Quel que soit le thème, tout Congolais, toute Congolaise devrait pouvoir exprimer son point de vue personnel, sans pour autant appartenir à un parti politique. Il s’agit d’une expression citoyenne, pour faire progresser la Cité. C’est le meilleur moyen pour garantir un vivre-ensemble apaisé.
Surtout dans un pays qui a connu des évènements fratricides dus justement au fait que les hommes politiques avaient été laissés seuls maîtres des discussions. La médiation de la société civile aurait peut-être pu permettre l’apaisement des conflits. Et nous éviter les déchirements qui ont durablement traumatisé nos populations. Au point qu’elles se sont détournées de l’engagement citoyen au profit d’un activisme religieux tous azimuts.
Le taux de participation des populations aux dernières élections montre bien que les populations sont devenues passives et que la majorité des citoyens s’est tenu à l’écart des combats politiques. Mon engagement citoyen et intellectuel, devenu plus visible récemment, tire sa source de mon désir de discuter et d’animer les débats sur les sujets qui minent notre société.
Je viens de créer un groupe WhatsApp nommé «Debout Congolais», du nom du début du refrain de notre hymne national. Il est composé de citoyens congolais que j’ai choisi dans mon répertoire d’amis. Pour la plupart, en fonction de leurs parcours dans l’enseignement supérieur. Il s’agit, donc, de personnes choisis pour leur qualité et non en fonction de leurs origines ethniques ou géographiques.
Congolais, ce qui nous rassemble, c’est aussi bien notre passé, notre présent que notre avenir. A l’image des anciens grecs, ceux-là même qui ont créé les fondations de la démocratie, tout le monde pouvait participer à l’agora, sur la place publique, donc. En effet, il n’est nul besoin d’être député ou sénateur, conseiller départemental ou municipal. Il suffit seulement d’exercer son rôle de penseur au service de la Cité. Tout intellectuel à cette responsabilité. C’est celui-là même qui est, car il pense. Peut-on être heureux seul? Je ne crois pas. C’est le Président ivoirien, Houphouët-Boigny, qui disait qu’on ne peut être heureux seul, quand on est entouré par un océan de misère.
La société civile a, du reste, un rôle important à jouer, face aux professionnels de la politique. Ils sont en contact direct avec la communauté dont ils expriment bien des besoins. Je me considère comme un membre de la société civile qui s’inquiète le plus légitimement du monde pour sa communauté. Ces Congolais du Nord comme du Sud, de l’Est comme de l’Ouest. La pauvreté, dans notre pays, est très largement partagée. Elle n’a ni ethnie, ni région, ni religion ni parti. La santé comme la maladie et la mort sont des événements naturels.
Personne n’y échappe, mais il existe des paramètres qui influencent ces situations et il est possible d’agir sur ces paramètres. La démarche participative a ceci de particulier qu’elle intègre les préoccupations de la communauté, dans tout projet de réforme. Dans un État de droit, on ne peut entendre à la télévision nationale qu’il est possible, pour les policiers de la route, de déchirer un permis de conduire qui est un document officiel qui s’obtient dans des conditions prévues par la loi et les règlements. On ne déchire pas un permis de conduire. A la limite, et sans être juriste, il cesse d’être valable et pour cela il faut une autre Loi. Qui définit les nouvelles règles concernant les usagers de la route. Mais, les lois disposent pour le futur et non pour le passé. Une loi n’est pas rétroactive, donc les permis antérieurs devraient rester valables.
Par ailleurs, et pour les Politiques, c’est la Constitution qui organise l’accès au pouvoir dans notre pays, par le biais de la vie des partis et la tenue régulière des élections. Le rôle de la société civile, c’est de participer autrement et dans le respect des lois, à la vie de la Nation. De manière constructive.
Tout pouvoir nécessite un contre-pouvoir. Le pouvoir corrompt. Et lon sait que le «pouvoir absolu corrompt absolument». Le débat est utile, nécessaire, vivifiant. Lorsqu’on débat, on a moins de chances de se tromper. Notre société est majoritairement chrétienne. Sans exclusion pour les autres religions. C’est le rôle de la société civile de rappeler, notamment pour les chrétiens, que toute responsabilité vient de Dieu. Et Dieu, c’est la justice; c’est la vérité. Je terminerai en citant Desmond Tutu, archevêque sud-africain, qui a agi en acteur de la société civile, au temps de l’apartheid: «Si tu es neutre en situation d’injustice, alors tu as choisi le côté de l’oppresseur».
De nombreux amis et camarades que j’avais inscrits sur le groupe WhatsApp «Debout congolais» se sont aussitôt désinscris. C’est leur droit. J’espère seulement qu’il ne s’agit pas d’auto-censure ou d’expression d’une forme de crainte du débat public. L’expression libre inquiète. C’est aussi notre droit que de continuer à faire profession de foi. Sans acrimonie et sans peur. La liberté de pensée et de paroles est un droit inscris dans notre constitution. Trop parler nuit certainement mais dans d’autres circonstances et comme intellectuel, se taire représente un crime contre sa communauté. Notre position se veut trans-ethnique, trans-partisane. Dans tous les cas, et c’est finalement ce qui devrait être le point de convergence de tous nos compatriotes. Le mot est dit! Notre participation est tout simplement au service de la patrie c’est-à-dire patriotique. «Debout congolais» veut tout simplement que le Congo gagne! Ensemble!
Pr Alain Maxime
MOUANGA