Le recensement général de la population et de l’habitation est une opération que tout le monde a souhaitée. Elle se déroule bien et tant mieux. Seulement, de mémoire de Congolais, depuis l’indépendance de notre pays en 1960, on découvre avec stupéfaction que l’Etat se préoccupe de l’identité ethnique de ses habitants, comme l’Etat colonial gérait ses colonisés, pour mieux les exploiter, en les opposant parfois, comme au Rwanda.
A l’instar d’autres concitoyens, un lecteur de notre journal a reçu à son domicile, dans un quartier de Brazzaville, les agents des équipes recenseurs. Ambiance chaleureuse, sous l’ombre d’un manguier. Les agents sont munis de tablettes numériques et ils portent des gilets qui permettent de les distinguer facilement. Ils sont jeunes. La conversation s’engage gentiment, sous forme de questions réponses, dans une ambiance qui devient studieuse. L’agent note sur sa tablette numérique. Puis, arrive la question qui surprend notre lecteur: «De quelle ethnie êtes-vous?». «Quoi?», répond-il. «Dites de quelle ethnie vous êtes?», répète l’agent. «Je suis désolé, mais je n’ai aucun document d’Etat-civil qui indique l’ethnie à laquelle j’appartiens. Donc, je suis incapable de répondre à cette question», répond notre lecteur. Puis, il leur demande: «Mais, pourquoi vous posez une telle question?». «On nous l’a demandé, Monsieur!», répliqua l’agent.
«Je ne comprends pas. Je suis né à Brazzaville, deux ans après l’indépendance. Mes parents décédés sont du Pool, d’après leur Etat-civil. Donc, je pense que je suis ressortissant du Pool. J’ai fait l’école ici au Congo. J’ai un niveau universitaire. Nulle part l’Etat ne m’a appris de quelle ethnie j’étais. Dans ma vie, j’ai eu à répondre à cette question. C’était, tenez-vous bien, pendant la guerre civile de 1997. On fuyait les quartiers Nord, bombardés à l’aide des orgues de Staline, pour aller se réfugier vers les quartiers Sud. Devant un bouchon des miliciens ninjas, on nous avait posé des questions pièges, en langue lari, pour vérifier nos origines. Il y avait des gens placés à côté, on ne sait pas ce qu’ils sont devenus, car ils n’avaient pas pu répondre aux questions. Nous, on a réussi à répondre avec quelques difficultés et ils nous ont laissé passer, comme d’autres après nous. Vous pouvez me dire combien d’ethnies l’Etat a officiellement cartographiées au Congo? Si mes parents sont d’ethnies différentes, à laquelle je dois appartenir selon vous? Si c’est ça ce recensement, on n’aurait pas dû le soutenir. C’est un recul. Je suis Congolais, je vis au Congo. Je ne sais pas sur la base de quelle loi, les habitants du Congo doivent maintenant s’identifier selon les ethnies auxquelles ils appartiennent. Je suis désolé, je ne répondrai jamais à cette question dans les affaires d’Etat», réagit notre lecteur. L’agent recenseur s’excusa et passa à d’autres questions.
Que faut-il en penser? Pendant toute la campagne relative au recensement de la population, personne n’a fait allusion à l’aspect ethnique. Sauf à amorcer un recul de l’Etat congolais, dans la construction de la Nation, toute référence aux origines ethniques des citoyens dans les affaires d’Etat est un recul lamentable et choquant. Le Premier ministre a lancé le débat sur la construction nationale. C’est l’occasion de dire que nous devons nous débarrasser de ce qui est inutile dans la construction de la Nation et de la République. Tous les citoyens congolais sont égaux devant la loi. Autant mieux laisser nos héritages ethniques dans la sphère culturelle.

L’HORIZON AFRICAIN

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