La grande muette a parlé! Ou plutôt, elle a écrit. Elle a écrit des décrets portant rétrogradation des officiers impliqués dans un drame au cours duquel quelques humbles éphémères perdirent la vie, à cause de la bêtise humaine, comme on a l’habitude de le dire au céans.
La grande muette a parlé; elle a sanctionné. Elle, au moins, a osé. Il faut du courage, pour rétrograder un officier général; il faut de l’audace. «Busted down», quelle putaine humiliation! Un ancien dégradé parle: «Le plus humiliant est de devoir appeler votre femme ou vos parents et leur dire que vous avez perdu votre grade à cause d’une décision stupide que vous avez prise. De plus, tous les membres de votre commandement vous voient avec un grade inférieur sur vos uniformes et savent qu’ils parlent de l’idiot que vous êtes».
Oui, c’est humiliant pour soi, pour sa famille, les amis. Mais, c’est plus humiliant pour tous ceux qui n’ont pas le courage d’assumer les conséquences de leurs décisions; qui préservent leur petit ego au détriment des autres. Dans un corps aussi hiérarchisé, il est impossible que d’une manière ou d’une autre, «les en hauts» d’en haut n’aient aucune responsabilité dans ce qui est arrivé. Mais ça, c’est une affaire de conscience individuelle. Parce que, comme le dit le Président Jacques Chirac, «il est plus important de sanctionner un responsable que de sanctionner quelqu’un qui a moins de raison d’être exemplaire». Malheureusement, pour paraphraser Georges Goumidi, «face aux erreurs, si les torts sont partagés, les sanctions ne le sont jamais».
Maintenant, la grande muette a commencé. Qu’attendent les autres structures pour prononcer des sanctions contre tous les malfaisants de la République? Nos heures de sanction n’ont-elles pas encore sonné pour tous les prédateurs des ressources nationales? Et tous ceux qui tuent les éphémères au petit feu, avec de l’eau sale, une l’électricité de misère, un système sanitaire qui tue au lieu de soigner, des routes impraticables, ne commettent-ils pas de «faute dans le service»?
Nos heures de sanction, voilà nos heures d’autorité.
Prométhée
