Désintégration et réformation; décomposition et recomposition. C’est la loi universelle du progrès: «Ordo ab chao». Tout système subit un effet d’entropie qui conduit à une perte de dynamisme, parce que l’énergie de ce système est dispersée et produit, par conséquent, moins d’effets organisés. C’est la perte de l’ordre, parce que «l’ordre tend, irrémédiablement, à décroître dans quelque système que ce soit».
C’est le sort inéluctable des sociétés étatiques. Elles sont semblables à «une cathédrale qui, à mesure que le temps passe, voit ses pierres, sa charpente, ses voûtes ou encore ses fondations s’abîmer jusqu’à ce qu’elle finisse un jour par s’écrouler sur elle-même»; c’est le «solve», la désintégration, la décomposition. C’est ce que l’on observe dans la plupart des pays africains, qui ont perdu l’énergie, l’ordre et l’éthique des indépendances.
La lente descente aux enfers, d’abord imperceptible, prend force et vigueur au cours du temps, au fur et à mesure que le laisser-aller et l’impunité se sacralisent; au fur et à mesure qu’aucune norme éthique n’est plus respectée. La société perd peu-à-peu son énergie éthique, se déconstruit et le désordre s’installe allégrement. Elle sombre dans l’état d’anomie.
Comment alors se renouveler? Comment passer du «solve» au «coagula»? Comment former une nouvelle substance sociétale solide? «Par une action sur les normes qui règlent la conduite des membres de la société», par l’instauration d’un ordre structurant.
Lorsque la société est en putréfaction, c’est-à-dire lorsque la pensée et la conscience collectives s’éloignent du bien, il faut qu’elle se brûle dans sa propre flamme, pour se débarrasser des impuretés, afin de renaître. Se brûler dans sa propre flamme est une forme de purification; contre la dissolution des mœurs, contre la tyrannie de l’insouciance, contre la mort du politique sur l’hôtel de l’argent et des honneurs, contre le cynisme de l’arrogance. Se purifier, pour construire une Cité nouvelle, vertueuse, fraternelle et solidaire. Se purifier, c’est redevenir tout simplement humain dans la Cité, pour la Cité.
Prométhée