Ainsi donc, le treillis s’est encore manifesté sur le terrain politique en Afrique subsaharienne. Après une journée de confusion créée par des éléments de la garde présidentielle à Niamey, la capitale nigérienne, le soir du mercredi 26 juillet dernier, les putschistes annonçaient avoir mis fin au régime du Président élu, Mohamed Bazoum, et s’emparaient du pouvoir, à la tête d’un Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (C.n.s.p). Les condamnations proférées par la C.d.e.a.o (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), la présidence de la commission de l’Union africaine, le secrétariat général des Nations unies, les gouvernements des pays développés n’ont rien changé au destin du Niger désormais présidé par les hommes en treillis, d’autant plus que le peuple est descendu dans la rue pour acclamer les putschistes.

A quoi sert-il encore de condamner les coups d’Etat? Cela ne change rien du tout au cours des événements. Si la démocratie est le système d’organisation politique à travers lequel le pouvoir est exercé par le peuple directement ou indirectement par ses représentants désignés par voie électorale, de plus en plus de peuples africains s’illustrent par leur joie de voir le pouvoir être exercé par les hommes en arme. Quel recul! Des officiers supérieurs sont ainsi applaudis comme des héros, pour avoir renversé l’ordre démocratique incarné par des élus finalement honnis. Que se passe-t-il vraiment?

Le colonel-major Amadou Abdramane (assis au milieu) prononçant le communiqué de la prise du pouvoir par les militaires.
Le colonel-major Amadou Abdramane (assis au milieu) prononçant le communiqué de la prise du pouvoir par les militaires.

En août 2021, au Mali avec le colonel Assimi Goïta (40 ans), à la tête du Conseil national pour le salut du peuple (C.n.s.p); en septembre 2021, en Guinée-Conakry, avec le Groupement des forces spéciales qui permet au colonel Mamadou Doumbouya (43 ans) de renverser le Président élu, Alpha Condé et de s’installer au pouvoir à la tête du Comité national du rassemblement pour le développement (C.n.r.d), dans l’allégresse des populations; en janvier 2022 au Burkina Faso, avec le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba (42 ans) qui met hors-jeu le Président élu, Roch Marc Christian Kaboré, et qui instaure une Transition à la tête d’un Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (M.p.s.r), avant d’être lui-même remercié, en septembre 2022, par un autre putschiste, le capitane Ibrahim Traoré (35 ans) qui dirige le pays aujourd’hui.
La particularité de ces quatre putschs, c’est qu’ils sont soutenus par les populations au moment où ils se produisent. Ainsi, malgré les condamnations de principe de la communauté internationale, les militaires exercent le pouvoir avec une certaine légitimité conférée par la rue et finissent par être acceptés sur la scène internationale, même si leurs pays sont placés dans des régimes de sanctions au niveau de l’organisation sous-régionale, la C.d.e.a.o, l’Union africaine et les Nations unies. Cela a peu d’impact et ne les empêche pas de prendre en main les destinées de leurs pays. Et comme la communauté internationale est aussi divisée entre Occidentaux et Orientaux dont les Russes, sur les principes régissant les relations internationales, les putschistes africains y trouvent leurs comptes comme on l’a vu la semaine dernière au sommet Russie-Afrique de Saint Petersbourg. Il y a toujours des capitales pour leur dérouler le tapis rouge comme s’ils étaient démocratiquement élus. Ainsi, on a vu un Chef d’Etat en treillis paradant aux côtés de ses vieux homologues en costumes-cravates. L’image n’est pas singulière mais elle exprime tout un message: «Je ne suis pas comme eux». Les Chefs d’Etat élus traînent parfois des accusations de corruption, de détournements de fonds. Les putschistes fraîchement arrivés au pouvoir ont l’air de s’enorgueillir d’avoir les mains propres.
C’est le paradoxe de la démocratie en Afrique. Les Présidents élus sont abandonnés par leurs peuples à l’exemple du Président nigérien, Mouhamed Bazoum, enfermé dans son propre palais par les putschistes qui se sont emparés du pouvoir et qui sont soutenus par les forces vives de la Nation. Tout cela devrait faire réfléchir sur l’avenir de la démocratie en Afrique.

Jean-Clotaire DIATOU

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