Conférence de presse du premier secrétaire de l’U.pa.d.s

«Nous travaillons pour revenir au pouvoir», a rappelé Pascal Tsaty-Mabiala

Le premier secrétaire de l’U.pa.d.s (Union panafricaine pour la démocratie sociale), le député Pascal Tsaty-Mabiala, qui est aussi chef de l’opposition congolaise, a tenu une conférence de presse, samedi 23 décembre 2023, au siège de son parti, au Quartier Diata, dans le premier arrondissement Makélékélé, à Brazzaville, en présence des cadres et militants. Tenant lieu de rentrée politique pour l’année 2023-2024, cette conférence de presse lui a permis de faire entendre la voix de son parti sur la marche du pays, dans un long mot liminaire où il a fait le «survol de la situation politique africaine en ébullition, en particulier en Afrique de l’Ouest», analysé le discours sur l’état de la Nation du Président de la République, brossé un tableau sombre de la situation économique du pays et affirmé l’ambition de l’U.pa.d.s de «revenir au pouvoir».

Pascal Tsaty Mabiala constate que «les peuples d’Afrique aspirent à plus de liberté et de démocratie. Ils poursuivent avec détermination le combat pour l’élimination des vestiges coloniaux». «Tout autant, les démocraties de façade, installées par la françafrique, courent effectivement le risque d’être balayées par l’éveil de la conscience africaine, conscience caractérisée par la sublimation d’un panafricanisme hardi et assumé». «Pour l’U.pa.d.s, ce mouvement panafricaniste qui s’empare de l’Afrique, particulièrement, est une consécration de la pensée de Pasacal Lissouba, authentique panafricaniste de première heure. Aussi pas étonnant que son parti, l’U.pa.d.s, puisse s’identifier, par son acronyme (Union panafricaine pour la démocratie sociale) à la pensée de son fondateur», a-t-il soutenu.
Pascal Tsaty-Mabiala, chef de l’opposition, premier secrétaire de l’U.pa.d.s (Ph. d’archives).
«Au total, une autre Afrique en gestation, portée par une nouvelle génération volontariste et décomplexée, pourrait voir le jour en s’imposant, en revendiquant sa place sur l’échiquier mondial, bouleversant ainsi la géopolitique actuelle. Les cas du Mali, du Burkina-Faso et du Niger interpellent effectivement l’imaginaire collectif. Ce qui nous laisse constater, à la lecture de ces cas d’école, que la légimité en politique ne rime pas toujours avec la légalité qu’elle surplombe généralement. En termes de pouvoir, l’un est naturel, l’autre est factice», a-t-il affirmé.
Concernant le message sur l’état de la Nation, prononcé par le Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, le 28 novembre dernier, devant la parlement réuni en congrès, Pascal Tsaty-Mabiala a indiqué que «nous y répondrons dans un style ramassé et sectoriel, à savoir, les questions politiques, économiques et sociales. Et, pour terminer, nous fixerons nos militants sur la vie du parti et ses perspectives».
Sur le plan politique
«Ces dernières années, il se profile et s’accentue à travers le pays le sentiment de rejet des élections par le peuple. Celui-ci est désormais réfractaire à la chose politique, à cause des maux récurrents qui l’accablent et de la mauvaise volonté du gouvernement d’y répondre favorablement. D’après la version officielle, la démocratie congolaise fonctionne à merveille, à en juger par le respect du calendrier électoral, par la transparence des élections ou par la nomination d’un Haut-commissariat à la gouvernance électorale», a-t-il fait savoir.
«En parlant justement de la gouvernance électorale, je rappelle que depuis la dernière concertation politique tenue à Owando en mars 2022, le gouvernement  se refuse de traduire dans les faits les quelques rares points autour desquels s’était dégagé le consensus entre participants, entre autres: la création d’une ligne budgétaire propre à la Commission nationale électorale indépendante, lui permettant de renforcer son autonomie financière, organisationnelle et fonctionnelle; l’élargissement de la permanence de cet organe outre le bureau de la coordination, aux membres de ladite coordination et à ceux des bureaux des deux comités qui ne prennent vie qu’à la veille des opérations électorales; la fixation d’un mandat pour permettre le renouvellement à échéance périodique des membres des bureaux de la C.n.e.i», a-t-il souligné. «Rappelons que toutes ces opérations devraient connaître un début d’exécution après les élections législatives de juillet 2022. Nous en sommes à le déplorer», a-t-il dit.
