Parler d’un être cher qui nous a quittés, c’est à la fois un moment douloureux en pensant à ce qui ne sera plus, et un moment d’émotion en pensant à tout ce qui a existé entre nous. Comme l’a dit Alfred De Musset, «ce n’est que quelquefois qu’en perdant ceux qu’on aime qu’on sent combien on les aimait». Parler d’un être cher qui nous a quittés, c’est exprimer ce qu’il nous a inspiré.

Pour Ya Benjamin Bounkoulou, le premier mot qui me revient à l’esprit, c’est le mot: foi. Cette foi qu’il avait en Dieu et en Jésus; cette foi qu’il avait dans la prière.
Le deuxième mot est l’amour; cet amour qu’il avait pour les gens; cet amour qu’il savait transmettre et cultiver autour de lui; cet amour que nous avions pour lui. Cet amour qui lui permettait de créer et d’entretenir le lien, en dépit de la distance ou des années qui passent.
Le troisième mot est la fidélité en amitié.
Pour Ya Benjamin Bounkoulou, nous, ses amis, étions sa famille, la famille qu’il avait choisie. Il était toujours à nos côtés, tant dans nos malheurs que dans nos joies. Il ne cessait de me dire qu’il avait peur de la haine, peur de l’homme pervers dont l’amitié était incertaine et la fidélité en travers. Pour lui, l’amitié était la plus étroite des parentés. Son amitié était une vraie fidélité et non une brume du matin ou une rosée d’aurore qui s’en va. Enfin, pour lui, un ami était un cadeau dont la valeur ne pouvait pas être mesurée sauf par le cœur.
Le quatrième mot est l’humilité, cette vertu qui, aujourd’hui, ne jouit pas d’une grande estime, mais que Ya Benjamin Bounkoulou possédait en lui. Cette humilité dont il a fait montre dans ses fonctions tant de secrétaire général du Ministère des affaires étrangères, de conseiller diplomatique du Président Marien Ngouabi, d’ambassadeur que de ministre des affaires étrangères. Il appliquait à la règle cette pensée de Charles de Foucauld: «Que ceux qui sont les premiers se tiennent toujours par l’humilité et la disposition d’esprit à la dernière place, en sentiment de descente et de service».
Parler d’un être cher qui nous a quittés, c’est aussi entretenir son souvenir:
– le souvenir de son humanité et de sa bienveillance;
– le souvenir de son attention aux autres et de son intérêt sincère pour les autres;
– le souvenir de sa générosité, de son intégrité, de son intelligence et de sa capacité à se réinventer;
– le souvenir de son talent à créer le lien et à le maintenir;
– le souvenir de son rire, de ses blagues, de son sourire à la fois tendre, doux et sincère.
Parler d’un être cher qui nous a quittés, c’est surtout en dépit de notre chagrin, de notre tristesse, de notre douleur, la plus belle manière de lui exprimer notre amour et de lui dire qu’à travers nous, il continuera d’exister.
Ya Benjamin Bounkoulou, tu étais l’un de ces hommes politiques et humbles que, comme l’a écrit le ministre Joseph Ouabari, «le Congo a connus et connaît, non préoccupés par l’accumulation des biens et ne dérangeant personne, mais très attachés aux valeurs nationales communes». Le Congo où notre société est une société où ne règnent que l’arrogance, les intérêts égoïstes, l’injustice, l’exploitation et la violence dans chacune de ses expressions. Le Congo qui est en train de devenir malheureusement un pays où le désir effréné de posséder et de transformer les biens matériels en idoles est en train d’être légion.

Mon très cher Ya Benjamin Bounkoulou,
Tu m’avais dit, un jour, que tu n’aimais pas les coups d’encensoir. Cela faisait mal à la tête. Mais tu ne peux m’empêcher, en ces jours où Dieu t’a rappelé à lui, que je reconnaisse et célèbre en toi, le très haut fonctionnaire et le très grand diplomate qui nous ait quittés trop tôt, bien trop vite; mais ta mémoire restera dans mon cœur, dans nos cœurs et dans ceux de ton épouse, de tes enfants et de tes frères et sœurs.
Au revoir, Ya Benjamin Bounkoulou, repose en paix!

Dieudonné
ANTOINE-GANGA.

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