Parce que l’on peut s’interroger sur quelques avatars sociétaux qui plombent le moral des éphémères de céans. Par exemple, le directeur général qui nous fournit de l’eau, boît-il lui-même cette eau? Et celui de l’énergie, peut-il nous assurer qu’il n’a pas de générateur chez lui, et que son quotidien est vécu avec l’électricité? Par exemple, nos dignitaires, circulent-ils sur les mêmes avenues que la plèbe; rendent-ils visite à leurs parents dans les quartiers populaires? Est-ce qu’ils voient ce que les éphémères voient tous les jours dans leurs quartiers? Est-ce que leurs enfants vont-ils dans les mêmes écoles que ceux du peuple réel? Fréquentent-ils les mêmes hôpitaux que le commun des mortels? Les bébés noirs osent-ils se mouvoir dans leurs îlots de prospérité? Avons-nous tous la même justice, la même sécurité, le même accès au bonheur et à la santé? Vivons-nous tous dans la même société ?
Un éphémère a installé des filtres pour l’eau censée être potable, à lui vendue par la société nationale. En moins d’une semaine, ces filtres étaient méconnaissables, tellement qu’ils étaient remplis de boue et autres déchets. Qu’ils sont loin ces temps anciens où nous pouvions nous désaltérer à la fontaine publique avec de l’eau claire et inodore!
Un autre raconte qu’il ne lui est plus possible de mettre en marche sa cafetière avec l’électricité fournie par la société nationale. Quant aux climatiseurs, il y a belle lurette qu’on n’a plus senti les effluves de l’air conditionné, faute de puissance pour les démarrer. Qu’ils sont bien loin ces temps où les éphémères pouvaient étudier sous les lampadaires de l’éclairage public!
Hier encore, un enfant a été déclaré «corps en dépôt», dans un hôpital de céans, alors que ses collègues élèves ont réussi à le réanimer. Où sont passés nos «moungangas» des temps anciens, qui, avec des moyens rudimentaires, nous prodiguaient des soins de qualité? Et, où sont donc passés ces temps où la médecine scolaire prodiguait les premiers soins dans nos écoles, nous déparasitait et nous vaccinait contre toutes sortes de maladies? Et que sont devenues ces écoles où, dès la classe de seconde, nous disposions de laboratoires? C’est quoi encore ces écoles d’un autre âge qui reçoivent les enfants des éphémères d’en bas?
Comment peut-on allègrement voler dans les résidences des dignitaires? Comment peut-on braquer les éphémères dans les rues de céans en pleine journée, sans que la force publique n’intervienne? Comment un dépositaire de la force publique peut-il tuer de sang-froid un éphémère avec son arme de service, pour un litige privé? Comment l’altérité peut-elle supplanter la préférence nationale?
Prométhée était près du peuple; il était dans le peuple. Il vivait avec les éphémères. Il les a vus «nus, vulnérables: sans griffes, ni rapides, ni forts». Il les a vus dépouillés de tout, surtout de leur dignité. Il a pensé et il a agi, pour lutter contre cette déconstruction d’un peuple qui avait connu l’âge d’or.
Pourquoi le maître des horloges ne peut-il pas se métamorphoser en Prométhée moderne? Ne voit-il pas toutes ces déconstructions sociétales, au sens de mise en ruine, de démolition ou de dé-sédimentation de la sève nationale? Il a dit que «penser et dire c’est bien, encore faut-il faire». Alors faisons, luttons contre toutes ces déconcertantes déconstructions qui déshumanisent «l’étant congolais».

Prométhée

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