Cette réflexion a pour but d’apporter sa pierre au projet de la Camu (Caisse d’assurance maladie universelle) dont notre pays a tant besoin, pour rentrer dans la modernité, qui caractérise les sociétés tournées vers un avenir radieux, soit «la garantie donnée à chacun, qu’en toutes circonstances, il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa substance et celle de sa famille dans des conditions décentes». Pour cela, il faut des objectifs clairs: l’égalité d’accès aux soins; la qualité des soins et la solidarité.

Ces objectifs permettent ainsi à chacun de se faire soigner selon ses besoins, quels que soient son âge et son niveau de ressources. Il s’agit de créer un accompagnement à chaque âge, qui permettra de vivre dignement, grâce à ce parcours nécessitant des aides financières et un soutien humain. Mais, une telle construction repose sur le principe de solidarité: chaque personne habitant le Congo cotise pour alimenter un «pot commun», dont le montant des cotisations ne dépend pas de son niveau de risque, mais de son niveau de revenus.

Dr Badila Kouendolo.

Pour atteindre ces objectifs, il y a des priorités incontournables, pour ne pas dire de base: s’appuyer sur le recensement de la population du Congo qui vient d’être fait, permettant d’établir une répartition professionnelle et selon le niveau socio-économique de chaque citoyen. A partir de là, il est possible de faire surgir des groupes catégoriels, par exemple de la manière suivante:
– Groupe A: les populations ne disposant pas de revenus, vivant d’une activité de subsistance (c’est la grande majorité dans nos villages et même dans nos villes);
– Groupe B: les commerçants, en deux catégories: première catégorie dite des «petits commerçants» (ceux et celles qui occupent nos marchés, les agriculteurs, les artisans, tous ceux et toutes celles disposant d’une activité rémunératrice); deuxième catégorie: les commerçants avec magasins et leurs personnels;
– Groupe C: les agents du secteur privé: transports; secteur industriel; sociétés de gérance; sociétés, établissements du secteur tertiaire, etc;
– Groupe D: les fonctionnaires: première catégorie (les administratifs); deuxième catégorie (les enseignants); troisième catégorie (les travailleurs de la santé); quatrième catégorie: (les magistrats et les personnels de justice);
– Groupe E: les agents de la Force publique (armée, gendarmerie, police, sécurité civile, services de renseignements, sociétés de sécurité);
– Groupe F: les membres des institutions nationales, les collectivités locales et leurs personnels.
Cette catégorisation n’est pas exhaustive. Mais, elle a le mérite de la clarté, pour faire bénéficier à toutes les populations, les avantages de la Camu, qui est un système de solidarité entre ceux et celles qui gagnent un peu plus et ceux et celles qui gagnent moins ou qui n’ont pas de revenus. Mais, pour arriver à un bon fonctionnement de la Camu, il y a des réformes à faire et donc des chantiers à ouvrir. C’est la tâche du gouvernement.

Le premier chantier
Le premier chantier concerne la réforme, de fond en comble, de notre système de santé. Elle doit commencer par la réforme des écoles de santé, médicales et paramédicales: l’accès, la formation, les enseignants… Il y a, ensuite, la réorganisation des hôpitaux centraux, la redynamisation des pharmacies d’hôpitaux (sortir de ce système ridicule où le malade avance ou achète les médicaments dans la pharmacie du quartier), faire l’évaluation des connaissances justifiant la fonction occupée, etc.
La réorganisation du C.h.u (Centre hospitalier et universitaire) de Brazzaville: redéfinir sa place dans l’univers de la santé. En plus d’être un hôpital, il s’agit d’un lieu de recherche universitaire; affirmer son statut de centre public, redéfinir les conditions d’accès pour les professionnels (un concours s’y impose), l’incompatibilité d’être dedans et dehors (employé du C.h.u et cabinet privé).
Le deuxième chantier
Il porte sur l’organisation du secteur privé de santé dans notre pays. Ce chantier en cours, mené par le professeur Richard Roger Urbain Bileckot, inspecteur général de la santé, qu’il faut soutenir et encourager dans les actions qu’il entreprend. Il faut favoriser le regroupement des structures de santé, pour une meilleure efficacité de prise en charge, établir une saine concurrence sinon une complémentarité de ces structures dans le secteur public.

Le troisième chantier
Celui-ci appelle à favoriser l’émergence des assurances privées, car une partie de la population peut y accéder. Etant entendu que, forcément, l’Etat ne peut pas tout faire.
Voilà ce qui constitue le socle et la charpente de l’instauration d’une caisse d’assurance maladie universelle dans notre pays. La catégorisation de la population permet une visibilité des différents groupes sociaux. Car, il ne faut mettre tous les «œufs» dans un même panier, la gestion n’étant pas le point fort de l’institution.
La participation de l’Etat pourra se concentrer sur le Groupe A, probablement le plus affecté par la faiblesse d’accéder aux soins de santé de base. Mais, la désorganisation du système de santé affecte toutes les catégories précédemment citées. On n’échappera pas aux réformes structurelles profondes que nécessitent la santé, si l’on veut réussir le projet d’instituer la Camu dans notre pays. C’est l’heure de vérité: la caisse d’assurance maladie universelle et sa mise en place constitueront une avancée sociale majeure, si notre pays se montre capable de se réformer, pour rentrer dans la bonne gouvernance, faire de celle-ci une réalité et non un fantasme.

Dr Diaz Patrice
BADILA KOUENDOLO

Chef de pôle, chef de service de Gériatrie;
Hôtel Dieu groupe SOS Le Creusot France;
Spécialiste des maladies dégénératives;
Expert en gestion et politiques de santé.

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