Treize organisations et plateformes regroupées au sein du Gesop (Groupe des experts pour la synergie des organisations et plateformes de la société civile), ont formulé une déclaration assortie de recommandations, pour «soutenir les inquiétudes de la ministre de l’économie forestière sur l’avenir des A.p.v et demander que le renforcement des licences Flegt n’ait pas pour effet de ralentir et mettre à mal les efforts en cours et les engagements existants du gouvernement».
C’est ce qui ressort de la conférence de presse donnée vendredi 2 septembre 2022, dans la salle de réunion du Poste de l’Armée du salut du Plateau des 15 ans, à Moungali, le troisième arrondissement de Brazzaville, par Christian Mounzéo, président de la R.p.d.h (Rencontre pour la paix et les droits de l’homme), Nina Cynthia Kiyindou Yombo, chargée du programme ressources naturelles et communautés forestières à l’O.c.d.h (Observatoire congolais des droits de l’homme).
Les organisations membres du Caco-Redd+ (Cadre de concertation des organisations de la société civile et des peuples autochtones sur le processus Redd+) ainsi que la Plateforme Publiez-ce-que-vous-payez partage les inquiétudes de la ministre de l’économie forestière sur l’avenir des A.p.v (Accords de partenariat volontaire), qui sont des accords commerciaux que l’Union européenne conclut avec des pays qui exportent du bois et des produits dérivés, vers les pays de l’Union européenne, pour lutter contre l’exploitation forestière illégale et le trafic illégal de bois et des produits dérivés. Ces accords supposent d’importantes réformes de gouvernance dans les pays producteurs de bois, sans lesquelles les réglementations ne sont pas efficaces.
Ainsi, «l’Union européenne est sur le point d’adopter une nouvelle législation sur les produits exempts de la déforestation, y compris trois produits exploités, notamment le bois, l’huile de palme et le cacao. En conséquence, l’adoption de ce règlement signifiera que le bois et ses produits dérivés issus du Congo devront remplir des conditions de légalité, mais également de durabilité», a fait savoir Nina Cynthia Kiyindou Yombo.
«La République du Congo a signé avec l’Union européenne un A.p.v (Accord de partenariat volontaire) sur l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux des bois et produits dérivés vers l’Union européenne (Flegt). En vertu de cet accord, tout le bois et produits dérivés en provenance du Congo doivent respecter l’ensemble des lois congolaises applicables en la matière et être traçables», a-t-elle souligné. «Le Congo a mené un certain nombre de réformes visant à améliorer la gouvernance forestière et le pays est en processus de déploiement de son système intégré de vérification de la légalité. Ceci, en vue de lancer les premières autorisations et licences Flegt».
Cependant, «le Ministère de l’économie forestière a exprimé ses vives inquiétudes sur les changements proposés auxquels l’Union européenne a apporté des assurances dans les termes suivants: «Les licences Flegt ne seront pas supprimées, mais les conditions de délivrance vont être renforcées. Nous souhaitons travailler avec le Congo sur un nouveau partenariat forestier reposant sur quatre composantes que sont la gouvernance forestière, l’économie forestière durable, l’agriculture à zéro déforestation et la préservation de la biodiversité», a-t-elle expliqué.
«Le Congo a signé une lettre d’intention avec un consortium d’Etats européens, le 2 septembre 2019, notamment l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (Cafi) dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’investissement de la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation forestières (Redd+), afin de préserver les forêts et améliorer la gouvernance foncière», a-t-elle ajouté.
D’après elle, «la République du Congo s’est engagée à protéger et gérer durablement ses écosystèmes forestiers et sa biodiversité dans le but de lutter contre la pauvreté et les changements climatiques. A cet effet, le gouvernement se déploie à mettre en œuvre des réformes importantes du secteur, avec un accent particulier sur le renforcement de la gouvernance en général et l’exercice effectif des droits à travers l’amélioration des conditions de vie des communautés locales et des populations autochtones».
Avant elle, Christian Mounzéo a rappelé que «la forêt est la deuxième ressource naturelle que le Congo exploite. Ce rôle est aussi vital, puisqu’il y a des populations qui environnent les forêts et qui trouvent leurs moyens de subsistance à travers l’utilisation des ressources forestières. Ceci laisse entendre que l’utilisation industrielle ou domestique doit se faire de façon durable. La forêt congolaise a aussi un rôle important, parce que c’est une partie importante des forêts du Bassin du Congo, avec une ambition déclarée et connue au niveau régional qu’international, en ce qui concerne le rôle des forêts dans le contexte de changements climatiques. L’action que nous menons, c’est pour lutter contre la gestion illégale de ces forêts».
Propos recueillis par
Narcisse MAVOUNGOU