«L’U.pa.d.s, qui fait de la transparence électorale son cheval de bataille, demande au gouvernement de commencer à traiter l’ensemble des questions latentes et lancinantes liées à la gouvernance électorale. Ces questions doivent trouver des solutions de manière consensuelle telle qu’il avait été décidé à Owando, notamment en y faisant participer les états-majors politiques», a-t-il insisté.
La décentralisation
«Mode de gestion du territoire consacré dans la Constitution de 2015, la décentralisation figure parmi les priorités du P.n.d (Plan national de développement 2022-2026). En outre, elle favorise une mobilisation des compétences au niveau local, par un transfert effectif de celles-ci aux collectivités locales, par des moyens financiers y afférents. Malgré la batterie de textes sur la décentralisation, on y relève, hélas, un manque de volonté politique susceptible d’accompagner les collectivités territoriales, pour que celles-ci rentrent dans la plénitude de leurs compétences», regrette-t-il.
Pour lever ces écueils, l’U.pa.d.s suggère «la mise en place d’un cadre permanent de concertation des acteurs concernés, afin que la décentralisation apporte aux populations ce dont elles ont besoin pour leur essor politique, économique et sociale; la prise en main, par le Ministère délégué chargé de la décentralisation et du développement local, des entités placées sous sa tutelle par l’application de tous les textes qui régissent ce mécanisme en République du Congo; la création de petites unités de production au niveau local, afin d’accompagner les collectivités territoriales dans la réalisation des projets communautaires et lutter efficacement contre l’exode rural».
La grâce présidentielle
«Il est vrai que la paix est une quête perpétuelle. Elle n’est pas l’apanage d’un individu ou d’un groupe d’individu, mais l’émanation d’une société qui aspire au développement et qui s’en donne les moyens à travers: la volonté de partage et l’ambition d’aller vers un destin commun; la solidarité et l’unité face au danger collectif; la tolérance malgré les différences», a-t-il déclaré.
«Vous vous en doutez, à ce jour, certains Congolais sont toujours en exil, non volontairement mais forcés, pendant que d’autres sont encore privés de liberté. Le pardon de la République, à travers une grâce présidentielle, est encore possible. Au nom de la cohésion nationale, l’U.pa.d.s demande très respectueusement au Président de la République, garant de l’unité nationale, de prendre cette mesure en faveur des leaders politiques se trouvant soit en prison, soit en exil. L’histoire lui en saura gré et le peuple l’en remerciera», a-t-il expliqué.
Sur le plan économique
«Chacun le sait, la structure économique du Congo a pour socle le secteur pétrolier. En effet, tête de peloton de la zone Cemac en production pétrolière estimée à 270.000 barils par jour en 2023, le secteur des hydrocarbures congolais génère un quart du P.i.b, deux tiers des recettes budgétaires et 82% des recettes d’exportation», a-t-il fait savoir. «Ce modèle de croissance économique basé sur le pétrole, comme tout le monde le sait, a malheureusement atteint ses limites et n’offre pas de grandes perspectives pour le pays», a-t-il ajouté.
«Par ailleurs, les réformes dans le domaine des finances publiques, notamment leur informatisation, nourrissent beaucoup d’espoir, mais attendent d’être appliquées. Par conséquent, il est qu’urgent de corriger cette faiblesse structurelle qui fait dépendre notre économie des contingences extérieures. C’est pourquoi l’U.pa.d.s suggère: la création d’une banque agricole au profit des coopératives et des petits producteurs, afin de soutenir ce secteur et d’en faire le fleuron de l’économie nationale; la réalisation du projet tant attendu du Barrage hydro-électrique de Sounda, dont la puissance pourrait résoudre notre dépendance de l’extérieur; la réfection du réseau routier devenu obsolète, à l’exception de la route nationale n°1 et le désenclavement de la Likouala aujourd’hui totalement coupée du reste du pays; la réfection du chemin de fer Congo-Océan», a-t-il épinglé.
