Tribune

Pascal Tsaty-Mabiala a-t-il des leçons politiques à donner à Isidore Mvouba ?

C’est par une conférence de presse tenue le vendredi 12 avril dernier, au siège de son parti, l’U.pa.d.s, à Brazzaville, que le député chef de l’opposition politique, Pascal Tsaty-Mabiala, a cherché à réagir à une anicroche qu’il a lui-même aggravée et qui s’est produite lors de la séance de questions orales avec débats, le lundi 8 avril 2024. Dans cette conférence de presse, Pascal Tsaty-Mabiala accuse le Président de l’Assemblée nationale de lui avoir coupé la parole, en ne lui accordant que 5 minutes, alors qu’il avait 6 questions posées et que, pour lui, il devait répliquer pendant 30 minutes, à raison de 5 minutes par question. Ce que ne prévoit pas le règlement intérieur. Devant ce fait, le député Tsaty-Mabiala a préféré quitter la salle, en pleine séance, alors qu’il avait déjà parlé pendant 15 minutes, au lieu des 5 minutes réglementaires.

Dans sa conférence de presse, Pascal Tsaty-Mabiala accuse Isidore Mvouba de «s’illustrer par une volonté récurrente de frustrer le débat et l’action parlementaires, parfois allant jusqu’au procès d’intention à l’égard des honorables députés qui ne sont pas de son bord politique. Outre que ces accusations n’étaient que l’alibi pour m’empêcher de m’exprimer sereinement et aller au fond du débat, mais, en plus, le président de l’Assemblée nationale, ignore-t-il que l’assemblée nationale est une institution politique au sein de laquelle les règles ne s’appliquent pas toujours avec la même rigueur en fonction de la nature de la question en débat. Justement pour celle-ci, je disposais de 30 minutes et n’en avais consommé que 15, au moment où il me coupe le micro avec désobligeance. Et combien en a pris le Premier ministre? Près d’une heure, sans être interrompu. Vous voyez comment c’est flagrant. Donc, les députés, pas seulement nous de l’opposition, mais tous les députés je crois, nous avons droit à cinq ou dix minutes maximums. Les membres du gouvernement peuvent parler tout le temps qu’ils veulent. Le Premier ministre peut parler même pendant une heure, la parole ne lui sera jamais coupée, alors que tous, nous devons être traités de la même manière, avec le même temps de parole. Et lui-même le Président de l’Assemblée nationale, est-il si respectueux du règlement intérieur comme il le prétend. Si oui, alors peut-il nous dire, en quoi les dispositions du Titre 5, du règlement intérieur, ci-après, sont-elles rigoureusement et régulièrement appliquées?».
Isidore Mvouba, président de l’assemblée nationale
Puis, Pascal Tsaty-Mabiala a lu les dispositions du Titre 5 relatives à l’exécution du budget de l’Assemblée nationale que, d’après lui, Isidore Mvouba ne respecte pas. «Il s’agit de l’apurement des comptes. Demandons bien au président de l’Assemblée, si lui, il se conforme à ça, lui qui est si respectueux, dit-il, du règlement intérieur», a-t-il poursuivi.
«Par ailleurs, comment peut-on traiter avec désinvolture, un député, chef de fil de l’opposition, de rebelle et de colporteur de fausses nouvelles, lui dont l’apport dans l’apaisement de la vie politique nationale ne peut être nié et qui, par esprit républicain, a souvent contribué à faire voter des lois sensibles, touchant quelques fois à la souveraineté nationale, que l’opposition, à raison, aurait pu rejeter?», s’est-il interrogé par la suite.
Pascal Tsaty-Mabiala
De notre part, il y a lieu de nous interroger aussi, si actuellement, Pascal Tsaty-Mabiala est légitimement fondé à donner des leçons politiques de respect des textes juridiques à un collègue, grand acteur politique de ce pays, comme Isidore Mvouba?
