Le Club Diables-Noirs est l’un des plus anciens clubs de football du Congo, basé dans le deuxième arrondissement Bacongo, dans la ville de Brazza-la-verte. Mais, depuis quelques mois, cette équipe bat de l’aile. Néanmoins, il a eu ses 74 ans en juin passé. L’année prochaine, il aura donc trois quarts de siècle d’existence. Il est né le 23 juin 1950, à la Paroisse Notre-Dame du Rosaire de Bacongo, des cendres du «Football club olympic» de Bacongo, puis de l’A.s.m (Association sportive de la mission) créés en 1939.
Suite au différend que les dirigeants du club avaient eu avec les prêtres de la Paroisse Notre-Dame du Rosaire de Bacongo, Dominique Nzalakanda et Boniface Massengo, alias Professeur, alors dirigeants du club, donnèrent, le 23 juin 1950, le nom de Diables-Noirs à l’équipe. Ce qui fut considéré comme un crime de lèse-majesté, voire comme un défi par les prêtres missionnaires. Ces derniers ne comprenaient pas que l’équipe de football, née de leurs «entrailles», soit affublée de ce nom de diables de surcroit noirs.
Au fond, Dominique Nzalakanda et Boniface Massengo n’avaient, par cet acte, qu’officialisé le surnom de Diables-Noirs dont ils étaient gratifiés, à Léopoldville, (aujourd’hui Kinshasa), quelques jours plutôt, par les Léopoldvillois émerveillés par leur jeu. En effet, jouant seulement à dix, au Stade Reine Astrid, dans un match qui avait lieu en nocturne, et qui opposait l’A.s.m au club léopoldvillois, Dragon-Noir (Elima), ils s’étaient imposés. Jusque-là, Dragon-Noir était invincible en nocturne, avec son ballon blanc surnommé Loulou. Mais, cette fois-là, l’A.s.m, dont les joueurs étaient surnommés «diables noirs», l’avait battu pour la première fois.
D’autre part, il sied de signaler que c’est grâce à la bienveillante médiation de Mgr Paul Biéchy, alors vicaire apostolique de Brazzaville, et de l’abbé Fulbert Youlou, alors vicaire à la Paroisse Saint François d’Assise de Brazzaville, que les prêtres missionnaires acceptèrent de ne plus avoir l’emprise sur le Club A.s.m, devenu Diables-Noirs, «Yaka dia mama», l’un des clubs le plus populaire du Congo, avec leurs couleurs, noire et jaune.
En 74 ans d’existence, ils ont remporté plusieurs titres de champion de la Fac (Fédération athlétique congolaise), de la sous-ligue de Brazzaville. Ils furent aussi les premiers champions du Moyen-Congo en 1953, et premiers et derniers champions de l’A.e.f (Afrique équatoriale française), aux dépens du Football club Mocaf Tempête de Bangui, de l’Oubangui-Chari, actuelle République Centrafricaine. Comme ils furent aussi les tout premiers champions de la jeune République du Congo, en 1961, aux dépens de l’As Cheminots de Pointe-Noire.
Les Diables-Noirs ont fourni à l’équipe nationale, des joueurs talentueux tels que Boniface Massengo «Professeur», Ange Baboutila «Fantômas», Etienne Massengo «Elastique», Clément Massengo «Fu Manchu», Sangou «De la Danse» (qui marqua, au Stade Eboué, l’unique but contre les Amateurs de France qui avaient battu la sélection euro-africaine de Brazzaville de France par 9 but à 1, dans les années 50), Dominique Nganga «Poison», Joseph Mantari «De Foufou», Adolphe Bibanzoulou «Amoyen», Léopold Dey «Djiboulateur», Jean-Marie Loukoki «Kopa» (tombeur de Reims), Robert Doudi «Piantoni», Germain Makouézi «La flèche», Maxime Matsima «Yachine», Jean Chrysostome Bikouri «Biskouri» (la fusée congolaise), Germain Dzabana «Jadot le maréchal», Niangou, Jonas Bahamboula-Mbemba «Tostao», Matongo «Soukous», Nkouka Matins, Bakékolo «Kouakara», Mounkassa «Lascivo», Kiemba «Petit Pélé», etc.
Dans les années 40, le gouverneur général Félix Eboué fut l’un des supporteurs de l’A.s.m, l’ancêtre des Diables-Noirs. A partir de 1950, ils faisaient leurs entraînements au Stade de Bacongo, situé alors à côté de la Case De Gaulle, au bord de la corniche, avec comme coach des Français, d’abord Jean Isabey, puis Aimé Brun. Ils pratiquaient un jeu limpide, aéré, avec des passes précises à la brésilienne. Un véritable spectacle! Ce qui valut aux Diables-Noirs, le surnom de «Brésiliens de l’U.a.m» (Union africaine et malgache).
Pendant la colonisation, donc au temps du Moyen-Congo, les Diables-Noirs étaient l’unique équipe de football qui eût livré des matchs contre le football club européen de Brazzaville, (Cab) et le football club européen Nomades de Léopoldville. Pour mémoire, les Diables-Noirs battirent, au Stade Eboué, dans les années 60, le football club As Police, par 20 buts à 0 et le Football club Renaissance-Aiglons Cara, par 8 buts à 0. Allez, relevez-vous, cher Diables-Noirs! Courez, volez et vengez le football congolais et bon vent!
Dieudonné
ANTOINE-GANGA