Créé par feu William Otta en 1994, le Pape (Parti du peuple) est dirigé, depuis 2018, par Jean-Pierre Agnangoye. Mais, ce parti fait face à une situation où l’ancien secrétaire général, Xavier Ongandou, continue de se prévaloir comme président de ce parti. Dans une interview qu’il nous a accordée, Jean-Pierre Agnangoye parle des difficultés que le parti a connues à cause de son prédécesseur, qui est cousin du président-fondateur, et qui, selon lui, a voulu faire du Pape son instrument politique. Interview.
* Monsieur le président du Pape, comment vous vous portez?
** Merci monsieur le journaliste. Je me porte très bien, malgré les vicissitudes du pays.
* Quand vous parlez de vicissitudes du pays, à quoi faites-vous allusion?
** Tout le monde sait que le pays est en crise. Il y a une catégorie de gens qui vivent à l’aise et la majorité n’arrive pas à joindre les deux bouts du mois. Ils n’ont pas le minimum. La plupart de mes compatriotes vivent difficilement. Même les fonctionnaires sont confrontés aux mêmes problèmes et les personnes qui travaillent dans une famille sont obligées de couvrir les besoins de l’ensemble de la famille.
* Votre parti a été créé par celui que vous aimiez appeler le patriarche. Comment se porte votre parti actuellement?
** En toute honnêteté, notre parti ne se porte pas bien, à l’instar de tous les partis de l’opposition. Le contexte est tel que la mobilisation des militants, les déplacements des cadres du parti sur l’étendue du territoire national, l’organisation des activités sont difficiles, compte-tenu de l’environnement socio-politique. Les militants veulent bien cotiser, mais ils sont dépourvus de moyens. Donc, c’est difficile de faire vivre le parti. Tout repose sur le président. Malgré cela, nous avons quelques fédérations qui fonctionnent et d’autres sont en cours d’installation. Mais, cela est conditionné par les moyens financiers qui font cruellement défaut.
* Finalement, votre parti est semblable à une mutuelle ou une association de quartier?
** Les associations de quartier n’ont pas les mêmes contraintes que les partis politiques. Un parti organise des réunions, loue des salles appropriées, il tient des conférences de presse, etc. Pour cela, il faut des fonds. Ce qui est différent d’une association de quartier ou une mutuelle. Malgré tout, la structure nationale fonctionne, le bureau fédéral fonctionne également et les bureaux de certains départements fonctionnent aussi. De temps à autre, nous nous rendons sur le terrain, pour entretenir les militants et les motiver. Le parti a un programme qu’il réalise lentement, au rythme de ses moyens.
* La direction de votre parti est aussi réclamée par l’ancien secrétaire général, Xavier Ongandou, qui se dit également président du Pape. Un parti avec deux présidents, que dites-vous?
** Ça choque plus d’un. En ce début d’année, il y a de grosses pancartes sur certains ronds-points de la capitale, avec une grande effigie du Président de la République. Au bas de ces pancartes, la signature de Xavier Ongandou et sa photo, qui adresse son soutien au Président de la République. La première réaction que nous avons eu avec les militants, c’est d’aller détruire ces supports médiatiques. Mais, par respect de la personnalité du Président de la République, qui ne doit pas être confondue à la personne de Denis Sassou-Nguesso, nous nous sommes abstenus de créer un incident qui aurait d’autres conséquences pour notre parti. Cette attitude a attiré l’attention de ceux qui ont facilité la production de ces supports.
Xavier Ongandou n’est plus au Pape. Il n’a jamais été membre fondateur du parti. Je suis accompagné par deux membres fondateurs du Pape, qui savent comment il s’était proclamé secrétaire général du parti. Même le président-fondateur s’y était opposé. Mais, comme il n’était pas sur place, pour raison de santé, il a donc cautionné cet état de fait. Pendant ce temps, Xavier Ongandou a fait du parti un fonds de commerce. Au lieu de l’utiliser pour réaliser les objectifs du parti, il l’a plutôt fourvoyé dans la recherche des moyens financiers, en parlant au nom du président William Otta, pour avoir de l’argent, jusqu’au point où le président a décidé me contacter, pour être avec lui, redynamiser le parti, susciter les adhésions et l’ouvrir aux autres.
* Qu’est-ce qui a été fait ensemble et pourquoi vous êtes-vous séparés?
** Le 4 décembre 2018, le président William Otta a signé une note dans laquelle il nous donne des orientations sur le travail à faire. Simplement que Xavier Ongandou ne voulait pas qu’il soit avec les autres. Nous avons mis en place un programme de travail jusqu’à nous donner une première mission, celle de susciter des adhésions et de préparer le congrès. Malheureusement, les contradictions avec Xavier Ongandou vont commencer, parce qu’il fréquentait l’opposition parlementaire et il avait pris part au défilé de 2019, sans avoir informé les autres, alors que le parti est membre du Frocad. Plus tard, le Frocad a exclu le Pape et en pleine réunion ici, alors que nous lui faisions des reproches, il s’était levé, pour sortir de la salle. Jusqu’à preuve du contraire, le président du Pape s’appelle Jean-Pierre Agnangoye.
Propos recueillis par Chrysostome
FOUCK ZONZEKA