Uphrem Dave Mafoula, président du parti Les Souverainistes

«L’indépendance: que sommes-nous devenus, 63 ans après?»

Ancien candidat à l’élection présidentielle de 2021 et président du parti Les Souverainistes, situé à l’opposition, Uphrem Dave Mafoula a donné une conférence de presse, samedi 2 septembre 2023, à l’Hôtel Michaël’s, à Brazzaville, sous le thème: «L’indépendance: que sommes-nous devenus, 63 ans après?». Devant la presse nationale et internationale, il a annoncé le «mbongui tour», une tournée à l’intérieur du pays, pour rencontrer les populations pour des échanges, afin de mieux connaître leurs att. Kinkala, chef-lieu du Département du Pool, a été le premier lieu de concrétisation de ces rencontres, dimanche 3 septembre 2023, dans la salle de conférences du Conseil départemental du Pool.

Uphrem Dave Mafoula a justifié sa conférence de presse par la nécessité d’exprimer sa position sur la marche du pays, mais aussi de faire le point des activités menées par son parti. Il a tout d’abord abordé l’actualité africaine marquée par «l’instabilité constitutionnelle due aux multiples coups d’Etats». «Les deux cas les plus récents, celui du Niger, et pas plus que mercredi dernier, celui du Gabon, un pays avec qui nous partageons non seulement des frontières, mais surtout une histoire particulière», a-t-il rappelé. «La situation du Gabon suscite, à plus d’un d’entre nous, un sentiment d’inquiétude, du fait des liens qui nous unissent au peuple gabonais», a-t-il précisé.
Uphrem Dave Mafoula (Ph d’archives)
«Par l’Afrique entière, tous ces événements sont la traduction d’un mouvement empreint de l’aspiration à la liberté, à la dignité et au développement. Ce mouvement vers une Afrique meilleure ne sera pas sans difficulté. Au fond, c’est un rappel brutal des défis auxquels sont confrontées nos démocraties fragiles et la nécessité de la préservation de nos valeurs africaines. C’est donc, si nous voulons véritablement réaliser le potentiel de notre continent, une responsabilité historique pour toutes les filles et tous les fils d’Afrique, de construire ce mouvement, dans le respect des valeurs démocratiques, de l’Etat de droit et de la dignité humaine», a-t-il martelé.
«C’est, d’ailleurs, dans cet élan de construction collective d’une Afrique fière et véritablement indépendante qu’il m’est permis de me prononcer, aujourd’hui, sur la marche de notre pays, le Congo, en ces temps de défis multiples», a-t-il affirmé. Pour lui, la date du 15 août 1963, ne doit pas s’arrêter à la célébration de l’anniversaire de l’indépendance. «L’indépendance, comme le fait désormais nos dirigeants actuels, n’est pas seulement une date à commémorer, mais elle est avant tout un rappel de notre devoir envers les générations futures, celui de créer les conditions d’un Congo où chaque citoyen à la possibilité de prospérer; où nos richesses nationales sont gérées avec sagesse et où la dignité de chaque Congolais est respectée. Chaque 15 août devrait être une étape nouvelle de notre voyage vers le développement et la pleine souveraineté. Ce devrait être aussi le moment privilégié d’honorer le sacrifice de nos pères de l’indépendance. J’entends ici par pères de l’indépendance, pas seulement les acteurs politiques majeurs, mais toutes les figures du courant républicain et indépendantiste de l’époque, quel qu’en soit le milieu où leurs aspirations aient été exprimées. Que ce soit les militants des partis politiques; les mouvements de jeunesse; les associations culturelles et éducatives; les mouvements religieux; les écrivains; les étudiants congolais de l’étranger à l’époque; les journalistes; les artistes musiciens; les militants des droits de l’homme; les leaders communautaires et bien d’autres militants de la cause indépendantiste dont on pourra avoir ni le temps, ni l’espace nécessaires pour les citer. C’est à toutes ces personnes qui se sont battues pour un Congo libre et souverain que je pense», a-t-il expliqué.
