C’est par la délibération n°112-58 du 18 novembre 1958 que l’ancien territoire du Moyen-Congo fut érigé en Etat membre de la Communauté et devint la République du Congo. Mais qu’est-ce que la République?
La République est «la chose publique. Elle est État, quelle que soit sa forme de gouvernement où des représentants élus par le peuple sont responsables devant la Nation». C’est pourquoi la République s’est, de tout temps, voulue vectrice de message de liberté, de paix, de concorde et de justice. La République, c’est faire de l’individu le responsable de la vie, non seulement vis-à-vis de lui-même, mais aussi de la collectivité. La République, c’est mettre au premier plan, le respect de la dignité de l’homme, rejeter le tribalisme, les néo-tribalismes, le régionalisme et c’est bannir les imprudences de ceux qui prétendent savoir ou avoir raison.
La République, c’est aussi enseigner la citoyenneté responsable non seulement de façon formalisée, mais aussi par l’exemple et par le dépassement de soi. La République, c’est enfin veiller à l’avenir de tous les Congolais. Cet avenir, il appartient à tous de l’imaginer et de le promouvoir. Car, comme l’a dit Carrel, «l’avenir n’appartient qu’à ceux qui risquent tout pour un idéal. Et la sagesse n’est pas de vivre pour ne rien faire, pour s’amuser stupidement, mais c’est de vivre héroïquement», ajoutait-il. De son côté, Nelson Mandela nous dit: «Grâce aux efforts conjoints des hommes, l’injustice peut être vaincue et que tous peuvent connaître une vie meilleure».
De son côté, Mgr Michel Bernard, alors archevêque de Brazzaville, affirma, dans une de ses homélies devant le premier Président de la République, l’abbé Fulbert Youlou, les membres du gouvernement et les Congolais venus assister à la messe: «Demain, et je rappelle ici les pensées de Jean XXIII, demain, pour prendre sa place dans le monde, c’est de volonté que devra faire preuve le nouvel Etat et nul ne saurait contester que le mot implique une décision de discipline, d’effort continu et de sacrifice.
Il n’est pas de vie sociale possible, pas de vie nationale concevable, si, quand le bien commun l’exige, les intérêts particuliers ne savent pas céder le pas, s’il n’y a pas pour tous les membres de la Nation une communauté de destin, si les plus favorisés par la situation et la culture ne savent pas en toute générosité se mettre au service de leurs frères les plus dépourvus.
Seuls un grand courant d’enthousiasme, un amour passionné du pays peuvent nourrir cette volonté d’effort et de sacrifice, seuls ils peuvent faire taire les particularismes stérilisants, seuls ils peuvent conjurer la création de blocs hostiles qui opposeraient violemment dans la Nation d’une part les mieux pourvus et de l’autre ceux qu’écraserait le sentiment d’une injustice.
C’est une tâche magnifique qu’offre à nos dirigeants le Pape Pie XII ‘’de contrôler, aider et régler les activités privées et individuelles de la vie nationale pour les faire converger harmonieusement vers le bien commun’’».
Notre République, en 64 ans d’existence en novembre prochain, pouvons-nous affirmer sincèrement et avec fierté, qu’elle s’est voulue vectrice de message de liberté, de paix, de concorde et de justice? Notre République aurait-elle mis en premier plan, le respect de la dignité de l’homme? Aurait-elle rejeté le tribalisme, le néo-tribalisme, le clanisme, le régionalisme? Notre République, aurait-elle, etc, etc, etc? Je laisse à chacun de nous, de répondre, franchement, en se regardant dans le miroir, à toutes ces questions que je me permets de soulever ici.
D’autre part, en 64 ans d’existence, l’esprit de la République nous a-t-il animés pour diffuser partout les valeurs, la promotion de chacun, la capacité à être digne en toutes circonstances, la lutte contre le tribalisme, contre le népotisme, contre le favoritisme, contre le clanisme, contre l’exclusion, contre la brutalité? Je ne pense pas.
C’est pourquoi je requerrais patriotiquement qu’il nous plaise de promouvoir la culture de paix, de combattre la haine et la violence et d’éviter d’en être des complices tacites. De combattre aussi le tribalisme par la connaissance de l’autre. Car, c’est l’ignorance qui provoque la peur de l’autre. Croyons à l’intégration de la différence. C’est pour cela qu’il nous faut apprendre, très tôt, aux jeunes à respecter l’opinion de celui qui pense autrement. «Il nous faut diligenter avec vigueur la conquête de la paix dans les cœurs et les consciences de nos compatriotes…», dixit le Président Denis Sassou-Nguesso.
Quelle République laisserons-nous aux générations futures? Celle des bébés noirs et des koulounas ou celle qui sombre dans la misère, dans la clochardisation, dans le chaos économique et social ou encore celle où les anti-valeurs sont et seront légion? Il revient à notre génération de dénoncer, courageusement et sans complaisance, tous ces maux qui contrecarrent le développement harmonieux de notre République, notre pays, notre Etat, le Congo, pour que notre triste et honteux passé ne devienne pour les jeunes d’aujourd’hui et pour les enfants qui naîtront demain, leur avenir.
Construisons donc du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, de Liranga à Boko, de Kakamoueka à Épéna, notre République dans l’Unité, le Travail et le Progrès, comme le dit si bien notre devise. Qui plus est, comme l’a si bien affirmé Martin Luther King Junior «nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots». Car «plus que jamais, l’Etat a besoin que chaque Congolais se mobilise, pour permettre sa continuité et son émergence. Cette mobilisation devrait s’effectuer à plusieurs niveaux, en partant du sommet avec les pouvoirs publics, jusqu’à la base avec la société civile… Chaque citoyen et résident doit comprendre qu’il a une part de responsabilité et sa pierre à apporter à l’édifice que représente la République du Congo», dixit notre compatriote Lydie Patricia Ondziet.
Oublions donc ce qui nous divise; soyons plus unis que jamais, en donnant la priorité à notre République, à notre Etat, à notre pays, le Congo qui est un grand chantier; et ce, pour la véritable paix, afin que tous les Congolais vivent dans le bonheur, dans l’harmonie, dans la liberté, dans l’égalité, dans la fraternité, dans la tolérance et dans la paix véritable voire pérenne. Jusqu’à quand, nous Congolais, nous attendrons pour avoir une République où nous vivrons, les uns et les autres, «dans la paix des cœurs et la tranquillité des esprits»?
La République du Congo, dont le peuple a connu et continue de connaître les rançons macabres de la violence, de la haine, de la mort gratuite, de la misère et de l’exclusion, reste un grand et permanent chantier à reconstruire. Comme l’a dit le Pape François, «le grand chantier de la reconstruction doit permettre l’amélioration des infrastructures et répondre aux besoins matériels, mais aussi -et c’est plus important- promouvoir la dignité humaine, respecter les droits de l’homme et la pleine intégration de tous les membres de la société».
Je reste convaincu que notre pays, la République du Congo, peut retrouver sa grandeur et son unité, sans que l’on ne construise entre nous des murs de haine, de tribalisme, d’exclusion et des préjugés. Les uns et les autres, ayons seulement la très ferme volonté patriotique et politique d’y parvenir. Là où il y a de la volonté, il y a une route. Est-ce que nous avons cette volonté? That is the question, comme disent les Anglo-Saxons!
Vive la République du Congo! Vive notre beau et riche pays!
Dieudonné
ANTOINE-GANGA