Il s’appelait David Kani Ockonzi Morlendé. C’était notre leader, notre pasteur, notre mentor, notre papa. Chacun, chacune de nous a une histoire avec lui. Chacun peut raconter son témoignage et les histoires du Pasteur Kani qui l’ont marqué. Pour nous, c’était une personne extraordinaire: il est parti trop tôt. Nous avons perdu un être cher en la personne du Pasteur Kani, dont la vie était marquée par l’amour du prochain, le don de soi, l’excellence, le goût du travail bien fait, le respect de l’autre, la gentillesse et la générosité, pour ne citer que ceux-là. Il n’était pas parfait, mais c’était notre pasteur.

Parcours de vie

Né le 2 janvier 1972, à Brazzaville, le Pasteur Kani a passé une partie de son enfance à Brazzaville et ensuite, il s’est rendu en France avec ses parents. Plusieurs lieux ont marqué son parcours et sont restés à jamais gravés dans sa mémoire. Il en parlait souvent dans ses prédications. C’est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants et il va jouer son rôle de leader, afin de protéger ses cadets de l’influence des gangs du quartier.

Virginie Léopodine Batchy

Comme c’est l’aîné, c’est lui qui est souvent en contact avec l’extérieur et il va faire des rencontres. Il nous a fait son témoignage de «bad boy» (mauvais garçon): il se livrera même au trafic de drogue, pour se faire de l’argent. Mais curieusement, il n’avait jamais pris la drogue. Les parents sont inquiets sur la tournure que prend sa vie, alors qu’il n’a pas encore 18 ans, âge fatidique en France où les enfants peuvent décider de l’orientation à donner à leur vie.
En 1988, par un concours de circonstances, il accepte et décide de rentrer au Congo. En fait, cette décision est la réponse à la prière de sa mère, Maman Marie Noëlle, qui voit son fils prendre la tangente. C’est alors que sa grande-soeur, Edith, va venir le chercher et le ramener au pays. Il est inscrit dans un collège privé à Brazzaville, pour suivre l’enseignement du Cned, afin de continuer avec le système français. Mais, il n’a plus goût à l’école. Les études l’ennuient au plus haut point.
En 1989, sur invitation de Maman Isa, sa tante, qui a rencontré le Seigneur, il va aller, pour la première fois, dans une église de réveil, dans la Rue Makoko, à Poto-Poto. Ce jour-là, il y avait un pasteur de la RD Congo, qui faisait son témoignage de conversion et il avait l’impression que cet homme racontait sa vie. C’est là qu’il va donner sa vie au Seigneur.
Par la suite, il va fréquenter l’Assemblée de Dieu de Moukondo et c’est là qu’il va rencontrer les Pasteurs Ndéké et Mampouya qui animent des réunions de prières pour les jeunes. Il va intégrer ce groupe des jeunes du réveil et son leadership va se manifester, car il sent l’appel de la braise.
En 1991, les choses vont très vite, car le Centre missionnaire de Néhémie va naître et il est envoyé à Pointe-Noire avec le Pasteur Christian Koumba, pour mettre en place la cellule de Pointe-Noire. Rapidement, cette cellule basée à Tié-Tié va grandir pour devenir une église.
En 1993, le Pasteur Kani reçoit une bourse, offerte par sa famille, pour aller faire une formation de missionnaire à Montauban, dans le Sud de la France. Le Pasteur Kani est très discret sur sa famille. Il n’en parlait pas librement. Il ne voulait pas se booster comme certains aiment le faire.
En 1995, il repart au Centre missionnaire de Montauban, pour compléter sa formation. Au retour, lorsqu’il revient à Pointe-Noire, au Centre de Néhémie, c’est la scission entre les deux porteurs de vision. Le Pasteur Kani choisit de saisir cette opportunité, pour commencer le ministère qu’il avait reçu de Dieu. Il ressent la nécessité de lancer son ministère. Il remonte donc à Brazzaville et commence par mettre en place le projet des Greniers de Joseph. C’est une orientation qu’il a reçue de la part du Seigneur qui repose sur deux piliers: contribuer au développement de l’homme; influencer la destinée. Les buts sont restés les mêmes à savoir: former; évangéliser; soutenir l’implantation d’œuvres ou de ministères dans le Corps de Christ.
En juin 1997, la guerre éclate au Congo, en pleine ouverture officielle du projet à caractère socio-économique, «Les Greniers de Joseph». Il avait réhabilité une maison à Ouenzé, dans la zone de l’Hôpital Jeanne Vialle, pour créer un espace d’hébergement, un restaurant, une bibliothèque, une salle de réunion et un coin culturel. Tous les dimanches, des groupes chrétiens venaient faire des prestations culturelles et les chrétiens venaient se retrouver pour partager et échanger. L’ouverture officielle avait eu lieu le 4 juin 1997. Et le 5 juin, la guerre éclate…
C’est la débandade. Le Pasteur Kani se retrouve au Gabon avec ses grands-parents auprès de sa sœur devenue l’épouse du Président Bongo. Mais, il ne peut pas rester en sécurité au Gabon, alors qu’il a laissé Adrienne, sa fiancée, à Brazzaville. Il prendra le risque de venir atterrir sur Kinshasa et de traverser en pirogue sur Brazzaville.
C’est à la fin de la guerre que le Centre francophone Tabernacle de David va naître. Il a évangélisé les jeunes et les mamans dans le quartier. Parmi les jeunes du quartier qui se sont convertis sur la prédication du Pasteur Kani, il y a son inconditionnel fils, le frère Isaac, connu de tous. Il était allé piller avec d’autres jeunes et le Pasteur lui avait demandé d’aller rendre la marchandise. Comme il ne savait plus à qui ces choses appartenaient, ils ont tout brûlé. Depuis ce jour, Isaac s’est dépouillé de tous les fétiches de sa famille et s’est attaché au Pasteur Kani à qui il est resté fidèle jusqu’à sa mort. Aujourd’hui, il sert auprès de la famille du Pasteur Kani. La première personne à semer dans son ministère, c’est sa propre maman: les chaises et la sono.

