Dans la gestion publique, c’est un abécédaire qu’on ne peut jamais atteindre des résultats, si on se montre tolérant aux anti-valeurs. Lutter contre les anti-valeurs ne veut pas non plus dire chasse aux sorcières. Mais, lorsqu’aux yeux de l’opinion, un cadre s’est rendu coupable d’indélicatesse dans la gestion publique, surtout financière, faire profil bas pour laisser passer l’indignation publique et continuer la vie sans rien décider, est à éviter. Car, on ne peut pas à la fois dire qu’on lutte contre les anti-valeurs et qu’on protège en même temps ceux des cadres qui s’y illustrent.
Au regard de l’affaire Figa, il y a lieu de se demander si notre administration publique, avec les cadres qui la dirigent, est d’un niveau de performance à accompagner le développement du pays. Voyez par exemple, on met des fonds pour soutenir le secteur privé, encourager la création des entreprises de façon à stimuler l’emploi et lutter contre le chômage qui affecte des promotions entières de nos jeunes qui sortent du système éducatif, ces fonds finissent par servir les besoins de quelques responsables publics.
Dans le secteur de la communication par exemple, on a créé la Rav (Redevance audiovisuelle) pour soutenir les médias dans la production d’une information de qualité, au nom du soutien de l’Etat à la presse. Mais, les médias ne voient rien et cela fait plus de vingt ans que ça dure. On crée une compagnie aérienne nationale, comme d’autres pays l’ont réussi, elle est précipitée dans la faillite par les appétits gourmands de ses dirigeants. Le Fespam, le festival de musique, n’est plus que l’ombre de lui-même à cause de la mauvaise gestion sur laquelle on a fermé les yeux. On peut comme ça multiplier les exemples qui illustrent la mauvaise gouvernance ou en tout cas le faible niveau de performance de notre administration publique.
Souvenons-nous d’un débat à l’assemblée nationale où un député de la majorité a posé à un ministre la question de savoir ce qu’était devenu le financement d’une route qui n’a jamais été réalisée, alors que les fonds étaient sortis du trésor public. Les jours suivants, c’est à peine si on a fait sentir à l’élu qu’il avait tort de soulever une telle question qui paraissait comme un règlement de comptes à son frère. Mais, qui se soucie de l’Etat qui perd de l’argent, des populations qui sont pénalisées par ces pratiques de gestion qui retardent le développement national?
L’ancien président de la commission anti-corruption a été remercié, parce qu’il avait osé ouvrir une enquête sur une affaire impliquant un membre du gouvernement. Sans doute que l’actuelle commission anti-corruption travaille bien, parce qu’elle se limite à la sensibilisation.
Il est clair que la volonté du Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, de développer le pays, de soutenir la jeunesse en mettant en place les conditions de création d’emplois dans le secteur privé est contrariée par les cadres appelés aux hautes responsabilités de gestion publique, qui privilégient leurs intérêts, plutôt que l’intérêt général. Hier, on était scandalisé par la gestion du Fonds de soutien à l’agriculture, une structure mise en place en 2005, au nom de la diversification de l’économie, pour assurer le financement des activités de production agricole, pastorale, halieutique, etc. La mauvaise gestion, par l’octroi de crédits à des cadres qui avaient besoin de construire leurs maisons et financer leur grand train de vie a fini par vouer à l’échec ce travail de financement public de l’agriculture. Sans doute, il faut encore à l’opinion nationale avaler des couleuvres qu’il ne s’est rien passé au Figa, malgré un rapport éloquent du comité de direction sur sa gestion scabreuse. Qui aime bien châtie bien, dit l’adage. Si on aime le pays et qu’on veut le voir se développer, suivant les efforts consentis par ses dirigeants et son peuple, il ne faudrait pas alors cultiver la tolérance envers les anti-valeurs.
L’HORIZON AFRICAIN