Les rappeurs chantent: «C’est un livre ouvert, de mes rêves, de ma rage, de mes mémoires, de mes emmerdes, de mes cris et d’mes déboires». Prométhée râle de ses heures de lassitude, des heures d’épuisement de tous les éphémères. Ils sont las du temps qui passe et qui ne change rien à leur quotidien. Ils sont las de ne pas lire leur devenir; ils sont las de ne pas savoir quoi manger demain; las de ne pas avoir les moyens de se soigner; las de ne pas avoir de l’eau potable; las d’avoir une énergie qui «n’énerge» rien; las des routes qui n’en sont plus; las de ne plus saluer les victoires sportives de leurs athlètes.
Les éphémères de céans qui, jadis, marchaient la tête haute sont passés de héros à zéro. Ils sont las de voir leurs enfants assis par terre à l’école; ils sont las de voir leur société se bloquer; las de voir toujours les mêmes au commandement des hommes; las d’un discours qui parle mais qui ne fait pas.
Ils sont las de voir l’altérité régner en maître sur leurs terres, sur le panier de leurs ménages, sur leurs transports. Ils sont las de «l’impréférence nationale». Ils sont las d’être pris pour pauvres, alors qu’ils en enrichissent beaucoup. Et, comme disent les poètes, leurs heures sont des «heures de rage, des heures de poisse, des heures de crasse, désert de confort, voilà leurs heures de vie».
Alors, comment se feront leurs heures de gloire?
D’abord des «rêves pleins la tête»! Un peu à la Jacques Brel, avec «des rêves à n’en plus finir et l’envie d’en réaliser quelques-uns». Le rêve de ce qu’il y a de meilleur pour le pays, pour les concitoyens; le rêve de construire des édifices éthiques imposants et superbes pour un réarmement moral digne de la grande tradition bantu. Le rêve du Maître des horloges de toujours faire, de faire encore et toujours; par exemple, de «visiter régulièrement les nasses ou les pièges posés»; le rêve de faire, de toujours faire, lorsqu’on a pensé et dit. Nos heures de gloire, c’est suite à nos réussites, après avoir fait, et bien fait.
Prométhée