Héritage et impact

En tant que mentor, le Pasteur David Kani Ockonzi Morlendé a inspiré de nombreuses personnes à donner leur vie à Christ et à s’engager dans le ministère au service de Christ. Il a aussi encouragé beaucoup de jeunes à poursuivre leurs rêves et à croire en leur potentiel. Son amour pour les autres était incommensurable. Il mettait en pratique les principes de Jésus qui consistent à aimer son prochain de façon inconditionnelle, à faire du bien aux autres. Cette nature l’a conduit à s’impliquer dans divers projets dans lesquels il a sensibilisé et mobilisé les gens à se conformer à la Parole de Dieu.
C’était un adorateur, il aimait chanter pour le Seigneur et était très sensible à la louange francophone. Dans le cadre du Projet Totale Expression, il a organisé la venue du groupe international de louange, Exo, à Brazzaville, pour la première fois en Afrique centrale. Il a produit un single intitulé «La voix du bon berger», dans lequel je l’ai accompagné: c’est moi qui lis les versets du Psaume 23.
L’Evangéliste Gaëtan Piébi sollicite l’accompagnement du Pasteur Kani, pour les préparatifs de la Journée nationale de prière du Gabon, qui a connu un grand succès. A cette occasion, c’est le Pasteur Kani qui avait écrit le mot que le Président Bongo va lire au stade, devant tous les chrétiens et les autorités gabonaises, pour remettre le Gabon dans les mains du Seigneur. Il était celui qui tirait les ficelles, mais il est resté dans l’ombre, sans attirer l’attention de tous sur lui. D’autres à sa place auraient sûrement tout fait pour attirer les deux des paillettes sur eux. C’est l’une des qualités du Pasteur Kani, le don de soi.
Quelque temps après, il va participer à un pèlerinage en Israël, dénommé Israël tour, en 2008. C’est un moment très fort dans sa vie. Car, il va faire alliance avec Dieu sur deux sites différents: le jardin de Gethsémané et le Mur des lamentations. C’est lors de la visite du palais et de la tombe de David qu’il décide d’ajouter un prénom sur son acte de naissance, car il n’avait jamais eu de prénom. Il décide de prendre comme prénom celui du Roi David.

Virginie Léopoldine BATCHY
(La suite dans la prochaine édition)

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