Le Groupe de recherche et d’étude en sciences humaines et sociales (Greshs) de l’Université Marien Ngouabi a organisé, mardi 23 avril 2024, à Brazzaville, sa première journée scientifique, avec pour thème: «Le Congo et ses lieux de mémoire: le cas de Brazzaville», sous les auspices de la professeure Bertone Ofouémé, vice-présidente de l’Université Marien Ngouabi, chargée des affaires académiques. Le comité d’organisation était dirigé par le Prof Zéphirin Sah, maître de conférences Cames à l’Université Marien Ngouabi, avec la participation des enseignants chercheurs, des chercheurs, du colonel-major Léopold Bikindou-Kéré, haut-commissaire aux vétérans des conflits armés, et d’une assistance composée des enseignants, des étudiants, etc.
Pour sa première édition, le Greshs s’est penché sur les lieux de mémoire, parce que l’histoire du Congo en général et celle de Brazzaville en particulier n’est pas assez connue par certains anciens et les générations actuelles. C’est, donc, pour répondre à cette préoccupation que l’institution de recherche en sciences humaines et sociales s’est donnée comme mission, par devoir de mémoire, de mettre en place un projet de recensement des lieux de mémoire du Congo, à commencer par Brazzaville, la capitale, afin de les inventorier et de les faire connaître au grand public. Au-delà, il s’agit de contribuer à la connaissance de l’histoire du Congo, à la formation d’une conscience nationale congolaise et à la bonne conservation du patrimoine national.
En sa qualité de président du comité d’organisation, le Prof. Zéphirin Sah a soutenu que le lancement officiel du Greshs, un groupe de travail pluridisciplinaire, en date du 23 avril 2024, était aussi l’occasion indiquée pour permettre aux spécialistes de la question du thème abordé de développer leurs réflexions relatives aux lieux de mémoire de la République du Congo, tant dans le domaine militaire que civil, pour contribuer à l’éclairage de certains pans de l’histoire du Congo.
La leçon inaugurale de la journée scientifique, développée par le Prof Joseph Itoua, président du comité scientifique de ladite journée, a posé les jalons des préoccupations autour desquelles ont gravité les six axes d’intervention des spécialistes de la question. Il s’est agi de savoir, entre autres: ce que c’est qu’un lieu de mémoire; l’importance d’un lieu de mémoire; la politique congolaise concernant les lieux de mémoire; les lieux de mémoire dont dispose le Congo.
Pour le Prof Itoua, l’expression lieux de mémoire apparaît dans les années 80, à la suite de la publication d’un ouvrage éponyme de l’historien français Pierre Nora. Cette expression désigne l’ensemble des traits ou des repères culturels, notamment des lieux, des pratiques et des expressions issus d’un passé commun, qu’il soit lointain ou proche. Ces repères ne sont pas uniquement que matériels (objet, monument, musée, etc.), ils sont également immatériels (histoire, langue, tradition, musique…). Les lieux de mémoire sont des restes ou des vestiges de nature à susciter une conscience commémorative, individuelle et/ou collective. Les lieux de mémoire ont une importance historique, pédagogique, touristique et politique.
Il ressort de cette journée scientifique que les lieux de mémoire sont aussi un amplificateur des messages historiques et pédagogiques. L’exemple des enseignants tentant de sensibiliser leurs élèves à l’histoire d’un événement en la redimensionnant à l’échelle d’un lieu connu est particulièrement significatif. En outre, les lieux de mémoire ont une importance touristique dans la mesure où leur visite «permet une expérience particulière, une alchimie entre les dispositifs de communication, le rapport à l’histoire, les enjeux liés à la mémoire et la marque d’une pratique sociale».
En matière de préservation des lieux de mémoire, la République du Congo dispose d’un patrimoine culturel très riche et très diversifié. Il s’agit des lieux qui, à titre religieux ou profane, présentent un intérêt particulier pour le pays. C’est ainsi qu’à la clôture de cette journée scientifique, les participants ont, entre autres, formulé quelques recommandations: créer un haut-commissariat ou un conseil de la mémoire; valoriser les lieux de mémoire du Congo; soutenir et financer toute initiative visant à conserver et à vulgariser les lieux de mémoire.
Joseph MWISSI NKIENI