Dans la nuit du 14 au 15 février 1965, Lin Lazare Matsocota, alors procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Brazzaville, est enlevé à son domicile, en même temps que deux autres haut-fonctionnaires, Joseph Pouabou, premier président de la Cour suprême, ancien directeur de cabinet du Président Fulbert Youlou, et Anselme Massouémé, directeur de l’A.c.i (Agence congolaise d’information), par une escouade de la milice politique du pouvoir. Ils sont accusés de complot visant à renverser le régime du Président Alphonse Massamba-Débat à Brazzaville.
Lorsque les miliciens armés étaient arrivés au domicile de Lin Lazare Matsocota, ma mère, âgée de 14 ans, pointée en joue, est contrainte d’ouvrir la porte du domicile. Quelques jours plus tard, il est retrouvé assassiné. Ma mère et la veuve Matsocota doivent fuir. Elles trouveront refuge en France. Jusqu’aujourd’hui, maman a du mal à parler de ces événements douloureux. C’est au travers de livres comme l’élégant «Dossier classé» de Henri Lopès que j’en ai appris un peu plus.

Rose-Marie et Christian-Martial Poos

Lin Lazare Matsocota naît en 1931. Après ses études secondaires à Brazzaville, il étudie le droit en France. Militant de la Feanf (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), il occupe le poste de président de l’Association des étudiants congolais en France (A.e.c). Titulaire d’une maîtrise en droit, il rentre au Congo et est nommé procureur de la République, au début des années 60. Magistrat brillant et orateur exceptionnel, il attirait au tribunal, les jours de ses réquisitions, des foules qui venaient écouter, avec joie, cet «évolué» maîtrisant la langue de Molière.
Séduisant et très élégant, malgré son œil paresseux, le lettré attirait aussi les femmes. Il était d’ailleurs au cœur d’un triangle amoureux entre sa première épouse, Marceline Fila, Mambou Aimée Gnali et sa seconde épouse, ma tante, Catherine M’Piaka. En amatrice des songui-songui, j’ai découvert le «volet romantique» de la vie de Lin Lazare Matsocota au travers des livres écrits par les deux premières: «Ma vie avec Lin Lazare Matsocota» et «Beto na Beto, le poids de la tribu».
A l’issue du procès de son assassinat, en novembre 1969, sous le régime du Président Marien Ngouabi, les principaux accusés, l’ancien Président de la République, Alphonse Massamba-Débat, ses anciens Premiers ministres successifs, Pascal Lissouba et Ambroise Noumazalaye, et Claude-Ernest Ndalla dit Graille, membre du comité exécutif de la J.m.n.r (Jeunesse du Mouvement national de la Révolution) au moment des faits en février 1965, sont acquittés au terme des débats. Les seuls condamnés sont trois accusés en fuite. Les auteurs de ce triple crime n’ont jamais été retrouvés. Lin Lazare Matsocota a vécu. Dossier Classé.

Rose-Marie
et Christian-Martial POOS

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