La communauté littéraire congolaise a célébré, mercredi 22 février 2023, à Brazzaville, les dix ans d’écriture de l’écrivain congolais Pierre Ntsémou. En dix ans d’activités littéraires, celui-ci a publié treize ouvrages impliquant un foisonnement de genres littéraires. L’événement a été marqué par la présentation et la dédicace de son 13ème livre, un recueil de nouvelles, intitulé: «Au nom du Père, du fils et du sain d’esprit». Publié en 2022 aux Editions Kemet, le tout nouvel ouvrage de Pierre Ntsemou dit Saint Pierre des mots, d’un volume de 135 pages, est un cocktail explosif de neuf nouvelles où l’insolite se mêle à l’invraisemblable et la curiosité prend le dessus sur la narration effrénée des scènes rocambolesques à couper le souffle d’émotion difficile à contenir.
Le nouvel opus de Pierre Ntsémou renseigne que sous le soleil, on n’a pas fini d’apprendre l’étendue des faits de société tout aussi troublants qu’incroyables. Ceci, à travers des récits comme «d’un fœtus en mission maléfique de sa future mère sorcière qui l’envoie accomplir un ensorcellement et revenir poursuivre sa maturation dans le ventre de sa parturiente, à la torture morale d’un premier-né sans aucun trait physique semblable à ses géniteurs, alors que tous ses frères et sœurs leur ressemblent; d’une entrée au gouvernement de la République qui tourne au cauchemar dès les premières heures de la nomination, à la vie d’un couple sans histoire, qui se réveille un jour sur une bombe activée par une maîtresse venue déposer dans ce foyer tranquille deux poupons de jumeaux de trois ans d’âge. Portraits crachés du maître des lieux qu’elle a conçus de lui…». Voilà les ingrédients qui, «Au nom du Père, du fils et du sain d’esprit, vont bousculer la Raison, titiller la Foi et appeler à la rescousse, l’arbitrage de la Conscience humaine», lit-on sur la quatrième de couverture.
Répondant à certains critiques qui pensent que le titre de ce livre est blasphématoire, Saint-Pierre des mots a fait savoir que ce titre n’est pas blasphématoire, encore moins le terme «sain d’esprit». Il s’agit ici, d’une «rectification de tous ceux qui auraient pu être porteurs, au niveau des religieux, de l’onction, la communion, de tout ce qui est positif dans l’esprit des chrétiens… Mais, ils ne font pas ce qu’ils professent… Mais, l’un des personnages de cet ouvrage dans la dernière nouvelle va dire: au nom du Père, c’est le Père créateur de l’univers, au nom du fils, c’est le fils bien-aimé que vous êtes, que nous sommes, parce que nés du Père créateur, le sain d’esprit, c’est le fils bien-aimé qui, lui, est sain d’esprit, comme ceux qui n’ont jamais accepté d’être menés en bateaux par des prétendus religieux…», a-t-il souligné.
Pour Ramsès Bongolo, critique littéraire, à travers ce recueil de nouvelles, Pierre Ntsémou n’est pas contre la religion, ni contre les gens, mais il fustige le comportement de certaines personnes, comme les hommes d’église qui abusent des fidèles ou des autorités qui martyrisent des collaborateurs sous tutelle.
Autre critique littéraire, Obambé Ngakosso estime que dans cet ouvrage, il y a, certes, des histoires drôles, qui inspirent la tristesse, mais l’auteur trouve des mots juste pour détendre le lecteur. «Dans ce livre, on rigole et on visite le pays dans son ensemble», a-t-il indiqué.
Pierre Ntsémou est passionné du livre et de l’écriture. Pour lui, «c’est un merveilleux challenge que d’écrire pour dire à l’autre, cet inconnu qui vous découvre, ce qu’il ne sait pas certainement et dont il découvrira, plus tard, le bien-fondé, dans sa vie ou, mieux, lui faire changer de comportement social, si tant est que la vie de certains personnages des livres dont il se désole des destins tragiques, devient comme une école morale, une source de méditation féconde».
Marcellin MOUZITA
