Les conditions de vie des populations, partant de la capitale, Brazzaville, jusqu’à l’intérieur du pays, ne font que se dégrader. Tout devient difficile. Se déplacer, emprunter le transport en commun, partant des quartiers périphériques jusqu’au centre-ville relève d’un véritable parcours du combattant. Il y a dix ans, en 2014, on vivait encore mieux qu’aujourd’hui.
Si on revoit le budget de cette année-là, on peut le comprendre. Le budget de l’Etat était de 4.152 milliards de francs Cfa, dont 2.505 milliards venant du pétrole. Des impôts, on attendait 660 milliards et à peine 260 milliards de la douane. La croissance du P.i.b était estimée autour de 5%. Pour une population d’à peine 5 millions d’habitants, le rêve était permis. A l’horizon 2025, le Congo se voyait en pays émergent, c’est-à-dire, sorti du sous-développement dont l’économie, en raison de sa forte croissance, allait s’intégrer à l’économie globalisée. Les dirigeants en étaient fiers et rappelaient presque systématiquement, dans leurs discours, l’objectif de l’émergence d’ici à 2025.
Résultats des courses, dix ans après? Plus que jamais, le Congo est un pays sous-développé où tout est difficile: l’électricité; l’eau courante; la connexion Internet; le carburant; le transport public; l’accès aux soins de santé, au logement et à l’enseignement de qualité; l’aliment de bétail; l’emploi; le salaire; la pension; la bourse… La sécurité publique est malmenée dans les quartiers par les bébés noirs et autres kulunas. Tout est difficile! Cerise sur le gâteau: on vit maintenant avec des monticules d’immondices sur les voies goudronnées, dégageant des odeurs pestilentielles. Mais que s’est-il donc passé?
Les économistes peuvent donner de doctes explications sur la situation du Congo. Modestement, le constat à faire est simplement que les dirigeants ont vu les choses trop en grand. Notre pays n’a pas les caractéristiques d’un pays émergent. C’est seulement l’effet de la manne pétrolière qui, malheureusement, est mal gérée. Comment va-t-on, par exemple, expliquer qu’on ait construit un grand stade comme celui de Kintélé et ne pas y jouer année après année, au point que l’infrastructure, que d’autres pays envient et voudraient avoir, a fait l’objet d’un pillage en règle l’ayant rendu inopérante sans une réhabilitation qui engloutirait encore quelques milliards de francs Cfa? Et aujourd’hui, le pays est dit être en crise financière.
On avait promis de lutter contre les anti-valeurs, on a donné des signaux contraires. Quoi d’étonnant de ce qui nous arrive? On ne peut pas avoir et le beurre et l’argent du beurre. Forcément, il y a quelqu’un qui doit payer. Et c’est le peuple qui paye, par de lourds sacrifices. Que peut être la vie d’un retraité qui ne touche pas sa pension pendant trois mois et plus? Aimer son peuple, c’est lui épargner une misère qui n’existe pas quand il y a la bonne gouvernance.
L’HORIZON AFRICAIN