Débordement, déluge, envahissement, grand remplacement des populations! Tout le monde y va de sa petite musique nauséabonde sur la pureté de la race. Ah, ces sauvages d’envahisseurs incapables de s’intégrer; des bandits de grand chemin qui décivilisent le Septentrion. On leur prend le pain, les femmes et on leur impose notre culture. Ils sont mécontents et durcissent les conditions d’entrée dans leurs territoires ou d’acquisition de leurs nationalités. Ils ont leurs raisons, purement politiciennes.
Il y a cependant l’histoire; et il y a surtout l’avenir. Pour l’histoire: quand, il y a quelques siècles, ils étaient plus nombreux que nous, ils nous avaient submergés; ils nous avaient dépouillés; ils nous avaient imposé leur culture; ils nous avaient déportés et nous avions fait leur fortune. Nous avions construit leurs villes. Nous les avions sauvés de leur propre barbarie. Nous les avions établis, par notre force.
Ils existent notamment par nos matières premières. Ils existent aussi par l’altérité de nos cerveaux. Ils ont même volé nos connaissances en les présentant comme les leurs. Nos théorèmes ont été expatriés par eux. Nous sommes submergés par leurs médias et par leurs marchandises. Nous sommes devenus leur marché. Mais, pour des raisons de politique politicienne, ils oublient tout cela. Ils oublient que la civilisation est au métissage. En réalité, c’est le métissage bronzé qui leur donne de l’urticaire. Ils en arrivent même à désanctuariser l’école, en y allant déloger une petite éphémère bronzée sans papiers, alors que leur propre législation l’interdit.
Pour l’avenir: aujourd’hui, la roue tourne. Nous devenons plus nombreux qu’eux. Nous sommes de plus en plus décomplexés par rapport à leur culture et à leur savoir. Ils sont vieillissants et nous sommes de plus en plus jeunes. Et si nous inversions la lutte contre la submersion?
Par exemple, pourquoi leur vendre notre pétrole? Pourquoi acheter leurs champagnes, leurs vins et leurs griffes? Pourquoi leur offrir des fréquences pour leurs radios et leurs émissions télévisées? Pourquoi leur accorder le monopole sur le transport aérien? Pourquoi leur donner nos voix dans les institutions internationales? Pourquoi leur accorder des privilèges exorbitants? Au fait, que deviendront leurs championnats sans notre submersion? Et leurs équipes nationales, ne gagnent-elles pas grâce à la submersion? Il n’y a aucune raison que nous soyons submergés par leur économie; construisions la nôtre et ils nous respecteront.
La leçon à tirer, c’est le nécessaire patriotisme et la radicalité éthique pour la construction de nos sociétés. Prométhée a transmis à toute l’humanité le feu créateur. Nous n’avons pas besoin du Septentrion pour répandre le bonheur autour de nous. Il n’y a pas de raison que les éphémères du Sud soient ainsi humiliés, parce que le septentrion a des problèmes de positionnement. De toute façon, la mondialisation les attend; ils n’échapperont pas au grand remplacement.
Prométhée