Il y a quatre ans, l’on nous apprenait que nos conseillers municipaux étaient préoccupés par les érosions et par la dégradation des rues de Brazzaville-la-verte, dont la plupart, ayant perdu leur bitume, avaient d’énormes nids de poule, des ornières, des mares aux eaux boueuses et puantes, des trous aussi béants que les cratères des volcans, comme par exemple sur l’avenue qui va du carrefour de Terynkyo au château d’eau de Moukounzi-Ngouaka, ou l’avenue qui mène à la morgue de Makélékélé. Même pour leur dernier voyage, les morts sortant de ladite morgue empruntent une route boueuse avec des trous et d’énormes mares, dans l’indifférence totale de tout le monde, maire, administrateur-maires, conseillers et citadins!

Avec les dernières pluies avant la saison sèche, les nids de poule et les trous sur nos avenues et rues se transforment en mares ou en piscines que, Dieu soit loué, des quidams vident selon leur gré, pour aider les chauffeurs des foulas-foulas, les taximen et les autres usagers à circuler et à ne pas s’embourber. Et dire que les propriétaires des véhicules paient la taxe de roulage pour l’entretien des rues et des avenues! Et dire qu’à la morgue de Makélékélé l’on percevrait d’énormes frais! Faut-il peut-être sortir de La Sorbonne, d’Harvard et de MGU, pour entretenir nos cimetières et bitumer nos rues et avenus? «Omona wapi» (où a-t-on vu ça), comme l’avait chanté l’artiste-musicien Franco Luambo Makiadi avec le Tout-Puissant O.K Jazz?
Même s’il faut laisser les morts enterrer les morts, afin de donner la priorité aux vivants, qu’il me soit permis de déroger à cette règle, pour lancer un cri du cœur au sujet de l’état lamentable de nos cimetières tant municipaux que privés. Il serait très souhaitable que nos sénateurs, nos députés, nos maires et administrateurs-maires et nos conseillers municipaux en général et de Brazzaville en particulier, qui ne sont pas de mauvais bougres ni des politiciens véreux ou encore des politiciens partisans de la politique politicienne ou du pouvoir pour le pouvoir, mais des patriotes engagés donnant la priorité à nos villes ipso facto au Congo, et à nous-mêmes, nous nous préoccupons aussi de nos défunts dont les tombeaux sont profanés quotidiennement dans les anciens et nouveaux cimetières, tels que les anciens cimetières municipaux fermés de la Tsiémé, du Mont-Barnier et de Moukounzi Ngouaka.
Par exemple, celui de la Tsiémé a été transformé depuis belle lurette, en terrains de football et les vivants y occupent des parcelles de terrain. Les autres cimetières, tant privés que municipaux de Brazzaville et de ses banlieues, censés pourtant être des lieux de repos éternel de nos défunts, dans l’espérance de la résurrection, sont dans un état de délabrement total. D’un côté, l’érosion qui menace d’emporter des tombeaux et de l’autre les herbes abondantes que l’on prend peut-être pour des fleurs et qui les enfuissent. L’on pourrait y chasser des civettes ou des sibisis! Cela ne choque personne, ni les parents ni les autorités.
Tenez! Le mausolée où repose le Président Marien Ngouabi, fondateur du P.c.t, parti au pouvoir, sur le fronton duquel est écrit, «Gloire Immortelle au Président Marien Ngouabi» et dont la façade avec des carreaux défraichis affiche une laideur innommable, est mal entretenu. En tout cas, pas de commune mesure avec le Mausolée de Lénine à la Place Rouge à Moscou.
Il a été donné de constater aussi que lors de la commémoration des anniversaires de la République et de l’Indépendance, l’on se contente de les célébrer seulement, avec et pour les vivants. Nos morts à qui l’on aura réservé des obsèques somptueuses parfois nationales et ce dans une ostentation pompeuse, avec des oraisons funèbres aux envolées littéraires à la Bossuet, seraient-ils voués à un oubli délibéré au point de laisser les herbes enfouir leurs tombeaux? Cynisme, indifférence ou simple négligence?
Ne serait-il pas temps aussi pour nos sénateurs, nos députés, nos maires, nos élus et conseillers municipaux, nos chefs ou présidents de quartier, nos chefs de zone et de bloc, de lancer des opérations d’entretien et de salubrité publique dans nos quartiers, nos rues, nos avenues et nos cimetières? A ce propos, pourquoi ne pas prévoir, au cas où il ne le serait pas, dans les budgets de fonctionnement de nos mairies, des rubriques pour l’entretien de nos rues, de nos avenues et de nos cimetières, comme au temps de la colonisation ou des années 1960, des agents municipaux chargés spécialement de la propreté et de l’entretien de nos rues, avenues et cimetières municipaux?
Cela contribuerait à la résorption du chômage qui sévit dans les milieux des jeunes en quête permanente de travail. Cela éloignerait lesdits jeunes des ngandas ou buvettes où ils s’agglutinent très tôt le matin autour des bouteilles de bière et autre alcool. Ce qui les aiderait à sortir de l’oisiveté, la mère des vices. Cela éviterait, enfin, à nos cimetières, de devenir ni les nids de serpents et de guêpes, ni les repères de brigands et de vandales, ni encore les antres et fumoirs des accrocs au chanvre indien.
Les cimetières devraient occuper une place particulière dans nos quartiers, dans nos villages et dans nos villes. Ils devraient être des parcs, des jardins où tout quidam irait se promener, se recueillir et méditer comme cela se passe sous d’autres cieux.
Nul n’est besoin de rappeler que dans la culture bantoue, le cimetière inspire du respect. Sans cimetière, le village n’a guère de stabilité. Qui plus est, la protection des morts est pour les bantous, la meilleure garantie du clan et de la famille. Car les morts sont censés veiller en permanence sur eux et partout sur le village. «Les morts sont des invisibles mai non des absents», dixit Victor Hugo.
Que les sénateurs, les députés, les maires, les administrateurs-maires, les conseillers et autres élus municipaux, les chefs ou présidents de quartier, les chefs de zone et de bloc soient, comme l’avait souligné Pierre Ngolo, le président du sénat, «des acteurs et non des observateurs». Qu’il vous plaise de nous aider à honorer et à respecter nos défunts, à rendre la propreté d’antan à nos cimetières, afin qu’ils redeviennent de véritables lieux de repos pour nos défunts et non des dépotoirs ou des débarras, ou encore des nids de serpents et de guêpes, des repères de bandits, des antres des vandales et des fumoirs des accrocs au chanvre indien. Ils doivent faire, enfin, de nos cimetières, des lieux très propres où, comme l’affirme le rituel catholique, «nos défunts reposeront en paix dans leurs tombeaux jusqu’au jour où Dieu les réveillera pour qu’ils voient la clarté de sa face, la lumière sans déclin, pour les siècles des siècles».

Dieudonné
ANTOINE-GANGA.

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