Lors de la présentation de son ouvrage, «Essais de «démocratie» en République du Congo», le vendredi 9 février 2024, à l’Hôtel Saint-François de Paul, à Brazzaville, Père Christian de La Bretesche n’a pas pu avoir un échange avec le public. Le temps faisant défaut. De ce fait, l’un de ses invités, Benoît Moundélé-Ngollo, officier général des F.a.c (Forces armées congolaises) à la retraite et auteur de plusieurs ouvrages (24 aujourd’hui), n’avait pas pu prendre la parole, à cette occasion, alors qu’il s’était préparé non pas seulement pour féliciter Père Christian pour son courage, mais également l’informer de ce que son nouvel ouvrage, qui sort au mois d’avril prochain, aborde la même problématique de la démocratie à travers le monde.
Pour poursuivre l’échange, Père Christian (88 ans), accompagné d’une délégation de trois personnes, s’est rendu chez Benoît Moundélé-Ngollo (81 ans), dimanche 18 février dernier, à Brazzaville, et les deux hommes de plume ont eu un échange dense, non seulement sur leurs ouvrages, mais aussi sur le plan spirituel. L’officier général de 81 ans, handicapé par la perte de sa vue, arborant un costume traditionnel de chef coutumier supérieur Mouandzol’Ô Pama, chasse-mouche noir en main, assisté de son épouse, la sénatrice Chara Rebecca Moundélé-Ngollo, a félicité le prêtre spiritain, qui a le courage de parler de politique, car les politiques n’aiment pas que les prêtres parlent de politique. Il s’est présenté comme fils et petit-fils de catéchistes. Il a parlé de ses grands-parents qui avait reçu les prêtres missionnaires et de la fondation de la Paroisse Sainte Radegonde de Tsambitso, en 1899, dont le terrain fut cédé par un de ses arrières grands-parents.
L’auteur du snoprac (un terme qu’il a lui-même inventé) a aussi révélé l’hostilité du pouvoir à ses écrits, en ces termes: «Le pouvoir politique au Congo, et je le dis à haute voix, n’aime pas mes livres. Il trouve que c’est séditieux et c’est provocateur. Ce à quoi je leur réponds: séditieux pour qui? Et puis, ils disent que je ne fais que critiquer et que je ne propose rien. Je dis non: vous voulez que je vous fasse quelle proposition? Faites le contraire de ce que vous faites-là et que je critique. Voilà le conseil que je leur donne».
Surprise des surprises, l’officier général a présenté à ses visiteurs le texte de son oraison funèbre, pour recueillir leurs réactions. L’échange était normal à ce sujet.
Pour Benoît Moundélé-Ngollo, l’oraison funèbre est devenue une vague expression où l’on magnifie les qualités de quelqu’un quand il est mort. Lui, il ne veut pas de ça. Il a fait de son oraison funèbre, une réflexion philosophique sur le sens de la vie, sur la mort et une interpellation spirituelle sur ce qui nous attend dans l’au-delà.
Tout de même, Père Christian a relevé qu’il est inconvenant de parler de sa mort. Ce que Joachim Mbanza et Roger Kwama Matiti ont confirmé en s’appuyant sur nos traditions africaines qui font qu’on ne peut pas parler de sa mort, c’est un sujet tabou. Tant qu’on vit, on entretient le sentiment d’éternité. Il n’empêche, Benoît Moundélé-Ngollo s’est défendu par le fait que, vu son âge et le temps qui lui reste à vivre, la mort est proche et qu’il préfère la préparer, à travers le texte de son oraison funèbre, en précisant que son caveau est déjà prêt au village, dans le District d’Ongogni. Pour lui, c’est normal. C’est pour éviter que d’autres personnes ne décident du lieu de son enterrement après sa mort. Bref, rendez-vous a été en avril, à l’occasion de la sortie de son ouvrage sur la démocratie.
Urbain NZABANI