«S’il nous était donné d’interroger tous les Présidents qui ont dirigé notre pays, depuis son accession à l’indépendance, croyez-moi, nous l’aurions fait. Malheureusement, plus personne de tous ces témoins de notre histoire commune n’est encore en vie. La seule personne légitime à qui l’on peut se tourner aujourd’hui, c’est notre actuel Président de la République, Monsieur Denis Sassou-Nguesso. Ce, non seulement parce qu’il est présentement aux affaires, mais parce qu’il est celui qui, de nos 63 ans d’indépendance, a dirigé le pays pendant près de 40 ans», a-t-il indiqué.
«Il est douloureux de constater, 63 ans après, que l’indépendance que nos ancêtres ont chèrement acquise, n’a pas toujours été accompagnée du patriotisme, de la responsabilité et de la vision nécessaire. 63 ans après, nous n’avons pu atteindre la maturité et la conscience attendues par nos pères de l’indépendance. Notre peuple, qui avait aspiré à une vie meilleure après des années de lutte, se retrouve aujourd’hui dans une crise de confiance et dans le doute. Il se retrouve à lutter, 63 ans après, contre la pauvreté, le chômage massif, l’accès limité aux soins de santé, à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation de qualité; le manque d’infrastructures de base; l’insécurité physique et alimentaire», s’est-il indigné.
«Au lieu d’être une période de progrès constant, ces 63 années ont été marquées par la corruption, l’impunité, le favoritisme, le tribalisme, l’ethnicisme, les injustices, les inégalités sous toutes leurs formes, le manque de transparence, la désacralisation de nos institutions, etc. Tout ceci n’est ni un triomphe politique, ni un triomphe pour la démocratie, ni un triomphe pour l’économie, ni un triomphe pour la santé, ni un triomphe pour la sécurité, ni un triomphe pour la santé», a-t-il fait observer.
Selon l’opposant, «ce quinquennat en cours a encore approfondi l’état de crise dans notre pays. A près de sa moitié, les indicateurs socio-économiques sont toujours au rouge». Alors, il s’est interrogé, en posant des questions au Chef de l’Etat, entre autres: «Avez-vous le sentiment d’avoir géré de manière responsable nos ressources? Avez-vous le sentiment d’avoir réalisé les attentes des Congolais? Dans quel domaine, après 63 ans d’indépendance, le Congo est-il cité en exemple aujourd’hui?». Il a cité l’exemple des p)ays africains comme le Botswana, «avec sa gestion efficace de ses ressources naturelles», le Kenya, avec sa «Silicon Savannah», le Sénégal, «avec son investissement dans le tourisme et les énergies renouvelables».
«Tous ces pays deviennent des exemples de développement économique en Afrique, chacun, selon son cas, dans un secteur particulier. Et ce, en dépit des différents défis et maux communs qui minent encore le développement de notre continent. Mais nous, que sommes-nous devenus, après 63 ans d’indépendance?», s’est-il interrogé. Puis, plus loin, il a tiré la conclusion: «J’ai bien envie de rester sur cette démarche critique. Une critique constructive… J’ai décidé de me concentrer sur ce qui devrait fonder notre avenir commun: l’espoir et l’engagement», a-t-il déclaré. Raison pour laquelle il a initié une tournée nationale, dénommée «mbongui tour», pour être plus proche des populations. Il a terminé son mot liminaire par une proposition au Président de la République de «renouer avec l’esprit patriotique, la lucidité politique et l’éthique de la gouvernance, parce que lui seul est capable de faire reculer l’intolérable et l’insupportable dans notre pays». Et s’adressant au Chef de l’Etat, il lui a dit que «les Congolais vous prient de ne pas régner, mais de gouverner».
Propos recueillis par Chrysostome FOUCK ZONZEKA

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