«En effet, l’abandon du C.f.c.o, l’épine dorsale de l’économie congolaise est simplement incompréhensible. Comment investir si lourdement dans les Tours jumelles à rentabilité douteuse, alors qu’on aurait dû relancer la réhabilitation du C.f.c.o, au plus, justement, construire à terme une nouvelle voie ferrée moderne et adaptée aux contingences actuelles?», s’est-il interrogé.
«Nous ne le dirons jamais assez, la construction des Tours de Mpila, quoique toutes belles, est le résultat des mauvais choix économiques du gouvernement en matière d’investissement et d’une vision fausse de ce que constitue le développement d’un pays. Plus grave, tous ces investissements sont réalisés pour la plupart sur emprunt et rarement sur fonds propres», a-t-il ajouté.
Sur le plan social
«Notre pays est devenu le terreau de l’injustice sociale. Si le gouvernement fait un effort considérable pour payer régulièrement les salaires des fonctionnaires, les retraités par contre cumulent plus de trente mois d’arriérés. Le Premier ministre, chef du gouvernement, a déclaré avoir intégré ces arriérés dans la dette sociale. Seulement, il n’a pas prévu un plan d’apurement de la dette dont il s’agit, afin de rassurer les concernés», a-t-il fait savoir.
«La cherté de la vie (produits de première nécessité, denrées alimentaires et coûts très élevés des baux d’habitation) engloutit le revenu mensuel des fonctionnaires moyens. Dans les faits, il y a un écart considérable entre les salaires pourtant régulièrement payés et le quotidien des Congolais», a-t-il poursuivi.
L’U.pa.d.s propose «l’adoption et la publication du plan d’apurement de la dette sociale; la reprise du paiement de la bourse des étudiants à partir du fichier de 2017 comme base de calcul, afin d’éponger progressivement les trimestres qui restent à payer; la prise de mesures d’accompagnement liées à l’augmentation des prix de l’essence à la pompe et du gasoil».
La Banque mondiale situe le niveau du taux de chômage des jeunes à environ 42% de la population active en 2021. Beaucoup de jeunes sortent des écoles de formations professionnelles, sans trouver de débouchés dans le monde de la production. Des recrutements sont fréquemment faits et on ignore qui recrute-t-on réellement. «Cette situation du chômage des jeunes a causé le drame survenu dans la nuit du 20 au 21 novembre 2023, au Stade Michel-d’Ornano où plus de trente jeunes ont trouvé tragiquement la mort. L’U.pa.d.s, qui s’est déjà exprimée sur la question, attend les conclusions des enquêtes décidées par le gouvernement», a-t-il souligné.
«Mises à part les Forces armées congolaises, devenues l’unique voie de sortie pour décrocher un poste budgétaire, l’U.pa.d.s s’interroge sur la crédibilité des milliers d’emplois promis par le Président de la République pendant les campagnes électorales ou en plein exercice de sa fonction. Dans sa dernière adresse à la Nation, et dans le cadre des Zones économiques spéciales, le Président de la République a annoncé la création estimée à 400 emplois en phase de chantier et de 12.000 emplois directs prévisionnels en phase d’exploitation sur les cinq prochaines années. Belles perspectives», a-t-il indiqué.
