Thierry Paul Ifoundza, médecin-écrivain
«La troisième édition du Filab
a été un grand moment d’échanges!»
La troisième édition du Filab (Festival international du livre et des arts assimilés du Bénin), qui s’est tenue du 9 au 11 octobre 2025, dans l’Amphithéâtre Houdegbe de la Faculté des lettres de l’Université d’Abomey-Calavi, à Cotonou, a eu pour fil conducteur: «L’industrie culturelle à l’ère du numérique». Le Filab a pour but de promouvoir les cultures africaines et de renforcer le rôle de la littérature dans l’identité collective du continent. Parmi les quinze pays invités, il y avait le Congo-Brazzaville. Thierry Paul Ifoundza, médecin-écrivain d’origine congolaise et basé en France, y a pris part. Dans cet échange, il nous livre ses impressions.
* Vous êtes un habitué du Filab! Qu’est-ce qu’il y a eu de nouveau, à cette troisième édition, par rapport aux éditions précédentes?
** D’abord l’affluence! Il y a eu les représentants de pas moins de quinze pays africains. En effet, outre le Bénin, pays-hôte, j’ai noté la présence du Togo, pays qui était invité d’honneur et qui avait une très forte délégation, le Sénégal, le Tchad, le Cameroun, le Gabon, le Rwanda, la Cote d’Ivoire, le Congo-Brazzaville, l’Algérie, Haïti, etc, sans compter les auteurs et écrivains venus d’Europe comme moi. Nous étions trois Congolais: Ferréol Constant Patrick Gassackys, Gaylord Fortune Pouabou et moi-même.

Ensuite, le choix de la thématique de cette troisième édition du Filab: «L’industrie culturelle à l’ère du numérique». Cette thématique m’a paru appropriée. Et pour cause: le numérique s’est incrustée dans nos vies, les bouleversant pour ainsi dire. Personne, aujourd’hui ne peut s’en passer. Le numérique influe sur nos pensées et nos interactions; il agit comme un facilitateur dans la production des œuvres artistiques et littéraires; il permet l’éclosion des talents avec le phénomène de l’autoproduction qui prend de l’ampleur; il facilite une diffusion plus large du livre et des arts dans les quatre coins du monde.
Mais, tout n’est pas acquis avec le numérique. Le sens de l’intelligence artificielle dans l’industrie culturelle reste à trouver, parce qu’avec l’I.a, c’est la créativité qui pourrait vite en pâtir. Les participants ont été unanimes pour dire que les acteurs de la chaîne du livre doivent s’adapter aux nouvelles technologies. Enfin, j’ai été décoré de la médaille de promotion de la culture africaine. Et je ne sais si c’est un mérite ou un salaire. En tout état de cause, je m’efforcerai d’en être à la hauteur.

* Il y a eu aussi, accessoirement, la question de l’identité de l’écrivain…
** Ce thème a été abordé lorsqu’il s’est agi de la littérature togolaise. Je rappelle que le Togo a été le pays invité d’honneur. Des points de divergence sont apparus, notamment sur les identités des premiers écrivains togolais. En effet, selon l’écrivain Koudossou Fioklu Maurille, chef de la délégation togolaise, le mixage des populations des zones frontalières fait que quand certains déclarent que tel auteur est Béninois, d’autres le considèrent comme Togolais.
Pour ma part, j’ai rappelé que le problème identitaire de certains écrivains n’est pas spécifique aux pays ouest-africains. Le cas de l’écrivaine russophone Svetlana Alexievitch, lauréate du Prix Nobel de littérature 2015, en est une parfaite illustration. Quand certains la présentaient comme une Ukrainienne, d’autres la considéraient comme une Biélorusse.










