On a l’impression que tout d’un coup, la société congolaise est prise d’alarmisme. Une certaine psychose se manifeste. Certains compatriotes pensent qu’un événement catastrophique va frapper le pays, au regard de ce qui se passe. Une connaissance qui vous dit de ne plus rentrer tard la nuit, un autre qui vous conjure de ne plus accepter d’aller manger chez n’importe qui (comme si avant on mangeait avec n’importe qui), un autre qui vous conseille de ne plus vous rendre dans tel quartier, d’éviter d’utiliser les mêmes voies pour rentrer chez vous, de ne pas répondre aux appels téléphoniques des gens inconnus, de ne pas accepter n’importe quel rendez-vous. Bref, l’alarmisme! Les adeptes de cette tendance y vont avec force conviction.
Le déplacement du pasteur Ntumi à Dolisie a alimenté cette tendance à l’alarmisme, propageant inquiétudes et indignation au sein de l’opinion durant son séjour dans la troisième ville du pays. Certains ont carrément laissé entendre autour d’eux que l’ancien chef rebelle du Pool est allé attaquer Dolisie avec des centaines de ninjas-nsiloulou. Quand bien même la bonne information a été donnée par les médias et les réseaux sociaux, quoique tardivement, des rumeurs alarmistes ont continué à circuler, quelques jours après son départ de Dolisie, pour regagner son fief dans le Pool.
A vrai dire, cette montée de l’alarmisme dans la société congolaise n’est pas surprenante. Elle est la résultante de la combinaison de plusieurs facteurs. L’impact des réseaux sociaux avec la diffusion crûment des faits alarmants, la crise économique et ses conséquences sociales comme le chômage, les retards de salaires, des pensions, la faillite des initiatives et les difficultés de toutes sortes, l’incertitude de l’avenir, l’insécurité créée par les groupes de bandits bébés noirs ou kulunas, le manque de confiance entre responsables, l’absence de solutions ou le retard de solutions aux problèmes quotidiens des populations, la communication peu efficace des gouvernants sur certaines situations auxquelles les populations sont confrontées, etc.
Même si leurs causes sont expliquées, tardivement du reste, les privations récurrentes d’électricité et d’eau courante ont leur part de choc psychologique négatif dans la société congolaise. Comment peut-on imaginer une vie sans eau courante et sans électricité en ville? Dire que le problème sera réglé suffit-il pour rassurer? Certains pensent qu’il y a une incompétence humaine à sanctionner.
Il est vrai que rentrer tard dans certains quartiers de Brazzaville et de Pointe-Noire expose à de gros risques d’insécurité. De nuit comme de jour, l’on voit que les bébés noirs ou les kulunas attaquent les paisibles citoyens avec des armes blanches et distribuent la mort comme un jeu d’enfants. Le gouvernement a lancé l’opération coup de poing pour faire face à ce phénomène. Mais, on n’a pas vu dans les médias, des autorités expliquer le bien-fondé de cette opération, sa mise en œuvre, la prévention des dérapages, etc. Au contraire, cette opération a apporté aussi son choc psychologique au sein de la société, puisque les parents qui ont vu leurs enfants, présumés innocents, ne savaient pas à quel saint se vouer pour obtenir leur libération.
Il faut un système de communication amélioré, des dialogues rationnels entre gouvernants et gouvernés à travers des échanges constructifs, pour dissiper cette tendance à l’alarmisme qu’on remarque au sein de la société congolaise où certains cèdent facilement à la psychose, suivant les difficultés qu’ils rencontre.
L’HORIZON AFRICAIN