Le parcours type des S.t.c (Sciences et techniques de la communication) de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l’Université Marien Ngouabi, à Brazzaville, s’est enrichi d’un nouveau docteur. Il s’agit de Passi Bibéné qui a soutenu, fin novembre dernier, ses travaux de thèse dans le domaine des sciences de l’information et de la communication, spécialité journalisme, portant sur le sujet: «Les populations autochtones vues à travers les médias congolais». Après deux heures de débat, le jury, à l’unanimité, lui a décerné le grade de docteur en sciences de l’information et de la communication, mention très honorable, avec les félicitations du jury présidé par le professeur Charles Zacharie Bowao.
Dans ses travaux de recherche effectués essentiellement à travers un corpus tiré, entre autres, de l’hebdomadaire «La Semaine Africaine» et du quotidien «Les Dépêches de Brazzaville», Passi Bibéné s’est employé à répondre à la préoccupation principale ci-après: de quelle manière les médias congolais traitent-ils les informations et les problématiques relatives aux populations autochtones?
Plusieurs autres questions gravitent autour de la principale. Entre autres, les contenus des médias congolais sont-ils de nature à renforcer la protection et la promotion des populations autochtones? Dans les médias congolais, les informations ou les problématiques relatives aux populations autochtones sont-elles régulièrement traitées? Les journalistes accordent-ils la même attention aux problématiques relatives aux populations autochtones qu’aux sujets en rapport avec les bantu?
De manière générale, l’objectif de ce travail était de cerner les conséquences du mauvais traitement des informations ou les problématiques relatives aux minorités autochtones sur la promotion et la protection de ces populations. Au plan opérationnel, il s’est agi de tracer les contours d’un modèle de système médiatique adéquat pour la promotion et la protection des populations autochtones, en vue de combattre efficacement la discrimination et la stigmatisation dont ils font l’objet.
Comme fondement théorique, l’auteur de la thèse s’est appuyé, entre autres, sur les «Cultural studies» (Etudes culturelles) développées par le professeur américain David Manning White, qui s’intéresse aux conditions de production et de réception des contenus médiatiques, à travers le concept de «gatekeeping» (Garder le portail) qui renvoie à l’auto-censure. En effet, selon lui, la sélection des informations à traiter dans les médias se fait de manière «hautement subjective et dépendante de jugements de valeurs basés sur un ensemble d’expériences, d’attitudes et d’attentes du gatekeeper».
Ce positionnement théorique permet de prendre en compte les approches structuraliste, constructiviste, les représentations sociales ou l’influence des médias. Le tout, dans une démarche méthodologique ayant recours à la littérature scientifique existante, l’analyse de contenu, l’enquête au moyen d’un questionnaire, le monitoring des médias, l’entretien et l’observation.
Il ressort de l’ensemble de travaux du docteur Passi Bibéné que les médias congolais véhiculent une vision bantu centrique. Cette vision se caractérise par l’invisibilité ou l’apartheid médiatique voire la sous-représentation dont sont victimes les minorités autochtones. L’agenda des médias congolais est tributaire de l’agenda des politiques. Une justice médiatique et mémorielle est donc nécessaire. Elle passe par la régulation en faveur de la visibilité et la dignité des peuples autochtones.
Pour cette soutenance, le jury était composé, outre le président, du professeur Camille Roger Abolou (Université de Bouaké, Côte d’Ivoire), Bienvenu Boudimbou, maître de conférences Cames (Université Marien Ngouabi), rapporteur interne, Pierre Nsana Bitentu, professeur associé, Ifasic (RD Congo), examinateur et Jean-Félix Makosso, professeur titulaire (Université Marien Ngouabi), directeur de thèse.
Joseph MWISSI NKIENI