupement de répression du banditisme), une unité de police qui s’est donné une mauvaise réputation, en raison des agissements de ses responsables. Le C.a.d (Centre d’actions pour le développement) a salué ces condamnations qui marquent un coup dur important porté contre l’impunité en République du Congo. Dans sa note de position du 7 septembre 2022, le C.a.d exigeait, en effet, l’arrestation des auteurs présumés, y compris de Manounou Romuald dit Morgan, et la mise en place d’une commission d’enquête indépendante élargie, pour établir les responsabilités dans des actes criminels, notamment des vols à main armée, commis à Brazzaville et qui impliquaient la complicité des policiers. Dans son communiqué du 10 septembre 2022, le C.a.d a exprimé sa satisfaction, suite à l’interpellation du capitaine Manounou Romuald et à l’élargissement, par le Ministère de l’intérieur, de l’enquête à d’autres policiers.
Dans une correspondance du 18 octobre 2022 adressée au C.a.d, le Premier ministre indiquait «suivre cette affaire avec un grand intérêt» . Le 13 décembre 2022, dans une déclaration publique , le C.a.d, exprimant de vives inquiétudes au sujet des conséquences liées au dépassement du délai de détention légale des inculpés, a appelé à la tenue rapide d’un procès. Entre janvier et juin 2023, l’organisation de défense des droits de l’homme a multiplié les correspondances, demandant la tenue d’un procès exemplaire.
Finalement, deux policiers, l’adjudant de police Brice Eyaba et le capitaine de police Manounou Romuald dit Morgan ont été condamnés à 7 ans de prison avec travaux forcés. Trois autres, en fuite, l’adjudant-chef Kanga Alain dit Alino et le brigadier-chef Ngolélé Stève, et Pierre-Ntsiété, chef de bureau du G.r.b ont écopé de 15 ans d’emprisonnement.
Si ces condamnations sont une bonne nouvelle, il est de notoriété publique que les victimes, à l’origine du procès, sont des proches de la famille présidentielle. Cette affinité, qui a servi de catalyseur au procès, montre qu’en République du Congo, la justice est plus active, lorsque les puissants et les riches se plaignent. Nombreux sont les cas, dont certains plus graves encore, qui ont précédé celui à l’origine du procès, mais qui n’ont, à ce jour, connu aucune suite judiciaire. Les présumés coupables parmi les policiers ne sont pas jugés. Certains ont même continué à prendre du grade. Le petit peuple peut subir toutes sortes d’atrocités, leurs auteurs ne sont que très rarement inquiétés. Le C.a.d continue de suivre avec le plus grand intérêt ce dossier. Nous appelons alors les autorités à faire tout leur possible pour appréhender les fugitifs afin qu’ils répondent de leurs actes.
(Tiré du communiqué du CAD)