A-t-il, lui Pascal Tsaty-Mabiala, respecté les textes fondamentaux de son parti qui lui font obligation d’organiser un congrès tous les cinq ans? D’où tient-il son mandat actuel de premier secrétaire de l’U.pa.d.s? A une reconduction tacite et silencieuse des militants de son parti? L’U.pa.d.s ne fait-elle pas actuellement face à une fronde, mieux à une rébellion interne, à cause du non-respect de ses textes fondamentaux par son premier secrétaire qui est à son deuxième mandat usurpé? Et comment y a-t-il répondu? N’est-ce pas en sanctionnant les cadres du parti qui lui rappellent simplement les fondamentaux de leurs textes juridiques?
Pour ce qui concerne l’apurement des comptes, si Pascal Tsaty-Mabiala prenait à cœur ses fonctions de député, il aurait su qu’une commission d’apurement des comptes a été bel et bien mise en place, par le Président de l’Assemblée nationale, par voie réglementaire. A ce jour, les documents nécessaires à cette opération ont été transmis aux membres de cette commission dont fait partie un député de l’U.pa.d.s en la personne de l’honorable Pascal Leyinda.
Enfin, en quittant spectaculairement la séance, Pascal Tsaty-Mabiala est loin de s’imaginer que ce n’est pas au Président de l’Assemblée nationale qu’il a fait un désobligeant pied de nez, mais bien à l’institution à laquelle il appartient, nonobstant le fait que la séance était retransmise en direct dans les médias audiovisuels. Même s’il n’est pas d’accord avec la décision du Président de l’Assemblée nationale de lui couper la parole, il sait pertinemment que celui-ci agissait en fonction du règlement intérieur.
En homme politique responsable, il aurait pu prendre son mal en patience et soulever ses exceptions bien après, au lieu d’infliger à l’assemblée nationale une indignité qui froisse son image, en quittant la salle. L’acteur politique de longue expérience qu’il est, sait fort bien que les situations «frustrantes» surviennent malheureusement dans la vie politique, il faut avoir le courage de les aborder. Mais, à être susceptible à fleur de peau et à agir suivant l’humeur ou la colère, on ne construit rien.
Aller tenir toute une conférence de presse sur une escarmouche qui s’est produite à l’assemblée nationale, alors qu’il avait la possibilité d’aborder le Président de l’Assemblée nationale même après la séance pour dissiper tout malentendu, répond tout simplement au besoin de vouloir gonfler un fait, en jouant à la victimisation. Il arrive au Président de l’Assemblée nationale de couper la parole même aux membres du gouvernement, quand leur temps est épuisé. On n’a pas besoin de le rappeler. Si le Président de l’Assemblée nationale a laissé le Premier ministre un temps large pour s’exprimer, c’est justement par rapport à l’importance des questions abordées. Le même Président de l’Assemblée nationale qui, disons-le, ne fait jamais des procès d’intention à l’égard de ses collègues élus, a laissé le député Pascal Tsaty-Mabiala s’exprimer pendant 15 minutes, alors qu’il n’avait droit qu’à 5 minutes conformément au règlement intérieur. Qu’il ait estimé qu’il avait 30 minutes, c’est lui qui le pense, mais ce n’est pas conforme au règlement intérieur. S’il faut revoir le règlement intérieur pour faire que le temps de réplique soit multiplié par le nombre de questions posées, cela revient aux honorables députés d’en décider.
Pour l’instant, le règlement intérieur ne le dit pas. Son départ de la salle a suscité les réactions qu’on a suivies de la part du Président de l’Assemblée nationale et du Premier ministre. C’est regrettable d’en être arrivé là et chacun peut tirer ses leçons. Pour le reste, c’est son opinion de classer comme il l’entend les Présidents successifs de l’Assemblée nationale suivant ses préférences, lui qui s’enorgueillit d’être parmi les plus anciens députés, mais qui feint d’oublier qu’il est chef de fil de l’opposition, grâce au P.c.t. Pour nous, de par sa compétence, sa sérénité et son rôle politique, Isidore Mvouba, qui sait flairer les manœuvres de déstabilisation dans pareilles circonstances, est l’homme qu’il faut au perchoir.
Georges NIMBI-BASUNDI
(Pour les observateurs de la vie politique congolaise)

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