«Cependant, qu’en est-il par exemple des 3.000 emplois directs de la Fondeco, à Dolisie, promis en 2012 et qui auraient pu soulager ces nombreux jeunes tristement abandonnés à eux-mêmes dans une ville devenue aussi l’ombre d’elle-même?», a-t-il demandé. Face à cela, l’U.pa.d.s suggère: «la publication des statistiques relatives au taux de chômage par tranche d’âge et par catégorie professionnelle, afin de permettre au gouvernement d’avoir une situation réelle des demandeurs d’emplois au Congo; l’utilisation rationnelle des quotas de recrutement à la Fonction publique, pour ne privilégier que les besoins réels  de l’Etat; l’application des règles d’ordre public au sujet des contrats de travail dans le secteur forestier où les travailleurs sont payés en dehors des conventions collectives».
La vie du parti
Enfin, Pascal Tsaty-Mabiala a fixé les militants sur la vie du parti. «D’aucuns s’interrogent sur l’importance de l’activité que nous sommes présentement en train de mener, notamment la campagne d’adhésion et d’enrôlement des militants», a-t-il déclaré.
«D’abord, elle a le mérite d’être une toute première expérience depuis la création de l’U.pa.d.s et sa vocation à connaître le nombre de militants, en vue de constituer notre banque de données, le fichier du parti en d’autres termes. Ensuite, l’U.pa.d.s veut rajeunir ses rangs, pour plus de vigueur et de dynamique. Enfin, dans la marche vers le congrès du parti, nous voulons y faire participer les militants identifiés comme tels et non des parachutés», a-t-il annoncé. «Il s’agit, pour nous, de respecter la feuille de route prescrite par le Conseil national à qui nous allons très prochainement rendre compte, au-delà de la session toute proche», a-t-il indiqué.
«Après avoir réussi le lancement de la campagne d’adhésion et d’enrôlement dans les deux premières zones, il nous reste la partie septentrionale où nous comptons aussi et sans nul doute des militants. La suite des événements à l’intérieur du parti relèvera des décisions que prendra le Conseil national qui sera convoqué au début de l’année prochaine», a-t-il annoncé.
Conclusion
Pour conclure, «l’U.pa.d.s estime que le pays, bien que sortant progressivement de la crise économique et financière qui l’avait fortement impacté depuis 2014, mérite encore plus de rigueur dans la gestion et l’assainissement des finances publiques». «Nous prenons acte des quatre revues réussies des missions du F.m.i pour la conclusion d’un accord de facilité élargie de crédit. Ces efforts devraient être encouragés et consolidés», a-t-il ajouté. «Toutefois, l’opposition en général et l’U.pa.d.s en particulier sont préoccupées par les questions relatives au renforcement de la démocratie, à la préservation de la paix et de l’unité nationale. Le moment est venu de nous mettre au-dessus de nos divergences, afin d’offrir au Congo ce qu’il peut avoir de meilleur, pour le bien de la postérité. C’est pourquoi la classe politique devrait prendre du recul pour ne privilégier que l’intérêt supérieur de la Nation», a-t-il suggéré.
Réponses aux préoccupations des journalistes
Répondant aux journalistes, Pascal Tsaty Mabiala a indiqué, à propos de la réconciliation au sein du parti, que «le travail de réconciliation est une tâche de longue haleine. Ce n’est pas fini. C’est une expérience que nous avons tentée. Au bout, certains camarades sont entrés dans les instances du parti. Le dialogue est permanent dans notre parti. Nous l’acceptons».
Pascal Tsaty-Mabiala ne s’est pas dérobé de son bilan. «C’est vrai que notre score est catastrophique», a-t-il reconnu. Mais, pour lui, l’ambition du parti demeure. «La seule fierté, au moins, c’est que nous sommes la fierté de l’opposition. Il nous faut construire le parti de Pascal Lissouba. Nous travaillons pour revenir au pouvoir. C’est pourquoi nous avons lancé la campagne d’adhésion et d’enrôlement au parti. Notre parti a connu le bonheur et le désastre. Mais, les autres n’ont connu que le bonheur. Je suis heureux d’être à l’U.pa.d.s», a-t-il lancé.
Chrysostome FOUCK ZONZEKA

Oh bonjour
Ravi de vous retrouver.

Inscrivez-vous pour recevoir du contenu génial dans votre boîte de réception.

Nous ne spammons pas !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici