Le Pasteur David Kani Ockonzi Morlendé était un homme d’engagement et de détermination. C’est ainsi qu’il s’est dévoué pour organiser l’assemblée générale qui a donné naissance au Coserco (Conseil supérieur des églises de réveil du Congo). Aujourd’hui, grâce à cette entité, les églises de réveil sont reconnues et le Coserco fait partie des institutions de la République. A ce titre, il est présent dans toutes les grandes rencontres organisées par l’Etat où les religieux sont impliqués. Ce qui constitue une grande avancée dans l’histoire des églises de réveil au Congo.
(Suite du numéro précédent)
Homme de communication, le Pasteur Kani a participé à plusieurs émissions télévisées et, d’ailleurs, il a lui-même animé une émission appelée «Challenge» sur D.r.t.v. Cette émission était très suivie par les téléspectateurs. C’est un organisateur né. On lui doit l’organisation de plusieurs activités comme «Brazza dans la gloire»; le méga réveillon de décembre 2008, avec les chantres internationaux Kool Matopée et Marie Missamou; la campagne de changement des mentalités au cours de laquelle le Président de la République avait remis le Congo entre les mains de Dieu; l’Overflow; la Dynamique de la stabilité de la Nation (D.s.n) au cours de laquelle il a abordé des sujets de justice sociale; «Women inside the Nation» (W.i.n) qu’il a dénommé le premier sommet de la femme, car c’est en vue de conduire à la prise de conscience des femmes pour jouer leur partition dans la Nation. Ce projet a été confié au pasteur Virginie Batchy, sa collaboratrice et partenaire de vie, le tournoi des E.r: même si le projet des Greniers de Joseph n’avait pas repris, le pasteur Kani a continué à s’occuper des enfants de la rue, car disait-il, «ce sont les enfants de la République, la rue ne peut pas avoir des enfants».
Dans le cadre de la Mission
Signe d’espoir, il fournissait des repas aux enfants de la rue et menait des descentes d’évangélisation pour les prostituées. C’est ainsi qu’il avait organisé un match sur le terrain du Lycée de la Révolution, à Ouenzé, entre les enfants de la rue et les orphelins de Ouenzé. Le trophée était un mouton: c’était la coupe du mouton, «ya ntaba». C’était une expérience très intéressante.
La conférence des aigles, organisée en partenariat avec des pasteurs venus du Gabon, comme le Pasteur Joël Fylla et le prophète Steeve Awoulawou, fils spirituel du Pasteur Gaëtan Piébi; la journée nationale de prière, le 16 février 2014, qui a fait couler beaucoup d’encre. Dans le cadre des préparatifs de cette journée, le Pasteur Kani est allé à la rencontre de tous les serviteurs de Dieu, quelles que soient leurs obédiences. Il est allé jusqu’à Mayama, pour rencontrer le mythique Pasteur Ntoumi, avec seulement une délégation de trois personnes. C’était un rendez-vous divin. Pour marquer son accord au projet, le Pasteur Ntoumi a envoyé environ 1.500 personnes dans ses propres véhicules ainsi que sa mère, sa sœur et le Pasteur Elta, son bras droit.
Au cours de cette journée, le Pasteur Kani, entouré des pasteurs comme le prophète Yaucat Nguédi, avait posé les bases de la symbolique pour bénir la Nation congolaise, en présence d’environ 7.500 personnes qui s’étaient rassemblées pour prier pour la Nation congolaise. Il y avait le drapeau national, la terre prise au rond-point de la Place de la République et la carte du Congo qui représentait tous les départements. Malheureusement, suite à une grande incompréhension et une confusion qui avait pour but de discréditer l’acte posé à cet endroit, le pasteur a passé trois jours de détention au Poste de police de Kibéliba.
Le pasteur Kani était un habitué des médias: c’est le cas à l’occasion des événements du 4 mars 2012, les explosions du dépôt de munitions de Mpila, au cours desquels il est passé à la télévision nationale pour adresser un message de réconfort et de consolation au peuple congolais qui était sous la stupeur, car il y avait eu de nombreux morts et d’importants dégâts matériels. Beaucoup de familles avaient tout perdu.
La vie personnelle du Pasteur kani
Le pasteur Kani est un homme d’engagement et de décision. Lorsqu’il s’engageait, il allait jusqu’au bout de ses promesses. C’est ainsi que finalement, il va se marier avec Adrienne, cette femme pour laquelle il avait pris le risque de traverser le Fleuve Congo en pirogue. Il était téméraire. De cette union sont nés trois enfants: Asaph; Marie Claire et Marissa. Malheureusement, le couple s’est séparé plus tard et, aujourd’hui, Adrienne n’est plus aussi de ce monde. Ses enfants se retrouvent orphelins de père et de mère.
Le Pasteur Kani avait contracté un second mariage qui n’avait pas été concluant. Pour lui, il fallait avancer, il était convaincu que Dieu avait prévu une personne pour le soutenir valablement dans son ministère. Ce n’était pas un homme qui baisse les bras sur un échec: il est resté convaincu que l’échec n’était qu’un tremplin. Il s’était, ensuite, engagé dans un nouveau projet de vie avec un partenaire qu’il a longtemps gardé loin des regards, pour éviter les détracteurs. Il était question qu’ils se marient en février 2016. Malheureusement, en novembre 2015, le pasteur fut victime d’un A.v.c (Accident vasculaire cérébral). Ce qui a contrarié la réalisation de ce projet de mariage. Ils ont décidé de garder secret ce projet, jusqu’à ce que le pasteur se rétablisse. Malheureusement, Dieu en a décidé autrement et nous rendons grâce à Dieu pour sa souveraineté.
En février 2015, il a célébré ses 25 ans de ministère. Il n’y avait que deux pasteurs présents dans la salle: le Pasteur Dadier Bitsambila de Pointe-Noire et l’apôtre Geoffroy de Brazzaville. Même les membres de sa famille n’étaient pas là. Il n’était entouré que d’une poignée de fidèles collaborateurs du Tabernacle de David et quelques amis très proches. Comme Katherine Kullman, à la fin de sa vie, il est resté très solitaire et il y a eu comme un repli sur soi. Cela aurait pu créer en lui de l’amertume, mais il est resté attaché au Seigneur jusqu’au bout, malgré toutes les péripéties de sa vie. Oui, le Pasteur Kani a gardé la confiance et l’espérance qui l’attachaient fortement à son Dieu, jusqu’à ce que le Seigneur le rappelle à lui.
Il y a eu beaucoup de douleur et de souffrance dues au fait qu’il a renversé des principautés qui s’opposaient au témoignage de Jésus-Christ. Pour cela, il avait besoin du soutien de ses frères serviteurs de Dieu. Il n’était pas toujours compris. C’est normal, le Pasteur Kani était un pionnier dans tout ce qu’il faisait et donc, lorsqu’il posait un acte, peu de gens comprenaient ce qu’il voulait faire. Les gens ont tendance à s’opposer, lorsqu’ils ne saisissent pas la portée prophétique des choses.
Il était plus que vainqueur dans le triomphe de la foi et il a surmonté toutes les épreuves qui se sont présentées à lui, sans faillir. Il aurait pu abdiquer, pour aller jouir des avantages matériels que sa famille pouvait lui offrir. Mais, il n’a pas cédé aux caprices des hommes et il a tenu fermement sur ses convictions, jusqu’à la fin.
Nous sommes convaincus que le ministère ne meurt jamais. C’est le cas pour Jésus-Christ. De son église, le Tabernacle de David, il ne reste qu’un noyau de frères et sœurs dont je fais partie. Ensemble, nous allons réfléchir sur la manière de garder sa mémoire vivante. Pour cela, nous aurons besoin de la participation et du soutien de tous. La leçon que nous avons tirée de sa vie, c’est qu’il y a toujours des hauts et des bas dans la vie d’une personne. Mais, le plus important, c’est la fin de toute chose.
Nous retenons aussi qu’il ne faut pas se fier à la foule qui vous entoure, lorsque vous êtes au zénith de votre vie, car elle est uniquement attirée par l’intérêt et par des motivations personnelles. Mais, il faut savoir que les personnes qui comptent sont celles qui restent attachées à vous, envers et contre tout, jusqu’au bout.
Conclusion
Parmi les prédications du Pasteur Kani, il y en a trois que je pourrais rappeler ici, tellement elles nous ont marqués à vie:
– le précieux est caché dans le méprisable: c’est un peu le récit de toute sa vie. Dieu cache toujours ce qui est important dans une couverture qui n’a rien pour attirer les regards, alors que l’homme aime ce qui frappe les yeux;
– les filles de Tselophchad avaient raison: c’est au sujet de la loi sur l’héritage des filles. Les filles de Tselophchad étaient allées voir Moïse pour revendiquer l’héritage laissé par leur père, car il n’avait pas eu de fils;
– le passage de 1 Samuel 2:8: «De la poussière, il retire le pauvre, du fumier il relève l’indigent, pour les faire asseoir avec les grands. Et il leur donne en partage un trône de gloire. Car, à l’Eternel sont les colonnes de la terre et c’est sur elle qu’il a posé le monde». Il ne manquait jamais de mentionner ces versets, pour insister sur la souveraineté de Dieu et sur le fait que Dieu ne fait exception de personne.
Il y a des expressions qu’il aimait beaucoup dire comme: «Dieu est fidèle dans sa fidélité»; «Il n’y a rien, c’est l’homme qui a peur»; «C’est Dieu qui est fort».
Nous garderons toujours en mémoire sa bienveillance, son sourire chaleureux et sa passion pour la vie. Le Pasteur Kani a achevé sa mission sur cette terre et il a combattu le bon combat. Il mérite sa couronne de gloire. Son ministère continue à travers tous ceux qu’il a conduits à connaître le Seigneur et ceux qu’il a aidés à mieux comprendre ce qui était caché dans la Parole de Dieu. Il a laissé des semences qui vont continuer à œuvrer et porter des fruits, jusque dans l’éternité. Il a formé des serviteurs et produit des ministères.
Nous sommes le faible reste du Tabernacle de David; nous sommes les fruits de sa vocation et les porteurs de sa vision. Ses enseignements ont forgé le caractère de nombreux fidèles jusqu’à ce jour. Beaucoup de jeunes sont restés marqués par ses idéaux de grandeur et d’excellence. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas. Nous sommes fiers, parce qu’il a tenu jusqu’au bout. Jusqu’à la fin, il n’a jamais décroché: il est resté ancré dans la Parole de Dieu. Même s’il n’avait plus de voix pour le louer, il louait Dieu dans son cœur, jusqu’à ce jour où son cœur a cessé de battre. Ce n’est pas la maladie qui l’a emporté; il a décidé et accepté de partir. C’était un grand homme. Le Pasteur Kani a aimé Dieu par-dessus tout. C’est avec une grande joie que nous irons le retrouver dans la Maison du Père. Adieu, cher pasteur, coach, leader et mentor! Tu étais devenu notre papa à tous, aux plus jeunes et aux moins jeunes. Ton souvenir restera gravé dans nos cœurs.
Virginie Léopodine
BATCHY